Vaccinations obligatoires : avant de partir, Marisol Touraine proposera mais ne disposera probablement pas

Commentaire. Après la décision du conseil d’état la France va devoir s’y soumettre. Remettre sur le marché des vaccins trivalents correspondant à l’obligation vaccinale.

Bien sûr, Marisol Touraine aimerait trouver d’autres voies, et rendre obligatoire 11 vaccins. 

La simple annonce de cette idée soulève un tollé incroyable.

En quelques jours la pétition de l’IPSN contre cette idée a réuni près de 450 000 signatures.

Lien : http://petitions.ipsn.eu/mobilisation-vaccins-enfants/index.php?src=pv

Si vous ne souhaitez pas que vos enfants soient obligés de recevoir 11 vaccins dès leur plus jeune âge, vous pouvez signer cette pétition. Nous en resterons à 3 obligations vaccinales. Nous resterons quand même le pays européen avec la plus forte obligation vaccinale et la plus forte défiance vis à vis des vaccins. (40% des Français en doutent).

 

 

L’ARTICLE :

Paris, le jeudi 16 février 2017 – Depuis longtemps, les possibles paradoxes nés de la cohabitation entre des vaccinations obligatoires, concernant des maladies représentant aujourd’hui des menaces moins aiguës (mais n’ayant cependant pas disparu, notamment le tétanos), et des vaccinations « simplement » recommandées visant des pathologies potentiellement plus fréquentes et graves, ont été redoutés par les spécialistes de santé publique et les apôtres de la vaccination. Cette coexistence sert en effet régulièrement d’arguments à ceux qui s’opposent à la vaccination. D’abord, ils ont longtemps repoussé les vaccinations uniquement recommandées, prétextant que l’absence d’obligation pouvait suggérer au mieux un défaut d’utilité au pire une suspicion de dangerosité. Ensuite, alors qu’a disparu le vaccin trivalent permettant de ne se conformer qu’aux seules obligations, les plus farouches opposants ont jugé que de les contraindre à des vaccinations uniquement recommandées afin  de satisfaire les obligations atteignait à leur liberté. Pour faire face à ces intrications, le ministère de la Santé a lancé l’année dernière une concertation vaccinale, dont le résultat, largement commenté sur ce site, a abouti à préconiser l’élargissement des vaccinations obligatoires. Depuis, cette position est soutenue par de nombreuses sociétés savantes et quelques syndicats, comme nous l’évoquions hier encore. Parallèlement, le Conseil d’Etat a enjoint la semaine dernière le gouvernement de prendre des mesures et/ou de saisir les autorités compétentes pour permettre de rendre disponibles des vaccins correspondants aux seules vaccinations obligatoires.

Des orientations présentées prochainement

Face à ces différents appels et injonctions, le ministère de la Santé s’est montré relativement discret. Fin janvier, avant la décision du Conseil d’Etat, il s’était contenté de remarquer qu’une extension des obligations vaccinales nécessitait une nouvelle loi impossible à présenter avant la fin de la mandature (ce 17 février). Hier, cependant, Marisol Touraine a été pressée lors des questions au gouvernement de s’exprimer davantage sur le sujet. Isabelle Le Callenec (Les Républicains) a ainsi fait valoir qu’après la décision du Conseil d’Etat, trois options paraissaient s’offrir au gouvernement : « demander aux laboratoires de respecter l’obligation d’organiser un plan de gestion des stocks, ouvrir la voie à la concurrence en faisant appel à une licence d’office ou permettre à l’agence Santé publique France d’acheter, d’importer et de distribuer les médicaments dont la commercialisation et la production sont jugées insuffisantes ». Ainsi, interpellée, Marisol Touraine n’a pas précisé quelle voie avait sa préférence, mais a indiqué que les différentes solutions étaient en « cours d’expertise ». Elle a par ailleurs annoncé qu’elle recevrait prochainement à nouveau le professeur Fischer auquel avait été confiée la présidence de la concertation et qu’elle présenterait alors ses « orientations ». Cependant, une nouvelle fois, Marisol Touraine a fait observer qu’une nouvelle loi serait probablement nécessaire pour les mettre en œuvre. « J’assumerai mes responsabilités en proposant (…) les éléments d’un dispositif législatif qu’il appartiendra de mettre en œuvre pendant la prochaine législature ».

Avec cette réponse, Marisol Touraine paraît en partie lié la réponse à l’injonction du Conseil d’Etat et la suite de la concertation vaccinale. Si de fait beaucoup et jusqu’aux magistrats du Conseil d’Etat estiment qu’une des solutions pour répondre au commandement de la justice serait d’élargir les obligations vaccinales, cette méthode pourrait en réalité ne pas être techniquement envisageable, parce que, comme le répète le ministère, l’élaboration d’une loi est un processus long d’autant plus lorsque la mandature s’achève pour cause d’élection présidentielle. Aussi, il est certain que le délai de six mois imposé par le Conseil d’Etat sera expiré avant qu’un nouveau texte soit adopté. Ainsi apparaît-il nécessaire de mettre en place une solution transitoire qui, avant l’éventuel élargissement de l’obligation vaccinale, permettra aux pouvoirs publics de se conformer aux prescriptions de la justice. Dans ce cadre, le ministère de la Santé ne peut se ranger derrière la fin de la mandature. Il se doit de trancher sur la méthode à utiliser. Or, contrairement à ce que certains soutiennent, jusqu’au sein de plusieurs sociétés savantes, il n’est probablement pas impossible de mettre à disposition un vaccin trivalent ou des produits combinés. Pendant de très nombreuses années en effet, les laboratoires Sanofi ont envoyé gratuitement aux médecins qui en faisaient la demande pour des patients refusant de procéder à des vaccinations non obligatoires le kit DT+Imovax. La distribution de ce kit a connu des difficultés depuis deux ans, mais il est probable que le gouvernement dispose des moyens nécessaires pour contraindre les laboratoires à reprendre activement sa production. D’ailleurs, dans le passé, Sanofi a su trouver des solutions pour remédier à des ruptures d’approvisionnement du vaccin DT. Ainsi voit-on derrière l’apparente simplicité et maîtrise de la réponse de Marisol Touraine à l’Assemblée que les questions en présence sont en réalité multiples et plus complexes.

Aurélie Haroche 

http://www.jim.fr/e-docs/vaccinations_obligatoires_avant_de_partir_marisol_touraine_proposera_mais_ne_disposera_probablement_pas_163852/document_actu_pro.phtml

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 154