Vous n’êtes pas les seuls

« Vaccination : pourquoi ça grippe »
L’Express

L’Express constate que « les autorités sanitaires s’inquiètent : en France, près de 1 personne sur 4 se détourne ou se méfie des vaccins. Les réfractaires ne datent pas d’hier, mais les ratés de la campagne contre le H1N1 ont renforcé les doutes, alors qu’une nouvelle affaire relance la polémique ».

Le magazine note ainsi qu’« un vent mauvais souffle sur la vaccination en France. Après la controverse au début des années 2000 sur le lien, pourtant non avéré, entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques, voici qu’une nouvelle polémique s’ouvre, autour de la vaccination contre la grippe H1N1 ». L’Express relève que « sur les 5 millions de personnes vaccinées en 2009, 51 ont développé des signes de narcolepsie. […]  En septembre 2012, l’Agence nationale de sécurité du médicament reconnaissait officiellement une « association » entre ces deux événements ».

L’hebdomadaire remarque qu’il est « difficile de connaître le nombre précis de ces réfractaires. Le Pr Pierre Bégué, de l’Académie de médecine, chiffre à 2% les « purs et durs », rétifs à tout vaccin, et à 4% ceux qui acceptent uniquement le seul encore obligatoire, le DTP. Auxquels il faut ajouter les 15 à 20% qui, « sans affirmer un refus, diffèrent leurs décisions ou sont dans l’évitement ». Au total donc, près de 1 personne sur 4 manifesterait une relative défiance à l’égard des vaccins en France ».

« Avec des motifs très divers : liberté de choix pour soi-même et ses enfants, raisons philosophiques ou religieuses, refus d’augmenter les profits de l’industrie pharmaceutique, interrogation sur la composition même des préparations… Résultat : le taux de couverture est insuffisant « pour la plupart des vaccins », soulignait l’InVS », continue L’Express. Le magazine souligne que « la vaccination exige un effort de pédagogie particulier. D’un côté, le bénéfice collectif est considérable, mais peu visible. De l’autre, le risque individuel de contracter la maladie est très faible, mais les effets secondaires éventuels sont, eux, surévalués. Du coup, dans l’esprit du grand public, la balance bénéfices/risques s’est inversée – un changement aggravé depuis l’affaire du Mediator par un climat de suspicion à l’égard des experts, accusés de se trouver en conflit d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques. […] Internet permet une diffusion rapide et exponentielle de la peur à travers des forums de discussion où le rationnel ne pèse pas lourd face aux rumeurs infondées ou aux fantasmes conspirationnistes ».

L’Express ajoute que « la situation se révèle plus délicate encore quand l’incertitude scientifique s’en mêle. Ainsi, voilà des années que la polémique enfle à propos des sels d’aluminium, utilisés comme adjuvants dans de nombreux vaccins afin de « booster » la réponse immunitaire. En juin dernier, l’Académie de médecine a reconnu que l’aluminium pouvait pénétrer dans le cerveau. Mais a écarté l’idée d’un moratoire, au motif qu’il n’existe pas de solution de remplacement satisfaisante ».

L’hebdomadaire s’interroge : « Comment restaurer la confiance ? La première solution pour les pouvoirs publics consisterait à simplifier un calendrier vaccinal effroyablement compliqué. La deuxième serait d’expliquer qu’un vaccin « recommandé » ne signifie pas « facultatif », et encore moins « inutile » – comme certains le pensent. Mais il faut aussi que les généralistes prennent la peine – et le temps ! – de répondre aux inquiétudes exprimées par les familles et de réfuter les idées fausses ».

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