Réhabiliter l’homéopathie par le Dr Philippe Dransart

L’ARTICLE :

Réhabiliter l’homéopathie par le Dr Philippe Dransart

C’était aux alentours des années 90, dans un petit hameau montagnard qui sortait juste des brumes de l’hiver. Les premiers rayons du soleil venaient caresser ma fenêtre, réchauffant doucement ce havre de paix où, loin des bruits de la ville, je venais me ressourcer chaque week-end. Toc Toc…

“Mes vaches ont la gastro, est-ce que l’homéopathie peut faire quelque chose ?” Marthe, ma voisine agricultrice, était venue frapper à ma porte. Pourquoi la mienne ? Je n’étais pas vétérinaire, mais un de mes amis éleveur de brebis lui avait parlé des miracles que j’avais obtenu sur les abcès des pis de ses brebis allaitantes grâce à quelques granules d’Hepar sulfur 15 CH. Dix granules en une prise, et hop, le lendemain la brebis allait mieux et le surlendemain elle était guérie ! 15 CH, c’est une dilution à 10-30, soit trente zéros après la virgule, de quoi donner le vertige face à cet infiniment petit ! Le vertige ou… l’incrédulité ?

Les vaches de Marthe avaient l’air bien mal en point, épuisées par une diarrhée incessante d’odeur pestilentielle, et qui de surcroît leur irritait l’arrière train… Malgré leur épuisement, elles étaient agitées, comme par une sorte d’inquiétude qui se reflétait dans leur comportement. Ces symptômes m’ont évoqué un remède, Arsenicum Album : à doses homéopathiques, ce poison soigne les symptômes qu’il engendre à plus fortes doses. L’homéopathie procède ainsi : face à un malade, nous donnons une dose infinitésimale du remède qui, à plus fortes doses chez un sujet sain, provoquerait des symptômes semblables à ceux que présente ce malade.

J’avais un tube granules d’Arsenicum album 15 CH dans ma trousse, j’ai recommandé à Marthe de le diluer dans un litre d’eau, d’agiter fortement la bouteille, avant d’en verser le contenu dans leur abreuvoir. Le soir même, les vaches allaient mieux, le lendemain elles étaient guéries ! Il faut le voir pour le croire, et inversement : la perplexité des personnes qui n’ont pas été elles-mêmes témoins des effets de ces petits granules est tout à fait légitime tant qu’elles n’en ont pas fait personnellement l’expérience.

15 CH, soit 10-30 !… Au milieu du siècle dernier, un mathématicien français a prouvé par calcul qu’au-delà de la dilution 12 CH (soit 10-24), la possibilité de retrouver une seule molécule de la substance initiale était nulle. Ce brave homme, persuadé que l’effet d’un médicament était de nature chimique, donc lié à ses molécules, en avait conclu que l’homéopathie était inefficace… et que les résultats obtenus ne pouvaient qu’être liés à l’effet placebo…

Placebo ? Sur un troupeau de vaches ? Sur une brebis qui souffre d’un abcès de la mamelle, guérie en moins de 24 heures par une dose d’Hepar Sulfur 15 CH ? D’autres exemples ? Une preuve statistique ? Oui, bien sûr : les chiffres, nous en avons besoin, ils nous permettent de mesurer, de vérifier, comparer… et donc de prouver. C’est sur leur objectivité que s’appuie la recherche scientifique. Mais il existe une différence entre des résultats statistiques et les expériences vécues : Les chiffres s’adressent à notre mental tandis que l’expérience parle au coeur ! Ce que nous avons vécu s’enracine dans notre être et dans nos convictions. Certes, une seule expérience peut nous induire en erreur, et c’est tout à l’honneur de la démarche scientifique que de remettre en question nos observations personnelles afin d’en découvrir la vérité… Mais quand ces observations se reproduisent trois, cinq, sept fois puis davantage encore, elles n’ont pas besoin de preuves supplémentaires pour nous amener à comprendre que « ça marche ». Et quand ces expériences personnelles sont confrontées auprès de nombreuses autres personnes qui ont fait les mêmes expériences, cette intime conviction se transforme en certitude partagée…

