Prix et accès aux médicaments innovants : il est temps d’agir !

Commentaire. Le prix des médicaments innovants n’en finit pas de défrayer la chronique.

Ils atteignent de tels coûts qu’il deviennent inabordables.

Tous les gouvernements (que ce soit les Français, ou les américains avec Trump) réalisent bien qu’il faudra un jour reprendre la main sur la fixation des prix. Nous verrons bien, mais ce ne sera pas évident vu que ce sont les mêmes laboratoires qui financent leurs campagnes électorales.

Du côté des laboratoires, la politique est très claire. Ces médicaments sont dits « boursiers » c’est-à-dire que leur haute rentabilité a pour objectif de faire monter l’action du laboratoire.

 

L’ARTICLE :

Anne Jeanblanc remarque dans Le Point que « les prix faramineux récemment demandés par les laboratoires pharmaceutiques pour certains traitements innovants ont interpellé la communauté médicale, la société civile et l’opinion publique. Mais aussi le Conseil économique, social et environnemental (Cese), qui rendait public [hier] son projet d’avis sur les «prix et accès aux traitements médicamenteux innovants», en présence de la ministre de la Santé Marisol Touraine ».

La journaliste indique que « ce document conclut à la nécessité d’une «détermination politique de haut niveau permettant à la fois de sauvegarder juste rémunération de l’innovation et accès de tous aux nouveaux médicaments» ».

Anne Jeanblanc relève que « le Cese cite un exemple qui a mis le feu aux poudres dans notre pays. C’est celui du Sovaldi, un médicament qui permet de guérir les patients souffrant d’hépatite C chronique : il est vendu 13.667 € la boîte (soit 41.000 € pour un traitement curatif standard de 3 mois). Aujourd’hui, ce cas n’est plus isolé. Les thérapies ciblées contre le cancer coûtent en moyenne aux alentours de 50.000 € par an et par patient, soit 5 à 10 fois plus que les chimiothérapies classiques ».

Le Cese observe ainsi que « le surcoût attendu lié aux nouveaux traitements anticancéreux pourrait être estimé de 1 à 1,2 milliard d’euros par an (selon les données fournies par les laboratoires pharmaceutiques pour 20 nouveaux traitements) ».

Anne Jeanblanc souligne qu’« en raison de leur prix élevé, les traitements innovants ne peuvent pas être prescrits à tous ceux qui en ont besoin. Lors de l’introduction du traitement de l’hépatite C, seuls les malades les plus atteints ont pu en bénéficier, dans un premier temps, avant que la ministre de la Santé n’annonce la création d’un accès universel aux traitements innovants contre cette pathologie ».

« Mais le risque de sélection des bénéficiaires reste réel dans d’autres domaines, en raison de la nécessité de contenir les dépenses publiques de santé. D’ailleurs, l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) est maîtrisé, notamment grâce à la régulation des prix des nouveaux médicaments et à une baisse des tarifs des produits plus anciens, au sein d’une enveloppe budgétaire globale », explique la journaliste.

Elle ajoute que « le dispositif ne peut pas faire face à une arrivée massive de médicaments innovants ». Le document explique : « Les mécanismes de régulation ne différencient pas suffisamment les innovations de rupture (qui apportent un changement important, permettant la guérison ou un gain significatif dans l’espérance de vie par exemple) des innovations incrémentales (consistant à améliorer le traitement sans changement de procédé), et le prix ne reflète pas assez le caractère innovant du traitement ».

Anne Jeanblanc indique que le Cese « demande que l’évaluation médico-économique (comparant les résultats attendus d’une intervention de santé avec les ressources utilisées pour la produire) ait une place plus importante dans le processus décisionnel. Nul doute que les prétendants à la présidence de la République devront se saisir de ce sujet ».

Date de publication : 26 Janvier 2017

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n°150