Vaccin contre la méningite: des analyses « alarmantes » ou seulement alarmistes?

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Commentaire. Vaccin contre la méningite. Arme ou alarmiste, en tous cas des batailles d’experts à venir.

 

 

L’ARTICLE :

Une analyse réalisée sur un échantillon de vaccin contre la méningite, le Meningitec, révèle la présence de nanoparticules de « plomb, zinc et titane ». Des résultats présentés comme très inquiétants par l’avocat de 600 familles engagées dans une bataille judiciaire contre le distributeur français du produit. 

« Cette histoire pourrait devenir l’un des scandales sanitaires de l’année. » C’est par ces mots que Me Ludot, évoque le procès contre le distributeur français du Meningitec, un vaccin contre la méningite. L’expertise, rendue publique mardi par La Montagne, révèle la présence dans un échantillon de « débris de plomb, de zinc, de titane », rapportait mardi le journal. « Une vraie soupe de métaux lourds », explique-t-il à L’Express.

Depuis plusieurs mois, 600 familles se battent pour faire reconnaître un lien de cause à effet entre les symptômes de leurs enfants -fortes fièvres inexpliquées, éruptions cutanées, troubles du sommeil et du comportement- et leur vaccination avec un lot défectueux de ce vaccin.

 

L’analyse n’a pas été effectuée sur le lot incriminé

La nouvelle expertise conclut à la présence de particules de métaux lourds en quantités « considérables ». L’échantillon, analysé par Nanodiagnostics, un laboratoire italien qui se présente comme « spécialiste » des nanomatériaux, a été fourni par l’avocat lui-même. « C’est un vaccin que j’ai acheté à la pharmacie, explique Me Ludot. Il n’était pas identifié comme défectueux et n’était donc pas visé par la procédure de retrait du marché ordonnée en septembre 2014. » Cela rendrait, selon son analyse, les derniers résultats d’autant plus inquiétants, les particules repérées pouvant se trouver aussi dans des produits toujours commercialisés.

Contactée par L’Express, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) indique ne pas pouvoir commenter les résultats du rapport italien qui ne se trouve pas en sa possession et précise ne pas connaître en particulier la société qui a effectué les analyses. Le laboratoire CSP, distributeur français du vaccin, n’a pas non plus souhaité réagir.

Un lien entre le vaccin et les symptômes des enfants?

 

A l’époque, l’ANSM s’était exclusivement penchée sur des produits issus du lot défectueux. Dans un communiqué publié en décembre 2015, elle indiquait que, dans un seul cas, il avait été trouvé « des particules de rouille dans la solution vaccinale ». Mais il s’agissait d’un lot qui n’a pas été commercialisé en France. « L’analyse toxicologique ne montre pas de risque lié à la présence éventuelle de particules de rouille » -composée de fer, de chrome et de nickel. Les quantités de métaux retrouvés n’étaient « pas de nature à engendrer un risque pour la santé », précisait-elle. Aucune particule de plomb n’avait été décelée lors de ces analyses, contrairement à ce que semble mettre en évidence l’expertise italienne.

Cette dernière a été dégainée mardi à point nommé alors que les juges du tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand ordonnaient la désignation de deux toxicologues et d’un pédiatre. Grâce à elle, « les experts du procès ne pourront pas se dérober », veut croire l’avocat. Ces derniers devront se prononcer sur un éventuel lien entre les symptômes rapportés et le lot de vaccins défectueux.

Bataille d’experts en perspective

Le procès du laboratoire CSP, distributeur français du vaccin, promet dès lors de tourner à la bataille d’experts. Le professeur Stefano Montanari, qui a réalisé l’analyse commandée par l’avocat des plaignants évoque dans les colonnes de La Montagne des résultats « très alarmants ».

« On parle ici de résidus de métaux injectés directement dans le corps d’un enfant, que l’organisme ne pourra jamais éliminer, qui vont se fixer pour toujours dans le noyau des cellules ». Selon lui, « cela peut provoquer des inflammations chroniques susceptibles de dégénérer en cancers de tous types. Le cerveau peut être touché, comme le pancréas. Dans ce dernier cas, des diabètes sont possibles ». Des propos qualifiés « d’extrapolations » par le Journal international de médecine, qui souligne que ce médecin, par ailleurs auteur d’un blog, ne cache pas son opposition aux vaccins en général.

Interrogé par L’Express, François Vié Le Sage, pédiatre membre du réseau d’experts indépendants sur les vaccins Infovac, se montre dubitatif sur la question des résidus de métaux mentionnés dans l’étude. Elle mentionne « des nanoparticules, c’est-à-dire des particules de la taille d’un atome », précise le médecin. « Il en existe partout dans notre environnement et nous n’avons pas de données scientifiques sur leur réel impact sur l’homme. »

Effectivement, répond l’avocat des familles, « on ne connaît pas les conséquences sur la santé des nanoparticules car le médecins français ne sont pas assez sensibilisés à leurs effets ».

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/vaccin-contre-la-meningite-des-analyses-alarmantes-ou-seulement-alarmistes_1780098.html

 

La vaccination, enjeu de santé publique

Ce procès intervient seulement quelques mois après la publication d’une pétition à succès contre le vaccin Dt-Polio lancé par le controversé Pr Joyeux et alors que le mouvement anti-vaccination prend de l’ampleur en France. L’immense majorité des médecins insiste quant à elle sur l’importance de la vaccination, un enjeu de santé publique.

En France, le vaccin contre la méningite n’est pas obligatoire. Pour autant, il fait partie du calendrier vaccinal, qui le recommande pour tous les nourrissons à l’âge de 12 mois. La méningite à méningocoques peut entraîner de graves séquelles, voire conduire au décès dans les cas les plus graves.

 

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 113