EDITORIAL de la Lettre de la Médecine du sens n°118
Bonjour à tous,
A quoi sert la folie ?
Quelle drôle de question me direz-vous, mais la nature ne fait rien pour rien.
Avec humour même permet ce jeu de mots « le faux lie et la folie délie ».
Cet article se demande pourquoi la folie persiste au travers des générations sans raison apparente. C’est peut-être justement que nous ne voyons pas les raisons ou que dans notre fonctionnement trop bien pensant, nous ne comprenons pas ce qui se joue. Vu que forcement nous, nous allons bien et que ce sont les fous qui ne vont pas.
La folie peut être présentée comme une solution. Par exemple, Nash le mathématicien, magnifiquement joué par Russel Crowe dans le film « Un homme d’exception ».
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18668690&cfilm=28384.html
La schizophrénie développe l’intelligence.
Mais, dans ce film, à aucun moment il ne va vers les racines de la schizophrénie du héros.
Comme le fait Harold Searle dans l’effort pour rendre l’autre fou.
https://paradoxa1856.wordpress.com/2008/05/01/harold-searles-leffort-pour-rendre-lautre-fou/
Je vais vous raconter une petite histoire. Je rencontre un jour, dans un de mes stages, un homme qui s’occupe d’un centre social mais qui a commencé sa carrière dans un hôpital psychiatrique comme jardinier. Notre passion commune pour les arbres et les plantes nous rapproche vite et il me raconte cette histoire.
Il n’était ainsi ni patient, ni soignant. Il était en quelque sorte en position d’observateur. En des termes plus techniques on parlerait de position méta.
C’était un hôpital de type pavillonnaire, avec des bâtiments disséminés au milieu d’un parc avec des allées conduisant aux différents bâtiments.
Ce qui fait que d’un bâtiment on voyait arriver les visiteurs au loin dans les allées.
Ainsi arrivaient ce que l’on appelle « les familles » c’est-à-dire un groupe des quelques personnes amenant un des leurs pour être interné en psychiatrie.
Seulement de loin, la plupart du temps, rien n’est visible à moins qu’il n’y ait une agitation physique évidente, ce qui n’est que rarement le cas.
La question était alors « lequel va t-il être interné ? ».
L’équipe soignante, chef de service, psychiatres, infirmiers et cet homme jardinier s’interrogeaient.
Le psychiatre chef de service disait avec une grande lucidité : « On interne celui qui ne supporte plus la folie des autres ».
Au travers ce mot, tant humoristique qu’inspiré, on voit bien le rôle de la maladie psychiatrique dans un groupe social.
L’intérêt aussi d’aspects hyper créatifs voir géniaux de la folie. L’être cherche des solutions à la difficulté qu’il rencontre et que le groupe rencontre.
Les délires doivent toujours être écoutés avec beaucoup d’attention, il portent la plupart du temps en allégorie une mise en forme de la cause au travers des méandres familiaux.
Les phobies sont-elles les mémoires des peurs du loup ou de l’ours qui ont sauvé tant de générations de la dévoration ?