Amis détracteurs, acceptez un instant de laisser les chiffres de côté – car même s’ils sont réputés objectifs, les chiffres aussi peuvent mentir selon ce que nous choisissons de mesurer et la manière dont nous le mesurons – mais acceptez de faire par vous-mêmes l’expérience de nos granules, et nous en reparlerons… Acceptez de laisser vos doutes de côté et allez-y sans préjugé, et surtout dans le respect des règles qui permettent de choisir le bon remède et donc d’être efficace, sans quoi vous seriez déçus.

Ces règles sont simples : il s’agit de soigner un malade et non pas une maladie. Par exemple, deux enfants font une pharyngite. Le premier a la gorge très sèche et une grande soif, toute la gorge le brûle quand il avale, ses yeux sont fiévreux, la pupille dilatée… Des doses infinitésimales de BELLADONNA seront son remède, car à doses pondérales la Belladonne provoque des symptômes semblables à ceux qu’il présente. Le second est lui aussi abattu, la gorge rouge mais avec une luette enflée, et une douleur piquante quand il avale. Mais surtout, chose étonnante, malgré sa fièvre il n’aura pas soif ! APIS, le venin d’abeilles à doses infinitésimales, sera son remède, car les symptômes engendrés par ce venin seront semblables à ceux de ce jeune malade. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie qu’il n’y a pas d’équation « telle maladie = tel remède », car pour chaque personne le remède adéquat sera différent ! C’est pourquoi les « études randomisées » ne sont pas utilisables en homéopathie, sauf à évaluer la capacité du médecin à discerner et choisir le remède adéquat, ce qui est une autre histoire !

Mais alors, demanderez-vous, si réellement ça marche, comment est-ce possible, sachant que dans une dilution à 15 CH il n’y a plus aucune molécule de la substance qui a servi à fabriquer le remède ?

11 septembre 2001, les Twin Towers de New York s’effondrent « en direct » à la télévision, le monde est sous le choc, de nombreuses personnes réagissent… Un choc, une réaction, provoqués par une image transmise par un téléviseur. Vous et moi n’étions pas à New York ce jour-là, ce n’est pas une scène à laquelle nous avons assisté en « présentiel » si j’ose dire… Nous n’étions pas sur place, mais cette scène nous a été transmise. Ce que avons reçu, c’est l’information qui émanait d’elle, une information transmise par les ondes jusqu’à nos téléviseurs, puis par les ondes visuelles jusqu’à nos rétines. Toutes ces ondes ne « pèsent » rien, physiquement s’entend, quant à leur poids émotionnel il a été immense, presque inversement proportionnel à leur poids physique !

Nos granules sont comme nos téléviseurs. Ils transmettent une information particulière qui émane d’une source, une information qui n’agit pas par ses molécules mais par résonance vibratoire.

Une résonance ? Prenez l’exemple d’une parole « personnelle », je veux dire une parole qui s’adresse à l’mage que nous avons de nous. Selon la manière dont elle sera reçue, ce qu’elle va mettre en résonance, cette parole peut tuer, elle peut aussi guérir… Je me souviens de Marc, un cadre d’entreprise de 50 ans, ancien technicien parvenu à ce poste après avoir suivi des cours du soir pour devenir ingénieur. C’était courageux de sa part, d’autant que pendant toute son enfance, son père n’avait cessé de le dévaloriser en lui disant qu’il n’était qu’un incapable qui ne ferait jamais rien de sa vie… parole dévalorisante à laquelle cet homme s’était en quelque sorte opposé pour se prouver à lui-même que son père avait tort ! Sauf que quelques décennies plus tard, à la suite d’une erreur de sa part dans son travail – l’erreur est humaine – son employeur l’avait vertement traité d’incapable en public, en lui disant que « son travail, c’était de la m… ». Sept mois plus tard, Marc a commencé à avoir des saignements de l’anus… début d’un cancer du rectum. Coïncidence ? Peut-être, sauf que le souvenir des premières paroles de sa mère quand à trois ans il avait fait sa première crotte tout seul comme un grand lui étaient revenues en mémoire : « C’est bien Marc, tu as fait comme il faut »…

