Constitution du microbiote : et si tout se jouait avant 3 ans ?
Commentaire d’Olivier Soulier
Lien microbe-psychisme : encore un élément.
Tout se joue avant 6 ans nous disait Fitzhugh Dodson dans son livre du même nom.
Grand succès.
Et si tout se jouait avant 3 ans et justement dans le microbiote intestinal, oui nos microbes.
Cet article nous dit que notre microbiote (notre flore microbienne intestinale) se constitue ou se joue avant 3 ans.
Vous savez que nous défendons l’idée d’un lien entre psychisme et microbes.
Nous avons relayé de nombreux articles sur ce thème. Lien psychisme microbes, lien maladie microbiote (le dernier concerne les maladies dégénératives : https://www.lessymboles.com/un-possible-lien-entre-microbiote-et-maladies-neurodegeneratives/).
Et donc ce microbiote se met en place avant 3 ans, et logiquement les bases de notre psychisme pourraient se jouer avant 3 ans.
Alors n’oublions pas des éléments essentiels pour cela.
L’allaitement favorise un bon microbiote équilibré. De même que toutes le petites infections de l’enfant qui le confrontent et le rende plus performant.
A l’inverse, les antibiotiques détruisent régulièrement le microbiote, (y compris ceux cachés dans l’alimentation industrielle, ceux donnés aux animaux etc). Tout cela fait le lit de nombreuses maladies comme le diabète qui explose chez les enfants.
Amygdales, végétations, et appendice sont les temples gardiens de ce microbiote en cas de difficulté. Préservons-les tant que possible.
L’ARTICLE :
La constitution du microbiote intestinal de l’enfant est un processus dynamique. Le microbiote évolue en effet pendant les 3 premières années de vie, avant de se stabiliser et de ne plus manifester de grands changements ensuite tout au long de la vie. Mais ces premières années semblent être cruciales. C’est sans doute la raison pour laquelle la constitution du microbiote et les facteurs environnementaux dont elle dépend ont fait l’objet de plusieurs communications au cours de ce congrès.
Ces facteurs environnementaux sont présents même avant la naissance. C’est ainsi que le mode de vie de la mère (stress, tabac, etc.) est impliqué dans certaines perturbations du microbiote de l’enfant. La consommation d’antibiotiques pendant la grossesse semble par exemple être en lien avec un retard de la colonisation du microbiote par les Bifidobactéries et des Lactobacilles. Parmi ces facteurs intervenant avant la naissance, la durée de la grossesse influence elle-même la colonisation. En particulier, le microbiote des enfants nés à terme témoigne d’une diversité plus grande que celui des prématurés : les Bifidobactéries et Lactobacilles notamment sont absents ou présents seulement en petites quantités chez ces derniers.
De nombreux travaux ont démontré l’impact important du mode d’accouchement sur la colonisation intestinale. La naissance par voie vaginale assure la prévalence dans le microbiote de l’enfant de bactéries du milieu vaginal (Lactobacillus, Prevotella et Sneathia). La naissance par césarienne, pour sa part, est associée à des altérations du microbiote pendant les premiers mois de vie, avec notamment la diminution des Bifidobactéries, Bacteroïdes et E.coli alors que sont plus souvent présentes des bactéries du groupe Clostridium et des bactéries cutanées.
Enfin, après la naissance, le rôle du mode d’alimentation paraît capital dans la colonisation microbienne intestinale. Le lait maternel contient des polysaccharides complexes qui agissent comme des prébiotiques sélectifs et favorisent la colonisation par des espèces bénéfiques, tandis que l’alimentation par le lait artificiel est à l’origine de modifications intestinales qui facilitent la colonisation par des espèces pathogènes.
L’environnement dans lequel évolue l’enfant au cours de ses premières années de vie joue un rôle déterminant et les travaux indiquent des différences importantes dans la composition du microbiote intestinal selon les zones géographiques et le milieu de vie de l’enfant.
L’intérêt porté aux variations dans la composition du microbiote au cours de cette phase de constitution se justifie par le fait que ces variations ont non seulement un effet à court terme, mais aussi un impact à long terme. De récents travaux ont ainsi fait le lien entre la prescription d’antibiotiques chez les très jeunes enfants, la dysbiose qu’elle entraîne, et des modifications de la composition corporelle et l’obésité.
Une dysbiose chronique a été associée aussi au diabète de l’enfant et aux maladies inflammatoires intestinales.
Dr Roseline Péluchon
Références
Lire l’article original : http://www.jim.fr/medecin/actualites/congres/e-docs/constitution_du_microbiote_et_si_tout_se_jouait_avant_3_ans__162055/document_actu_con.phtml
Blaser M : The role of the early life microbiome in host development of metabolism and immunity. Ghia JE : Protecting the Human Gut Microbiota in Children. World congress of pediatric gastroenterology, hepatology and nutrition (Montréal, Canada) : 5- 8 octobre 2016.
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 144