« L’humour défaillant, signe de démence ? »

Commentaire. Un Humour défaillant signe la démence. Tiens donc, alors essayons de rire de tout à défaut de pouvoir le faire avec tout le mode, et si vous avez du mal avec l’humour posez vous des questions.

 

L’ARTICLE :

C’est ce que se demande Le Figaro, qui indique qu’« une étude britannique vient de montrer que des changements d’humour chez une personne pourraient permettre de prédire très précocement la survenue d’une démence ».

Le journal relate ainsi les travaux de chercheurs du Centre de recherche sur la démence (University College London), parus dans le Journal of Alzheimer’s Disease : « Les chercheurs ont interrogé les proches de 48 patients touchés par différents types de démence (aphasie primaire progressive, démence sémantique, maladie d’Alzheimer, démence fronto-temporale) ». 

« Les scientifiques se sont particulièrement intéressés au sens de l’humour des malades d’Alzheimer (60% à 70% des cas de démence) et à celui des malades atteints de démence fronto-temporale (DFT), la plus présente chez les moins de 55 ans. Alors que la première peut être détectée précocement par des difficultés à mémoriser des informations récentes, la DFT se distingue par des modifications du comportement et de la personnalité », précise le quotidien.

Le Figaro observe qu’« en moyenne, les proches des patients atteints de DFT ont repéré un changement d’humour 9 ans avant l’apparition des premiers symptômes. Les malades préféraient les comédies burlesques (Mr Bean, Benny Hill, le dessin animé Tom and Jerry) aux comédies satiriques ou absurdes (Monty Python), plutôt appréciées par les 21 personnes en bonne santé interrogées ».

Le quotidien ajoute que « les malades avaient tendance à rire d’événements insignifiants (une voiture mal garée, un chien qui aboie) ou graves («Lorsque je me suis gravement ébouillanté l’année dernière, il a trouvé cela très drôle», «Je suis asthmatique, et cela le fait rire quand j’ai du mal à respirer», disent les proches) ».

Le Dr Serge Belliard, neurologue au Centre Mémoire de ressources et de recherche du CHU de Rennes et chercheur à l’Inserm, explique ainsi que « les personnes atteintes d’une dégénérescence fronto-temporale ont perdu leur cognition sociale, c’est-à-dire les règles sociales permettant de s’adapter à autrui, mais aussi leur capacité à se mettre à la place de l’autre et à détecter ses émotions. Elles ne peuvent plus comprendre l’humour sarcastique et le second degré. Il leur reste un humour plus basique, celui des enfants en bas âge ».

Le Figaro note donc que « pour les auteurs, «l’humour pourrait être un moyen particulièrement sensible de détecter la maladie», et de distinguer entre elles différentes démences : les patients Alzheimer de l’étude ont majoritairement conservé leur humour d’avant la maladie ».

Le Dr Camilla Clark, coauteur de ce travail, souligne que « les changements de personnalité et de comportement doivent faire l’objet d’études supplémentaires, et les médecins eux-mêmes doivent davantage considérer ces symptômes comme des signes précoces de démence ».

De son côté, le Pr Francis Eustache, directeur de recherches sur les troubles de mémoire et les maladies neurodégénératives à l’Inserm, réagit : « Ces résultats sont assez conformes à ce que l’on pouvait attendre. […] L’étude est originale et met le doigt sur une modification comportementale peu étudiée en neuropsychologie. Mais compte tenu du nombre modeste de patients étudié, considérer l’humour comme un marqueur de la maladie me semble excessif ».

Date de publication : 24-11-2015

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 94