Maladie bipolaire et migraine, une association privilégiée

Commentaire. Migraines et troubles bipolaires sont souvent associés.

C’est logique. La migraine est liée à une tension interne qui n’arrive pas à se solutionner et finit régulièrement par décharger des crises de souffrance avant de recommencer à travailler jusqu’à la prochaine crise de migraine.

L’ARTICLE :

On a déjà observé que la maladie bipolaire est associée à une prévalence élevée de troubles migraineux, au point que certains auteurs ont proposé de considérer cette association comme un type particuler de maladie bipolaire (un « sous-phénotype ») qui serait caractérisé par un âge de début plus précoce, un risque accru de suicide, une évolution défavorable, émaillée par un nombre plus important d’épisodes (notamment dépressifs) et des comorbidités plus marquées. Cette forme clinique de trouble bipolaire pourrait être associée avec une autre variante méconnue, le trouble bipolaire à commutation rapide (TBCR, rapid cycling bipolar disorder).

Pour approfondir ce sujet, des psychiatres du Brésil ont recherché si des migraines sont observées avec une plus grande fréquence dans le TBCR que lors du trouble bipolaire « classique » (où la commutation d’un pôle thymique à l’autre n’est pas aussi rapide). L’échantillon de population comporte 600 patients (avec 69,5 % de femmes et 90,2 % de troubles bipolaires de type I). Les auteurs constatent que 17,5 % de ces patients avaient été concernés par un TBCR dans l’année écoulée et que 30,5 % ont des antécédents migraineux. Les deux groupes de patients bipolaires (à commutation thymique rapide ou lente) ne présentent aucune différence significative quant à l’âge ni au sexe, mais les sujets relevant d’un TBCR ont des antécédents migraineux plus fréquents que les sujets sans cette étiquette TBCR (respectivement 45,3 % et 31,4 % ; p = 0,01). D’autres associations avec des affections courantes (hypothyroïdie, hyperthyroïdie, comitialité, asthme, diabète) ont aussi été recherchées, mais aucune différence significative n’est apparue en fonction du type de commutation thymique (rapide ou non) propre au trouble bipolaire.

Des hypothèses sont proposées pour expliquer cette association privilégiée entre migraine et maladie bipolaire: mêmes vulnérabilités génétiques, mêmes anomalies en matière de systèmes neurotransmetteurs (sérotoninergiques, dopaminergiques ou glutaminergiques). D’autre part, remarquent les auteurs, certains médicaments (valproate, lamotrigine, quétiapine, lithium) ont une efficacité avérée dans la prévention commune de ces deux maladies (migraine et trouble bipolaire), même si leur indication reste plus ciblée en pratique. L’étude de cette association entre migraine et TBCR mérite d’être approfondie, d’autant plus qu’elle semble confirmer que la comorbidité migraineuse tend à « aggraver le tableau clinique et l’évolution de la maladie bipolaire. »

Dr Alain Cohen

http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/edocs/maladie_bipolaire_et_migraine_une_association_privilegiee__155097/document_actu_med.phtml

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 90