Sensibilisés à l’œuf avant d’en avoir mangé…

Commentaire.

Cette possibilité d’allergie vient parler des codes qui sont en nous avant tout contact.

Nous retrouvons ces codes pour expliquer les désirs et les aversions alimentaires.

Certains aliments sont symboliquement très marqués et répondent en nous à des codes très précis. Cette connaissance est probablement moléculaire et héritée de génération en génération.

Le lait depuis la nuit des temps parle du lien à la mère et doit être inscrit en nous par un code quasiment génétique. Les oeufs sont aussi en nous qui avons été par le passé ovipares avant que n’apparaisse le placenta il y a 40 millions d’années permettant l’apparition des mammifères.

Nous savons qu’il y a aussi d’autres codes qui sont génétiquement inscrits en nous. Les enfants de quelques mois présentent des signes d’angoisse en voyant un mouvement de serpent, qu’il s’agisse d’un serpent filmé ou regardé, ou simplement de la reconstitution informatique du mouvement du serpent. Cela nous parle probablement de codes de survie transmis depuis des générations, comme on peut les voir chez les animaux qui savent identifier facilement les prédateurs.

J’ai pu constaté aussi dans ma pratique que les allergies aux oeufs parlent de problèmes avec la grossesse et la filiation et que le solutionnement de ces histoires permet de les faire disparaitre. Le premier cas que j’ai eu l’occasion de connaitre était un petit garçon qui avait une réaction assez grave et qui, après qu’on lui ait expliqué qu’il avait été l’objet d’une tentative d’IVG a déclaré «alors maintenant je peux en manger » et sans rien dire à personne en a mangé sans plus aucune réaction.

L’ARTICLE :

La sensibilisation à l’œuf est fréquente chez l’enfant de moins de 2 ans en particulier en cas de dermatite atopique et d’allergie au lait de vache.
La mise en évidence de cette sensibilisation à l’œuf se fait parfois alors que l’enfant n’a encore jamais mangé d’œuf. La pratique d’un test de provocation oral est alors nécessaire pour authentifier l’allergie alimentaire.

Un travail a été mené pour examiner l’association entre le résultat des prick-tests cutanés, le taux des IgE spécifiques des protéines de l’œuf et les résultats des tests de provocation chez des enfants sensibilisés à l’œuf mais n’ayant jamais consommé cet aliment.

Les 154 enfants de moins de 18 mois inclus dans cette étude prospective ont été recrutés à Barcelone entre octobre 2010 et octobre 2011. Ils avaient tous une allergie au lait de vache et/ou une dermatite atopique.

Un prick-test cutané (PTC) a été réalisé pour les protéines de l’œuf puis en cas de positivité, il a été procédé à un dosage d’IgE spécifiques.
Une sensibilisation à l’œuf a été admise en cas de positivité du PTC.

Parmi les 154 enfants testés 94 étaient sensibilisés à l’œuf (57 garçons et 37 filles) et 60 ne l’étaient pas (34 garçons et 26 filles).

L’œuf a été introduit en milieu hospitalier en cas de sensibilisation à cet aliment entre 12 et 18 mois : 27 enfants (28,7 %) étaient tolérants (à la fois à l’œuf cuit et cru) et 67 étaient allergiques avec 29 réactions (30,8 %) à l’œuf cuit (7 au jaune d’œuf et 22 au blanc d’œuf) et 38 réactions (40,5 %) à l’œuf cru.

En l’absence de sensibilisation, l’œuf a été introduit à la maison : 59 enfants étaient tolérants et un seul allergique.

PTC au blanc d’œuf et taux d’IgE spécifiques de l’ovalbumine se sont avérés avoir la meilleur aire sous la courbe. Les valeurs prédictives positives les plus hautes ont été obtenues pour le PTC au blanc d’œuf et pour le taux d’IgE spécifiques du blanc d’œuf.

Selon les résultats de ce travail, le test de provocation pourrait être évité chez les enfants sensibilisés à l’œuf mais n’ayant jamais consommé l’aliment en cas de PTC ≥ 8 mm et/ou de taux d’IgE spécifiques du blanc d’œuf ≥ 8,36 KU/l : la probabilité de sa positivité est alors de 94 %.

Dans les autres cas, la pratique du TPO reste indispensable…

Dr Geneviève Démonet

Références

Alvaro M et coll : Tolerance to egg proteins in egg-sensitized infants without previous consumption. Allergy 2014, 69: 1350-1356.

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