Parfois des anomalies du LCR dans les dépressions

Commentaire. La dépression, une maladie pas seulement psychique.

On retrouve des anomalies du LCR (Liquide Céphalo Rachidien) comme dans les SEP, scléroses en plaque. 

Une augmentation des protéines et des leucocytes. Un aspect auto immun comme dans les SEP. Notons enfin qu’il y a parallélisme entre élévation des leucocytes et tendances suicidaires.
La dépression serait alors proche des maladies auto immunes. Quand nous comprenons que les maladies auto immunes parlent d’un conflit entre soi et soi, nous sommes au coeur de la compréhension des dépressions.

 

L’ARTICLE :

Avec une prévalence vie-entière de l’ordre de 16 %, la dépression constitue la problématique psychiatrique la plus commune. Outre ses formes primaires (essentielles, idiopathiques), il existe de nombreuses formes de « dépressions secondaires » à un contexte organique. Si la distinction de  ces deux types de dépressions est parfois difficile, la prise en compte d’anomalies du LCR peut constituer un examen complémentaire intéressant, comme le montre une étude réalisée entre 2006 et 2013 à Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) sur 125 patients avec troubles dépressifs.

Des altérations dans plus de la moitié des cas

Les analyses ont porté notamment sur les auto-anticorps sériques et du LCR, en complément de l’imagerie cérébrale par résonance magnétique et des tracés électroencéphalographiques. Les auteurs notent que 4 % de ces patients déprimés ont une augmentation des leucocytes dans le LCR. Autres constats, plus marqués : une élévation des taux de protéines dans le LCR chez 46,4 % des sujets, et des anomalies du quotient albumine[1] dans 19,4 % des cas. Au total, les évaluations basiques du LCR montrent « des altérations dans 56 % des cas », avec « des corrélations entre tendances suicidaires et augmentation des leucocytes » dans le LCR (p = 0,002).

Ces anomalies du LCR (élévation des protéines, élévation des leucocytes…) pourraient traduire une « encéphalopathie auto-immune aiguë (discrète) ou chronique. » Les auteurs précisent une limitation importante de leur étude : ne concernant que des patients avec une symptomatologie organique associée au contexte dépressif, elle n’est donc pas représentative du domaine de la dépression essentielle (idiopathic depression). Néanmoins, elle alimente des réflexions sur l’implication de « possibles mécanismes immunologiques » et sur « l’hypothèse vasculaire [2] » dans la dépression.

[1] « Puisque l’albumine n’est synthétisée que par le foie, le quotient (Qalb = albumine-LCR / albumine-sérum) est utilisé comme témoin du fonctionnement de la barrière sang-LCR. » http://www.medicalforum.ch/docs/smf/archiv/fr/2007/2007-07/2007-07-370.pdf
[2] http://www.jle.com/download/pnv-265763-depression_vasculaire_limites_du_concept–V0H@PX8AAQEAABaNApIAAAAD-a.pdf

Dr Alain Cohen

Références

Endres D et coll.: Evidence of cerebrospinal fluid abnormalities in patients with depressive syndromes. J Affective Disord., 2016; 198 : 178–184.

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 122