Troubles alimentaires chez la mère : l’enfant trinque…
Commentaire. Les troubles de conduite alimentaire de la mère ont des conséquences psychopathologiques sur leurs enfants. Troubles émotionnels, troubles de conduites, hyper activité, difficultés relationnelles. Voilà un bel exemple de transmission transgénérationnelle, bien avant la naissance. Nous avions déjà évoqué ce type de difficultés dans une ancienne lettre.
L’ARTICLE :
Les troubles des conduites alimentaires chez la mère peuvent-ils avoir une incidence psychopathologique pour son enfant ? C’est la question étudiée dans une enquête prospective exploitant le registre national des naissances au Danemark (Danish National Birth Cohort)[1]. Des données ont été recueillies (auprès des mères) sur 48 403 enfants à 18 mois, puis sur 46 156 d’entre eux à l’âge de 7 ans. À l’âge de 18 mois, ces informations concernent notamment le développement cognitif, moteur, celui du langage, le caractère, etc. Et le recours au « questionnaire des points forts et des difficultés » (Strenghts and Difficulties Questionnaire, SDQ)[2] a permis d’évaluer la psychopathologie éventuelle de ces enfants à l’âge de 7 ans.
Troubles émotionnels et des conduites
Les auteurs ont comparé l’évolution chez la progéniture d’une mère sans trouble alimentaire (46 206 enfants) à celle des enfants dont la mère a souffert (ou souffre encore) soit d’anorexie mentale (931 sujets), soit de boulimie (906 enfants), soit de ces deux troubles alimentaires à la fois (360 enfants). On constate que les filles des femmes anorexiques ont en moyenne des « taux plus élevés de troubles émotionnels », et que les filles des mères boulimiques présentent « plus de troubles des conduites », comparativement aux enfants des mères sans problème alimentaire. Et les garçons nés d’une mère anorexique ont des risques plus élevés de « troubles émotionnels et de troubles des conduites », alors que les garçons des mères boulimiques ont des risques accrus de « troubles des conduites, d’hyperactivité, et de difficultés dans les relations à leurs pairs », comparativement aux enfants des mères sans trouble des conduites alimentaires.
Cette étude montre ainsi que les troubles graves du comportement alimentaire chez les mères sont associés à une majoration des risques d’ordre psychopathologique chez leurs enfants, garçons comme filles (bien que les garçons semblent présenter un « risque psychopathologique plus élevé dans cette population »), ce qui confirme la possibilité déjà envisagée d’un « risque commun entre les troubles des conduites alimentaires et d’autres types de psychopathologies. »
[1] http://www.ssi.dk/English/RandD/Research%20areas/Epidemiology/DNBC/
[2] http://www.sdqinfo.org/a0.html
Dr Alain Cohen
Référence
Barona M et coll.: Childhood psychopathology in children of women with eating disorders. Acta Psychiatrica Scandinavica, 2016; 134: 295–304.
http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/troubles_alimentaires_chez_la_mere_lenfant_trinque_162111/document_actu_med.phtml
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 140