Votre nombre de partenaires sexuels est-il aussi impressionnant que vous le pensez?
Commentaire. Très drôle et encore dans le domaine de la sexualité, combien avez vous eu de partenaires ? Une petite enquête où d’un côté on laisse hommes et femmes parler et mentir sans problème, et d’un autre on leur dit qu’ils sont connectés à un détecteur de mensonge.
Les homme ont tendance à se vanter puis à revenir à la réalité.
Les femmes ont tendance à mentir en cachant le nombre réel de partenaires, puis «avouer» la réalité, en présence supposée, de détecteur de mensonge.
Autre élément intéressant, les hommes comptent toutes leur partenaires, les femmes ne comptent que ceux affectivement importants. Et les autres alors, c’est quoi ?
Du sexe pur ? je croyais que c’était l’apanage des hommes.
Il reste encore une différence entre les partenaire des hommes et des femmes. Bon cette drôle polémique n’a pas fini de nous faire rire au soleil des vacances.
L’ARTICLE :
On ne parle plus que de big data et le moindre de nos comportements fait l’objet d’une traque numérique, que ce soit sur les réseaux sociaux ou quand nous nous baladons portable en poche (c’est à dire tout le temps). Dans cet océan de datas et d’analytics qui fait fantasmer les entreprises, les instituts d’études d’opinion, les politiques et les chercheurs, une statistique qui est pourtant au coeur de nos vies intimes reste paradoxalement difficile à mesurer: le nombre de partenaires sexuels que nous avons eu et aurons au cours de notre vie.
Sur une idée de Chris Kirk. Graphique et adaptation par Raphaël Louvradoux.
Ce n’est pas que les données manquent, mais les enquêtes dites «déclaratives» s’appuient sur ce que les intéressé(e)s veulent bien en dire et, en la matière, les biais sont innombrables: une pudeur qui pousse à sous-déclarer (plutôt présente chez les femmes), une vantardise (masculine) qui, à l’inverse, encourage les répondants à exagérer quelque peu leur historique… Une très amusante expérience de psychologues de l’université de l’Ohio avait tenté de démontrer l’importance de ces biais en interrogeant des étudiants sur le nombre de partenaires sexuels qu’ils avaient eus. L’échantillon était scindé en deux entre un groupe «libre de mentir» et un autre auquel on faisait croire à ses membres qu’ils étaient connectés à un détecteur de mensonges, ce qui avait tendance à ramener leur décompte à plus de modestie (pour les hommes) et à l’inverse à un nombre plus important que le groupe test (pour les femmes).
Notre comparateur de nombre de partenaires sexuels par âge et par sexe se base sur les données les plus récentes et fiables. Pour ce qui est de la distribution par tranches d’âge, nous avons utilisé un sondage de l’Ifop pour Marianne réalisé en 2014, sur un échantillon plutôt généreux (nécessaire pour aboutir à des résultats pas trop biaisés quand on s’intéresse aux sous-ensembles de cet échantillon de population).
Pour les moyennes par âge et par sexe, nous avons fait la moyenne du sondage Ifop et de l’enquête la plus récente de l’Ined, qui date de 2006 et dont les résultats ont été publiés dans l’ouvrage Enquête sur la sexualité en France: pratiques, genre et santé (dirigée par Nathalie Bajos et Michel Bozon et publié à La Découverte en 2008). Ces résultats s’appuient sur une enquête pluridisciplinaire conjointe de l’Inserm et de l’Ined (Contexte de la sexualité en France, CSF), menée sur 12.364 personnes de 18 à 69 ans.
Des écarts hommes/femmes persistants
En dépit d’une légère évolution du nombre de partenaires déclarés par les femmes depuis la première enquête menée en 1970 en France, l’écart entre homme et femme reste très net.
Premiers résultats de l’enquete «Contexte de la sexualite en France» – 2007
Selon les chercheurs qui ont mené l’enquête CSF,
«de tels écarts entre les femmes et les hommes traduisent avant tout le fait que les hommes comptent généralement l’ensemble de leurs partenaires, alors que la plupart des femmes ne retiennent quant à elles que les partenaires qui ont compté dans leur vie et qui correspondent à ce qu’elles estiment qu’une relation doit être.»
Des écarts qu’ils expliquent «par des représentations sociales fondées sur une dichotomie persistante qui, même si elle est moins marquée qu’il y a quelques années, attribue aux femmes une sexualité cantonnée aux registres de l’affectivité et de la conjugalité et aux hommes une sexualité axée sur le désir et la dimension physique.»
Si cet écart hommes/femmes est bien visible dans les deux enquêtes, en revanche le nombre moyen de partenaires par tranche d’âge et par sexe varie beaucoup entre les deux, surtout chez les femmes: entre environ 5 partenaires en moyenne (enquête CSF) et 9 (Ifop) chez les femmes de 35-49 ans (voir les deux tableaux ci-dessous), un écart peut-être dû à la méthode de ces enquêtes –un «simple» sondage dans un cas et une enquête plus approfondie dans l’autre, ce qui expliquerait que l’enquête CSF livre des moyennes plus modestes dans l’ensemble. Peut-être aussi que les huit années qui séparent les deux enquêtes explique en partie la moindre gêne face à l’aveu du nombre de partenaires, chez les femmes en particulier, où l’écart entre les deux séries est très important (parfois du simple au double).
http://www.slate.fr/story/103181/partenaires-sexuels-francais
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 78