Prédire les mutations à l’origine des épidémies

Commentaire.

Publié dans la lettre de Médecine du sens n° 30

Je pense que ce qui compte ce n’est pas le microbe c’est la place pour le mettre. C’est la répétition de l’idée de Claude Bernard «le microbe n’est rien, le terrain est tout».
Essayons de comprendre et d’admirer la capacité de la nature pour s’adapter. Essayons aussi d’intégrer cette idée. Nous vivons une époque formidable de mutation. Comme le dit Hubert Reeves. «là ou croit le péril, croit aussi la solution».

 

L’ARTICLE :

Le Figaro fait savoir que « les chercheurs ont mis au point une méthode capable de prédire les mutations virales les plus susceptibles d’émerger à court terme », selon des travaux parus dans Cell Host & Microbe.
Le journal rappelle en effet que « les arbovirus, responsables de maladie comme la dengue, le chikungunya ou la fièvre jaune, sont des virus qui mutent beaucoup. Toutes ces mutations ne sont pas «bonnes», mais certaines donnent un avantage au virus qui la possède. D’où des poussées épidémiques et la difficulté de produire des vaccins efficaces ».

Le quotidien explique qu’« une équipe de chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris, du CNRS et de l’Institut Pasteur du Cambodge a mis au point une méthode capable de prédire les mutations virales les plus susceptibles d’émerger à court terme. Ils se sont appuyés sur le cas réel de l’épidémie de chikungunya de 2005-2006 dans l’océan Indien ».

Le Figaro note que les chercheurs « ont infecté, avec la souche sauvage pré-épidémique d’origine, les deux espèces de moustiques qui transmettent le virus : Aedes aegypti, le vecteur traditionnel, et Aedes albopictus, le moustique tigre ».
« Après 14 jours de développement (plusieurs cycles de réplication des virus), ils ont prélevé des virus dans la salive des insectes infectés. Après séquençage de leur génome, ils ont trouvé une majorité de virus porteurs de la même mutation dans une protéine de l’enveloppe (E1) du virus qui en 2005 a été à l’origine de l’épidémie »,
poursuit le quotidien.

Le Figaro ajoute que l’« étape suivante [est] la simulation des événements naturels possibles lors d’une prochaine épidémie de chikungunya. Les chercheurs ont réalisé en laboratoire un cycle de transmission complet, un premier moustique infecté avec la souche épidémique mutée apparue en 2005-2006 piquant une souris qui sera elle-même piquée par un second moustique qui deviendra alors lui-même infecté ».

Le journal relève que « des virus porteurs de mutations différentes sur la protéine d’enveloppe E1 sont apparues chez les virus des premiers moustiques, mais sont restés minoritaires. Mais après le passage chez la souris, les souches virales qui étaient porteuses de ces nouvelles mutations ont supplanté toutes les autres, y compris la souche épidémique de départ ».

Le quotidien observe que « ces mutations permettraient aux virus de mieux pénétrer dans les cellules, insectes ou mammifères, de leur hôte et leur offriraient une meilleure stabilité thermique. D’après les chercheurs, il y a fort à parier que ces dernières mutations apparaîtront dans le futur. En les incluant d’ores et déjà dans les compositions vaccinales, la protection des populations devrait être meilleure », conclut Le Figaro.

Date de publication : 23-06-2014

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