Perturbateurs endocriniens : urgence sanitaire dans nos placards

Libération titre sur sa Une : « Perturbateurs endocriniens – Même se laver tue ». Le journal consacre une double page à cette « urgence sanitaire dans nos placards », relevant que « la Commission européenne vote à nouveau ce mardi sur la définition qu’elle donnera à ces additifs chimiques omniprésents. ONG et scientifiques espèrent une vision large permettant de les encadrer au mieux, tandis que les groupes d’intérêt cherchent à la restreindre ».

Libération remarque ainsi : « Cosmétiques, produits d’hygiène, matières plastiques ou encore résidus de pesticides dans nos assiettes : les perturbateurs endocriniens (PE), ces substances chimiques susceptibles de modifier le système hormonal et d’être à l’origine de diverses maladies, sont à peu près partout. Et nous en sommes tous imprégnés ».

Le quotidien explique donc « la Commission européenne soumet une nouvelle fois au vote sa définition des PE. Le but : mettre en place la première réglementation au monde sur le sujet. Car l’utilisation des PE n’est pour l’instant nulle part encadrée ».

Il souligne que « d’une définition de Bruxelles plus ou moins restrictive découlera une réglementation plus ou moins sévère. Celle de l’Organisation mondiale de la santé – «une substance ou un mélange exogène, possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact, chez ses descendants ou au sein de sous-populations» – fait consensus chez les scientifiques ».

Libération constate cependant que « les résistances à toute réglementation ambitieuse sont «très fortes». Et vont de pair avec une «tentative d’instrumentalisation de la science», déplore Rémy Slama, épidémiologiste environnemental à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ».

Ce dernier remarque que « les preuves et connaissances scientifiques élémentaires sont mises en doute à des fins politiques, comme cela a été le cas pour le tabac ou l’est encore avec le changement climatique. Les perdants ne sont pas les scientifiques, mais la société ».

Le quotidien relève en effet que « le lobby de l’industrie chimique a tout fait pour affaiblir les critères retenus dans la définition des PE par la Commission. Et ainsi éviter qu’ils ne soient mieux réglementés dans l’UE ».

« Bruxelles a ainsi établi en 2016 qu’«un PE est une substance qui a des effets indésirables sur la santé humaine, qui agit sur le système hormonal et dont le lien entre les deux est prouvé». La définition a provoqué un tollé, tant le niveau de preuves qu’elle demande est élevé », indique le journal.

Libération note par ailleurs que « dans la lutte contre les PE, la France fait figure de leader au sein de l’UE. Le 21 décembre, elle s’était opposée, avec la Suède, à la définition controversée proposée par la Commission, l’obligeant à revoir sa copie. «Un recul dans l’action de l’Union de protection de la santé de nos concitoyens et de notre environnement», déplorait la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, dans une lettre au président de la Commission, Jean-Claude Juncker. La France appelle à une classification des PE en trois catégories : avérés, présumés, suspectés. Comme pour les cancérigènes ».

Le quotidien observe en outre que « les perturbateurs endocriniens se sont invités dans la campagne [à l’élection présidentielle] française : Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon évoquent leur volonté de s’y attaquer, quand Emmanuel Macron ménage la chèvre et le chou. […] C’est Benoît Hamon qui s’y attaque le plus frontalement : il veut interdire «les perturbateurs endocriniens, les nanoparticules et les pesticides dangereux» dans l’alimentation, en vertu du «principe de précaution» ».

 

Date de publication : 28 Février 2017

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