Moindre efficience cognitive chez l’enfant d’une mère déprimée ou mal nourrie

Commentaire d’Olivier Soulier.

Lettre de la Médecine du sens N° 16.

Encore une pièce montrant le rôle essentiel de la relation mère enfant et les conséquences sur l’enfant des souffrances maternelles. C’est aussi une réponse à ceux qui ne comprennent pas que dès la naissance un enfant peut avoir déjà un lourd handicap et des marques très importantes.

N’oublions pas que «le développement de l’enfant est consubstantiel de l’état et de la relation maternelle».

On note aussi le lien, dépression, nutrition maternelle, problèmes pour l’enfant. La nutrition maternelle ici ou dans d’autres publications apparait comme déterminante pour le développement de l’enfant. La nutrition apparait comme un des transmetteurs à l’enfant. Il y en a surement d’autres.

Je parlerais de la tonicité utérine. La manière dont l’utérus porte l’enfant de façon harmonieuse transmet de nombreuses informations. Trop tonique, trop relâché, mais surtout mal adapté aux réactions et aux besoins de l’enfant, il transmet une infinité de sensations à l’enfant. Ces sensations sont intimement inscrites dans un corps en formation et dans des tonus musculaires qui vont déterminer plus tard des inscriptions et des réactions.

Nous retrouverons cela dans les cuirasses musculaires de Reich, les postures de Godelive Streuf et les chaines musculaires. Plus loin encore dans la position des dents et la forme du crâne et du corps. Une cascade d’une infinie subtilité qui sera ensuite à désamorcer et guérir progressivement. Une inscription corporelle de la dépression maternelle.

 L’ARTICLE

Bien que le contrecoup d’une dépression maternelle sur l’enfant (avant, pendant ou après la grossesse) soit bien établi, on a peu d’informations sur le retentissement préjudiciable de cette dépression et d’une mauvaise alimentation de la mère durant la grossesse sur les fonctions cognitives de l’enfant. Mettant à profit les données de l’enquête longitudinale ALSPAC[1], une étude britannique évalue l’incidence des troubles dépressifs maternels sur le développement cognitif de l’enfant. La symptomatologie dépressive de la mère a été évaluée « à cinq reprises entre la 18ème semaine de grossesse et au 33ème mois après l’accouchement. »  Les informations sur le contexte nutritionnel de la mère ont été recueillies à la 32ème semaine de grossesse et au 47ème mois après l’accouchement, et l’évaluation du développement cognitif de l’enfant est intervenue à l’âge de 8 ans (niveaux de performance et d’efficience verbale établis par la passation du test psychométrique Wechsler Intelligence Scale for Children, WISC).

Pendant la grossesse, des symptômes dépressifs élevés étaient corrélés à une plus mauvaise qualité du niveau nutritionnel de la mère. De plus, les chercheurs ont observé une relation entre la mauvaise qualité du niveau nutritionnel de la mère (« bas niveau d’une alimentation saine ou haut niveau d’une alimentation malsaine ») et une réduction du niveau cognitif de l’enfant (évalué par les résultats du QI). Cette « association prospective » se révèle d’ailleurs « robuste », aussi bien vis-à-vis du contexte dépressif ou nutritionnel affectant la mère après l’accouchement que relativement à « toute une gamme de facteurs de confusion pré ou postnataux » : mère encore adolescente, faible niveau éducatif ou économique de la mère, parité du nombre de grossesses, complications médicales à la naissance, contexte d’addiction chez la mère, vie marginale, violence du conjoint…

Afin de limiter l’incidence d’une mauvaise nutrition maternelle, péjorative pour le développement cognitif de l’enfant, les auteurs préconisent donc de développer des interventions ciblant, dès la période prénatale, une revalorisation de cet environnement nutritionnel.

Dr Alain Cohen

Références

Barker ED et coll.: Prenatal maternal depression symptoms and nutrition, and child cognitive function. Br J Psychiatry 2013 ; 203: 417–421.

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