Qu’est-ce qui n’a pas fait chuter Rome ?

Commentaire d’Olivier Soulier.

Publié dans la lettre de Médecine du sens n° 22

A l’heure ou notre civilisation est confrontée à des toxiques et des polluants de plus en plus nombreux, souvenons nous que Rome est probablement tombée par les canalisations de plomb.

A la différence près que le reste du monde n’était pas intoxiqué et à pu prendre le dessus ou le relais.

Actuellement c’est la terre entière qui est touchée.

Alors vive les exoplanètes!

roma

L’ARTICLE : 

Rome, le samedi 3 mai 2014 – La chute des civilisations nous fascine. Plutôt que de s’en tenir à des considérations géopolitiques complexes, nous préférons parfois nous passionner pour des théories plus improbables, symbolisant mieux la fragilité des colosses aux pieds d’argile. C’est ainsi qu’en 1965 S.C. Gilfillan attira l’attention en publiant dans le Journal of Occupational Medicine une étude évoquant la possibilité que la contamination de l’eau potable par le plomb des canalisations avait contribué à la chute de Rome. Anéanti par le saturnisme, les romains ne seraient pas parvenus à tenir les rênes de l’Empire. L’idée interpella mais fut également fortement critiquée. Elle fut cependant reprise en 1983 par un médecin canadien Jérôme O. Nriagu qui dans le New England Journal of Medicine s’attelait à une étude de cas pour appuyer la thèse de S.C. Gilfillan. Le spécialiste passait en effet en revue les personnalités et les comportements de certains Empereurs Romains dont les célèbres Néron et Caligula et soupçonnait que le plomb fut à l’origine de leur folie. Il concluait que les deux tiers de ceux qui avaient régné sur Rome durant cette période présentaient des symptômes d’intoxication chronique au plomb. Une fois encore, malgré l’originalité de la démarche, la théorie fit long feu.

Plomb, unique objet de mon ressentiment

Des chercheurs Français de plusieurs laboratoires de Lyon viennent d’apporter de nouveaux éléments au dossier tout en le fermant définitivement. Dans une étude publiée fin avril dans la revue Proceeding of the National Academy of Sciences (PNAS), ils ne se contentent plus uniquement de spéculations basées sur la connaissance de la constitution des canalisations romaines et sur le comportement pour le moins étrange de certains empereurs romains. Ils ont en effet procédé à des mesures précises en étudiant les « compositions isotopiques du plomb dans les sédiments du bassin portuaire de la Rome impériale et du Tibre » indique un communiqué du CNRS. Ces travaux confirment que l’eau courante de la Rome antique « contenait jusqu’à 100 fois plus de plomb que les eaux des sources locales. Par ailleurs, les discontinuités du signal isotopique du plomb dans les dépôts sédimentaires étudiés indiquent qu’elles sont intimement liées aux principaux événements historiques ayant affecté la fin de l’Antiquité à Rome et son système de canalisations des eaux ».

Est-ce à dire que la thèse de S.C. Gilfillan et de Jérôme O. Nriagu n’a pas tant de plomb dans l’aile ? Les chercheurs Français sont catégoriques : les niveaux mis en évidence « ne sont pas susceptibles d’avoir représenté un risque majeur pour la santé de la population de Rome ». Plombant pour ceux qui avaient voulu croire que l’un des symboles les plus caractéristiques de la modernité de Rome ait pu également provoquer sa perte.

Aurélie Haroche

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