Soucis et querelles nous font mourir à petit feu
Commentaire d’Olivier Soulier.
Etude très intéressante qui montre simplement que le conflit latent ou patent rend malade.
Je met cela en lien avec l’article «la bascule des générations que j’ai publié dans Néosanté il y a deux mois et que je joint à cette lettre.
Le risque de décès est multiplié par deux en conflit de couple et par deux 1/2 dans les conflits avec amis et famille.
Une autre idée est intéressante : dans les conflits les hommes seuls sont touchées alors que les femmes ne semblent pas souffrir somatiquement (1° aspect surprenant) ou du moins n’en meurent pas. L’étude avance diverses explications, comme le fait que les femmes ont plus de liens sociaux et donc de ressources pour échanger et évacuer ainsi les tensions, alors que les hommes sont plus centrés sur leur relation de couple ( 2° aspect qui n’est pas celui habituellement reconnu, puisqu’il est souvent reproché aux hommes de ne pas être assez centré sur leur couple).
Une étude récente montrait que parler entre elles était thérapeutique pour les femmes plus que cela ne l’est entre hommes.
D’autres aspects de physiologie pourraient être évoqués pour comprendre ces différences.
Dans tous les cas, des conflits chroniques finissent par affecter les hommes comme les femmes.
Au fond nous le savions depuis longtemps mais c’est intéressant d’avoir des données. Cela permet de donner du concret à nos Cartésiens de service.
ARTICLE :
Le Figaro
Damien Mascret indique dans Le Figaro que « selon une étude danoise [parue dans le Journal of Epidemiology and Community Health], être en conflit, ouvert ou larvé, avec un proche ou un voisin fait plus que doubler le risque de décès ».
Le Pr Rikke Lund, qui « avec son équipe du département de santé publique de l’université de Copenhague, s’est plongée dans les bases de données d’une étude qui avait débuté 10 ans plus tôt, pour aboutir à cette conclusion », remarque ainsi : « Nous avons découvert que la mortalité est au moins doublée pour les hommes d’âge moyen qui sont fréquemment préoccupés ou sollicités par leurs conjoints ou enfants ».
Damien Mascret explique qu’« à l’entrée dans l’étude, 9.875 hommes et femmes, âgés de 36 à 52 ans, avaient répondu à une batterie de questions dont certaines portant sur l’existence de pressions provenant de leur environnement social et familial. Différents types de pression psychologique étaient détaillés, allant des simples préoccupations ou sollicitations incessantes jusqu’aux authentiques situations de conflits ».
Le journaliste souligne que « l’effet mortifère des préoccupations liées au partenaire ou aux enfants n’est pas significativement augmenté pour les femmes, alors que c’est le cas chez les hommes ». Le Pr Lund note ainsi que « les hommes étaient plus vulnérables sur ce plan, sans que l’étude ne nous fournisse d’explication. L’une des hypothèses est que les hommes tendent à avoir des réseaux sociaux plus réduits souvent focalisés sur leur partenaire, alors que les femmes développent des liens plus vastes et plus diversifiés ».
« Ainsi, si la partenaire est source de sérieuses préoccupations ou de sollicitation permanentes, cela place les hommes dans une position plus vulnérable car ils n’ont personne vers qui se tourner pour en parler », poursuit la chercheure.
Damien Mascret livre la réaction de Basile Chaix, directeur de recherche à l’Inserm, qui note qu’« on peut trouver des tas d’explications différentes, comme souvent en épidémiologie sociale ». Le journaliste observe que « même si les auteurs danois ont pris en compte – et corrigé statistiquement – plusieurs facteurs de risque qui auraient pu influer sur le résultat, il regrette le manque de variables socio-économiques ».
Le Dr Chaix note ainsi que « le revenu a une influence évidente au niveau du couple, et même si on isole statistiquement les expositions auxquelles on est soumis, elles ne flottent pas dans le vide. Elles sont souvent reliées entre elles ».
Damien Mascret constate que « hommes et femmes semblent au moins égaux devant une situation de stress : le conflit prolongé, quelle qu’en soit l’origine », le Pr Lund précisant que « le risque de mourir est multiplié par 2 lorsque l’on est en conflit durable avec son conjoint ou ses enfants ».
Le journaliste ajoute que « les conflits sont plus rares avec des membres de sa famille ou des amis, mais ils sont plus risqués : la mortalité est multipliée par 2,5. Même les conflits de voisinage s’avèrent dangereux, puisqu’ils triplent la mortalité ».
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Date de publication : 13-05-2014
Crédit photo, fotolia.