EDITORIAL de la Lettre de la Médecine du sens n°119
Bonjour à tous,
Le Pardon
Quelle question importante.
Il y a d’un côté ceux qui disent qu’il faut pardonner comme Olivier Clerc.
Et de l’autre ceux qui ont mis en évidence le risque du pardon comme Alice Miller.
Pour ma part je me situe un peu entre le deux et pense que le pardon est une perle vers la guérison, mais qu’il peut aussi être dangereux.
Dans cet article le pardon est présenté avec aussi ses modulations, pardonner n’est pas oublier, et il n’exclut pas un procès au besoin.
Je dirais que dans ces conditions il s’apparente plutôt à une sortie de la haine et de la colère, pour entrer dans une acceptation de ce qui a été. Dépasser, continuer.
Il y a aussi la notion de comprendre l’autre dans ses mouvements et ses motivations. Pourquoi m’a t-il fait cela, quelle est l’origine de l’action ? Cela peut beaucoup aider.
Françoise Dolto nuançait aussi les choses en disant « Parfois comprendre, c’est déjà trop ».
Dans certaines situations comprendre trop l’autre peut mettre en difficulté, surtout si l’autre continue à avoir une action toxique ou dangereuse.
J’ai souvent vu des effets pervers d’un pardon posé comme une obligation, ou comme une vertu universelle.
Il a eu plusieurs effets secondaires possibles.
Parfois, en pardonnant, vous ne voyez plus le côté dangereux d’une attitude. Vous êtes si heureux que cette situation soit réglée, alors qu’elle ne l’est peut être pas vraiment, et que les attitudes persistent. Vous risquez de baisser la garde. Votre corps pourra même déclencher une série de maladies pour vous protéger, vous parler d’un danger que vous ne voyez plus, ne voulez plus voir.
L’autre difficulté serait, une fois pardonné, de considérer que cette attitude est normale, banale.
Bien sur me direz-vous, je ne suis pas assez naïf, je suis très lucide. Mais, en pratique, cela se passe souvent différemment. Très souvent l’attitude qui a été pardonnée devient presque normale et vous finirez par la reproduire.
Vous deviendrez comme celui a qui vous avez pardonné.
Pardonner au monstre c’est le risque de devenir comme le monstre.
Bien sûr, nous pouvons pardonner, quand ce processus est bien posé, c’est un des outils les plus puissants de guérison. Mais il passe par plusieurs étapes et demande la coopération de celui à qui vous voulez pardonner.
Jean Monbourquette dans son livre « Comment pardonner » explique très bien toutes ces phases pour réussir le processus du pardon.
Je vais vous proposer mieux, au-delà de pardonner, demandez-vous à qui vous pouvez demander pardon et là alors vous verrez les merveilles que cela déclenchera. Il y a, là, matière à faire beaucoup de bien.