Pour le petit enfant, la première crotte est toujours un événement. C’est quelque chose qui sort de lui, qu’il a produit – sur le plan matériel s’entend –  et au bonheur de la maman qui se voit libérée de la corvée des couches répond la fierté de l’enfant d’avoir produit quelque chose, c’est sorti de lui et ça a fait plaisir à maman… Bref, c’est « reconnu ». Dans les replis cachés de notre mémoire, l’anus est souvent perçu comme un lieu où se dit la reconnaissance de ce que nous produisons à sa juste valeur : « Tu as fait comme il faut »…

Mais là, dans son travail, comme marqué au fer rouge par la parole de son père qui le traitait d’incapable, Marc n’avait pas fait comme il faut…

Pour peu qu’une parole entre en résonance avec une ancienne blessure morale, celle-ci se réveille et réactive un conflit enfoui mais non résolu, au risque d’impacter le corps si l’image que nous avons de nous se sent impliquée. Ce qui est vrai pour chacun de nous l’a été aussi our les peuples :“Du beurre ou des canons…?” demandait Hitler, balayant les dernières résistances pour précipiter son peuple dans une folie guerrière, tandis que celles de Churchill, “Je ne peux vous apporter que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes”, invitaient une nation entière à puiser en elle toutes ses forces pour résister… Les paroles ont le pouvoir de mobiliser les énergies – pour le meilleur ou pour le pire – selon la résonance qu’elles engendrent et leur accord avec le moment où elles sont prononcées. Une parole pertinente prononcée au bon moment peut changer le cours d’une existence.

Quel rapport avec l’homéopathie ? Toutes deux ont un point commun : elles véhiculent une information qui n’est pas de nature « matérielle » :physiquement, la parole ne pèse rien, elle n’apporte de pas de « molécules », pas plus que les granules n’apportent la moindre molécule de la substance qui a servi à leur préparation. L’une et l’autre agissent par transfert d’information… une information qui ne nous touchera pas si elle est neutre, mais qui va nous faire réagir en profondeur pour peu qu’elle résonne avec ce qui nous anime, en négatif ou en positif… Lorsque la vibration du remède est semblable à la nôtre, elle entre en résonance avec la situation dans laquelle nous sommes, jusqu’à réveiller en nous l’énergie de vie qui va nous permettre de nous en dégager. Ce qui nous guérit, ce n’est pas le remède, c’est l’énergie qui nous anime, une énergie que le “message” du remède est venu réveiller. A l’image d’un négatif photo que vous pouvez répliquer à l’infini, ce que vous trouverez dans ce négatif, ce n’est pas le paysage, c’est son empreinte, et c’est cette empreinte qui va véhiculer l’information émise par le paysage, et transmise par la photo.

Le soir même, après avoir absorbé la dilution d’Arsenicum album 15 CH, les vaches de Marthe allaient mieux, le lendemain elles étaient guéries ! Après avoir vécu cela, et bien d’autres guérisons toutes aussi étonnantes encore durant un demi siècle d’exercice, j’avoue que les statistiques qui prétendent en démontrer l’inefficacité me laissent perplexe… à se demander comment elles ont été conduites, et qui les a financées…?

