Presque deux fois plus de troubles anxio-dépressifs pour celles qui souffrent d’endométriose

Commentaire. Il y a deux fois plus de troubles anxio dépressifs en cas d’endométriose. 

Lien, avec la question, quelle est leur origine ?

L’article parle d’un phénomène inflammatoire important dans cette maladie avec comme conséquence une répercussion sur le cerveau générant des troubles anxio dépressifs.

 

 

L’ARTICLE :

Des travaux antérieurs ayant suggéré un lien possible entre l’endométriose et les troubles anxio-dépressifs, une étude longitudinale de cohortes (la première sur ce sujet) a été réalisée à Taïpei (Taïwan) pour éclaircir cette question.

Les auteurs ont suivi plus de 10 000 femmes avec une endométriose et un nombre identique de femmes sans endométriose (sujets-contrôles) âgées en moyenne de 35,9 ans (± 8,8 ans). Toute notion d’antécédent psychiatrique était un motif de rejet pour l’inclusion dans l’une de ces cohortes (femmes avec ou sans endométriose) et certaines comorbidités (pouvant éventuellement constituer des facteurs confondants) ont été évaluées : hypertension artérielle, dyslipidémie, diabète sucré, obésité, accident vasculaire cérébral, maladie inflammatoire de la région pelvienne (pelvic inflammatory disease).

Les résultats de cette étude montrent que les femmes avec endométriose ont un risque accru de développer « sur le tard » (in later life) soit une dépression majeure (Hazard Ratio [HR] =1,56 ; intervalle de confiance à 95 %, IC,  [1,24–1,97] ), soit toute forme de trouble dépressif  (HR=1,44 ; IC [1,25–1,65] ), soit des troubles anxieux (HR=1,44 ; IC [1,22–1,70] ). La stratification de cette population par tranches d’âge (femmes de moins de 40 ans ou d’un âge ≥ 40 ans) précise l’augmentation de ces risques :

Avant 40 ans :

HR = 1,52 ; IC [1,15–1,99] pour une dépression majeure.
HR = 1,43 ; IC [1,21–1,69] pour toute forme de trouble dépressif.
HR = 1,39 ; IC [1,14–1,71] pour des troubles anxieux.

Après 40 ans :

HR = 1,69 ; IC [1,09–2,62] pour une dépression majeure.
HR = 1,45 ; IC [1,13–1,56] pour toute forme de trouble dépressif.
HR = 1,53 ; IC [1,15–2,04] pour des troubles anxieux.

Implication de phénomènes inflammatoires

Si l’augmentation du risque (presque doublé) de troubles anxio-dépressifs en cas d’endométriose semble ainsi établie, d’autres études seront nécessaires pour préciser les mécanismes physiopathologiques sous-tendant cette association épidémiologique, notamment l’hypothèse de « réactions inflammatoires » et d’un « dérèglement immunologique », plausible dans la mesure où certains marqueurs des réactions inflammatoires (interleukine 6, facteur de nécrose tumorale TNF-α) sont plus élevés chez les femmes avec endométriose, comparativement aux contrôles. On estime qu’une hyperproduction de cytokines pro-inflammatoires pourrait « altérer la barrière hémato-encéphalique et perturber certaines aires cérébrales comme le cortex cingulaire antérieur, ce qui provoquerait des troubles de l’humeur ou du comportement. »

Dr Alain Cohen

Référence

Li-Chi Chen et coll.: Risk of developing major depression and anxiety disorders among women with endometriosis: A longitudinal follow-up study. J Affect Disord., 2016 190: 282–285.

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 104