Suicide des internes
Commentaire. Une profession en perte de sens et des doyens de faculté en déni de réalité.
Le suicide d’une jeune interne en dermatologie à Paris, un suicide de plus d’interne repose la question du pourquoi ces humains qui ont choisi de consacrer leur vie à sauver celle des autres, choisissent à un moment de se donner la mort.
Nous avons souvent évoqué la souffrance des étudiants en médecine, 40% ont été dépressifs ou suicidaires, 10% se sont donnés la mort en une année. 20% préfèrent renoncer à 10 ans d’études pour changer de métier à la fin de leur cursus.
Ne peut-on se poser les vraies questions sur leur vécu ? Sur ce qu’est devenue la médecine aujourd’hui. Comment un doyen, qui est un pilier du système, pourrait-il reconnaitre que c’est le système qui a perdu tout son sens.
La médecine, plus qu’une science, est un art, celui de l’attention aux patients et de la compassion. Où est-elle aujourd’hui dans la médecine standardisée aux références opposables, et entièrement tournée vers la prescription pharmaceutique ? Elle ne sélectionne plus les jeunes qui ont une véritable « âme de médecin », mais ceux à la mémoire performante. Ces données seront aisément substituables par des robots, alors que l’âme de médecin, alliée à la compétence technique est irremplaçable. C’est elle qui aide vraiment à la guérison. Monsieur le doyen, je joins ma voix à celle des syndicats d’internes pour vous dire « Combien de morts faudra t-il encore pour remettre en question ce système qui tue nos étudiants et entraine les déserts médicaux? »
L’ARTICLE :
Suicide des internes : l’ISNI accuse le nouveau patron des doyens d’être dans le « déni de réalité »
Le quotidien du médecin – Cyrille Dupuis – 05.02.2018
Voilà une polémique dont le Pr Jean Sibilia, tout juste élu à la tête de la conférence des doyens de médecine, se serait volontiers passé.
Dans un entretien à notre confrère « What’s up doc », le nouveau patron des doyens est questionné sur le suicide des internes, à l’heure où les médecins en formation viennent d’être à nouveau endeuillés par le suicide d’une jeune interne de dermatologie à Paris.
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 195