Financées ? Le surlendemain de la guérison du troupeau, le vétérinaire du coin m’avait téléphoné, furieux, m’intimant de m’occuper des humains ! Il n’avait pas tort, je le reconnais… l’équivalent actuel de 20 euros par piqûre et par vache pour le troupeau entier pendant trois jours, le manque à gagner n’était pas négligeable ! Mea culpa… surtout face à ce petit tube de granules alors à 7 francs, soit à peu près un euro… Cela dit, ce brave homme aurait pu tout autant percevoir la situation non pas comme un risque financier, mais comme une ouverture à explorer et à comprendre : « percevoir », cela évoque l’idée de voir à travers… Le choix nous est toujours donné de voir les choses qui nous arrivent à travers la peur ou la confiance, à travers la fermeture ou l’ouverture, le rejet ou la bienveillance, le jugement ou la compréhension, le pouvoir ou l’amour…

Entre les deux, place au doute ? Ami lecteur, j’ai bien conscience qu’à moins d’avoir vécu une expérience de guérison par l’homéopathie, le doute vous soit permis, et j’entends déjà certains me dire : « Si l’homéopathie est aussi efficace que vous le dites – efficace à condition de bien choisir le bon remède, ce qui suppose une bonne expérience – pourquoi n’est-elle plus remboursée, alors que selon des statistiques récentes, près d’une personne sur deux en France y a – ou a eu – recours ? »

Une personne sur deux ? Vous allez naturellement vous demander : « A qui profite le crime ? »… J’entends cet argument, largement répandu dans des milieux qui ne sont pas nécessairement complotistes, mais pardonnez-moi si je ne le reprends pas à mon compte, et ce pour une raison simple : ce n’est pas en chassant l’ombre qu’on allume la lumière ! Que l’ombre existe est une évidence, mais cette ombre est autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de chacun de nous, et plutôt que de verser avec facilité dans une sorte de manichéisme d’un entre soi où nous serions du bon côté et les méchants de l’autre, j’aimerais chercher avec vous l’interrupteur, le déclic qui va allumer cette lumière afin de nous libérer de ce piège des conflits sans fin, de cette dualité irréconciliable entre « les pour et les antis », une dualité qui ne cesse de séparer l’humanité tout en se nourrissant de sa souffrance… Car enfin, ces enjeux financiers qui pèsent dans le domaine de la santé comme dans tous les autres domaines ou presque, de quoi se nourrissent-ils ?

Ils se nourrissent d’une croyance, laquelle à son tour leur offre un relais inespéré ! La croyance qu’en dehors de la matière, des molécules et de toutes ces choses palpables et mesurables, rien d’autre n’existe. De cette croyance naît l’idée que nous sommes séparés les uns des autres, et que notre bonheur va résulter de ce que nous possédons… même si cela doit se faire au détriment d’un autre : après tout, si nous sommes séparés et si rien d’autre n’existe pour nous que notre propre existence, pourquoi pas ? De sorte qu’à mesure que nous « possédons » le bonheur, la Joie nous échappe… Vision utopiste, me direz-vous, comme si la joie n’était pas de ce monde et qu’il faille attendre l’autre côté pour la rencontrer, comme nous le laisse entendre une certaine lecture des thèmes religieux…

Oui, mais croire en la Religion, ou croire dans cet ensemble de Certitudes qu’une vision fermée de la science nous propose, croire en la toute puissance des Molécules, sapristi, d’où vient notre attachement à toutes ces croyances, si ce n’est qu’elles nous permettent de tenir debout face à un monde incompréhensible qui se partage une toute petite planète perdue dans un vide intersidéral où nous serions… seuls…? Vertige… Face à ce vide, nos croyances nous permettent d’être debout et d’avancer, pas étonnant que nous y soyons attachés ! Ne soyons donc pas surpris si, dans notre désir de remplacer la béquille d’un autre par notre propre béquille, celui-ci brandit la sienne dans un retour de bâton inattendu ! C’est simplement parce que nos croyances ont pour chacun de nous une fonction essentielle, celle de nous offrir la compréhension cohérente d’un monde d’apparence chaotique…  De sorte que certains parmi nous mettrons peut-être un peu de temps pour accepter que quelques granules dilués dans un peu d’eau répartie dans un abreuvoir puissent guérir un troupeau entier de vaches… On ne pourrait que les comprendre, et pourtant…

A suivre…

Dr Philippe Dransart

 

Retrouvez tous les mois les causeries du Dr Philippe Dransart : https://philippe-dransart.com/causeries/

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 355