Psychose et tabagisme et vice versa
Commentaire. Le tabac et la psychose sont liées.
Pour certains, le tabac favoriserait la psychose et pour d’autres il est la conséquence de la psychose. En réalité, pour qui connait un peu la médecine chinoise et l’acupuncture, elle nous donne la réponse depuis 4000 ans. Le tabac est une saveur piquante qui nourrit le Yin du poumon. Le poumon est l’organe relationnel de base, il est couplé à la peau (allergies, eczéma, urticaire, éruptions) et au gros intestin, (relation au monde et à la mère, garder ou lâcher).
Concrètement, vous fumez pour compenser une difficulté relationnelle, n’est-ce pas cela la porte de la psychose.
Petit plus pour vous, le tabac c’est la drogue la plus masculine et la plus paternelle de toutes (la plus maternelle c’est le cannabis, pour combler les difficultés avec la mère). La tabac vous parle du manque du père, qui comme nous l’expliquait très bien Didier Dumas, dans son livre « L’ange et le fantôme », l’absence ou le manque du père, est la porte de la psychose. Simple, vous ne trouvez pas ?
L’ARTICLE :
L’association entre des troubles psychotiques et le tabagisme est attestée par maintes observations (les patients schizophrènes ayant ainsi un risque « presque six fois plus élevé » d’être de gros fumeurs que la population générale »), mais les avis sont partagés sur les raisons de ce phénomène : on dit parfois que le tabac pourrait représenter une sorte d’« automédication » pour réduire certains troubles (dysphoriques, cognitifs…), pour combler la détresse ou l’ennui, ou pour diminuer les effets indésirables des traitements psychotropes. Mais d’autres auteurs prennent le contrepied de cette hypothèse et perçoivent au contraire le tabagisme intensif comme l’une des causes des psychoses[1] !
Une étude coordonnée par des chercheurs de Barcelone (Espagne) évalue ce lien entre problématique psychotique et tabagisme en exploitant des données (World Health Survey)[2] recueillies entre 2002 et 2004 par l’OMS, dans 44 pays auprès de plus de 192 000 sujets (âge ≥18 ans), en s’appuyant notamment sur le Composite International Diagnostic Interview[3]. Les rapports de cotes (Odds Ratios [OR]) observés traduisent l’effet du tabagisme sur l’accroissement des symptômes psychotiques, relativement aux non-fumeurs : OR=1,35 [intervalle de confiance à 95 % de 1,27 à1,43]. Après ajustement pour d’éventuels facteurs confondants, ces rapports de cotes sont : OR=1,20 [1,08–1,32], OR=1,25 [1,08–1,45] et OR=1,36 [1,13–1,64], respectivement pour « 1, 2 et ≥ 3 symptômes psychotiques ».
En cas de tabagisme quotidien, une symptomatologie psychotique est associée à un tabagisme « intensif » (heavy smoking, défini par une consommation ≥ 30 cigarettes par jour) avec un rapport de cotes OR=1,45 [1,10–1,92]. Et un tabagisme installé de façon précoce (à un âge ≤ 15 ans) est associé à un risque accru de problématique psychotique : OR=1,22 [1,05–1,42].
Si cette recherche confirme ainsi l’association de symptômes psychotiques à la consommation de tabac « selon un mode dose-dépendant », il reste à comprendre les mécanismes sous-jacents de ce lien épidémiologique entre psychose et tabagisme. D’autre part, il est possible que certains éléments constituent des facteurs de limitation pour cette étude, notamment des « différences culturelles » dans la perception des symptômes psychotiques, éventuellement susceptibles d’entraver la possibilité ou la fiabilité des comparaisons dans cet ensemble de 44 pays, même si la plupart sont à « revenus faibles et moyens » (low and middle-income countries), donc a priori analogues du point de vue socioéconomique.
[1] Gurillo P et coll.: Does tobacco use cause psychosis ? Systematic review and meta-analysis. Lancet Psychiatry 2015 ; 2 : 718–725.
[2] http://apps.who.int/healthinfo/systems/surveydata/index.php/catalog/whs/about
[3] http://www.kcl.ac.uk/ioppn/depts/hspr/research/cgmhpcr/Projects/CIDItool.pdf
Dr Alain Cohen
Références
Koyanagi A et coll. : Psychotic symptoms and smoking in 44 countries. Acta Psychiatrica Scandinavica 2016 ; 133 : 497–505.
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http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/psychose_et_tabagisme_et_vice_versa_160054/document_actu_med.phtml
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 127