Pornographie sur Internet, une addiction comme les autres

Commentaire. Pornographie sur internet, une forme d’addiction semblable à l’alcool, le tabac, les drogues dures, mais aussi les jeux vidéo.

Au fond, la consolation c’est mieux que la pornographie, mais l’absence de l’une ne fait elle pas le lit de l’autre.

 

L’ARTICLE :

L’American Psychiatric Association (APA) a reconnu dans le DSM-V (5ème édition du Manuel diagnostique et statistique des maladies mentales) l’existence possible de l’addiction à Internet à partir des recherches neurobiologiques de ces 20 dernières années ayant démontré dans ce contexte l’activation de processus neuronaux identiques à ceux d’autres addictions. Cependant, d’autres comportements liés à l’usage d’Internet, comme par exemple la « consommation » immodérée de pornographie, n’y sont pas intégrés.

Des auteurs ont examiné la littérature disponible sur l’addiction à Internet et en particulier l’addiction à la pornographie sur Internet. D’après les dizaines de travaux réalisés en IRMf (Imagerie par Résonnance Magnétique fonctionnelle), laquelle permet d’étudier l’activation des structures cérébrales chez des patients dépendants (circuit mésocorticolimbique de la récompense), les processus cérébraux de l’addiction à la pornographie en ligne sont identiques à ceux d’autres addictions comportementales ou aux substances comme l’héroïne.

Dans l’addiction à Internet, la possibilité de maintenir ou d’augmenter l’excitation grâce à la stimulation permanente créée par tous les « messages » apparaissant à l’écran et l’accès constant à des « nouveautés » grâce au surf, sont qualifiés de « stimuli supra normaux ». Ces stimuli activent le circuit de la récompense cérébrale à des niveaux plus élevés que les stimulations naturelles, au delà même d’une réponse génétiquement programmée.

Ainsi, à la différence des personnes dépendantes au sexe, chez les addicts à la pornographie sur Internet, l’excitation sexuelle est renforcée par les stimuli liés au visionnage en ligne, et à la facilité d’accès aux contenus. Le circuit de la récompense, responsable de l’addiction, est donc stimulé en permanence et renforce ainsi le trouble du comportement.

En outre, les analyses cognitives sur la capacité de décision et de raisonnement des patients dépendants à la pornographie sur Internet, ont montré des troubles similaires à ceux retrouvés dans d’autres addictions comme l’alcoolodépendance (troubles du raisonnement, de la compréhension et des capacités de décision).

Les études sur la personnalité de ces patients dépendants, ont quant à elles, mis en évidence une tendance à l’impulsivité, et une difficulté à gérer les émotions. Ces troubles sont également identiques à ceux retrouvés dans d’autres dépendances.

Ainsi cette revue de la littérature met en avant des preuves solides pour considérer l’addiction pornographique sur Internet comme une dépendance comportementale à part entière au même titre que la dépendance à Internet puisqu’on y retrouve les mêmes caractéristiques neurobiologiques, psychologiques et cognitives.

Dr Claire Lewandowski

Références

Love T et coll. : Neuroscience of Internet Pornography Addiction: A Review and Update. Behav Sci (Basel). 2015; 5: 388-433.

http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/pornographie_sur_internet_une_addiction_comme_les_autres_154696/document_actu_med.phtml

 

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 87