« Une étude américaine renforce les soupçons d’un lien entre cancers et téléphonie mobile »
Commentaire. Le téléphone portable donnerait le cancer du cerveau, les soupçons se renforcent. Bien que le mécanisme ne soit pas encore reconnu.
L’ARTICLE :
Stéphane Foucart remarque en effet dans Le Monde que « ce ne sont pour l’heure que des résultats partiels, mais ils sont de mauvais augure. Le National Toxicology Program (NTP) américain a mis en ligne […] la première partie d’une étude toxicologique de grande ampleur, suggérant un lien entre deux cancers rares et l’exposition à des radiofréquences de 900 MHz, modulées selon deux normes de téléphonie mobile : GSM et CDMA ».
Le journaliste indique que ces données « mettent en avant une « incidence faible » de gliome cérébral et d’une tumeur très inhabituelle, le schwannome cardiaque, chez les rats mâles ayant été exposés à ces radiofréquences. Aucun des rats du groupe témoin n’a développé ce type de cancers ».
Stéphane Foucart précise que le NTP est « un programme de recherche américain associant plusieurs agences publiques », et cite Christopher Portier, toxicologue et ancien directeur adjoint du NTP, qui souligne que « c’est la plus vaste étude de ce type conduite à ce jour sur le sujet ».
Le journaliste explique que « l’étude, conduite sur 2 ans et demi, a coûté plus de 20 millions de dollars. Les groupes d’animaux étudiés comptaient chacun 90 individus, afin de maximiser la puissance statistique des résultats ».
« Outre les animaux témoins (non exposés), certains groupes ont été exposés à des niveaux de rayonnement de 1,5 Watt par kilogramme (W/kg), d’autres à 3 W/kg et à 6 W/kg. Soit des niveaux d’exposition supérieurs à ceux des humains : la plupart des téléphones portables commercialisés ont un débit d’absorption spécifique (DAS) inférieur à 1 W/kg », indique Stéphane Foucart.
Il ajoute que « les rats ont été soumis à un niveau d’exposition considérable. Leur corps entier a été exposé, tout au long de leur vie, 18 heures par jour, selon un cycle régulier : 10 minutes d’exposition, suivies de 10 minutes sans exposition, etc. ».
Le journaliste retient que « pour les deux normes d’émissions testées (GSM et CDMA), les résultats indiquent une incidence des deux cancers qui croît globalement avec le niveau de rayonnement reçu par les animaux. La proportionnalité de l’effet dose-réponse est en particulier claire pour le schwannome. Les chercheurs du NTP notent d’ailleurs avoir «une plus grande confiance dans l’association entre radiofréquences et lésions cardiaques, qu’avec les lésions cérébrales» ».
« Mais, de manière surprenante, seuls les mâles sont touchés. En fonction du rayonnement reçu, le taux d’animaux développant l’une des deux pathologies varie de 1,1% (un animal sur 90) à 6,6% (6 animaux sur 90). Les femelles exposées dans des conditions identiques ne contractent pas ces maladies… », continue-t-il.
Stéphane Foucart indique qu’« en dépit de cette absence de mécanisme clair, plusieurs études épidémiologiques ont suggéré une augmentation d’incidence des gliomes cérébraux chez les grands utilisateurs de téléphone mobile…. mais d’autres n’ont pas mis en évidence un tel lien ».
« L’affaire est donc très débattue mais les résultats préliminaires du NTP, assez inattendus, viennent apporter de l’eau au moulin de ceux qui plaident pour plus de précaution. Toutefois, le NTP précise que ces résultats ne sont que partiels et que d’autres, actuellement en cours de révision, viendront dans les prochains mois compléter et préciser le tableau », poursuit le journaliste.
Il relève cependant que « pour M. Portier, les résultats partiels présentés devraient suffire à ce que «les pouvoirs publics investissent plus, sans attendre, dans la recherche scientifique sur les impacts sanitaires de ces technologies» ».
Date de publication : 30 Mai 2016
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 120