Les homophobes sont psychotiques
Commentaire. Nous versons au débat cette étude.
Les homophobes auraient une tendance psychotique plus forte, alors que l’homosexualité a été considéré longtemps comme une maladie.
D’une façon plus globale, cet article, avec humour, nous dit que nous sommes tous un peu fous, et là, je suis assez d’accord. En fait, chacun s’adapte comme il le peut à ce qu’il a vécu. La sexualité, force de vie fondamentale, tente de s’accomplir dans tous les cas. Chacun ses trucs, ses univers, ses fantasmes, ses solutions. Elles sont à regarder avec l’idée : « par où ai-je besoin de passer pour contourner les obstacles et les souffrances de mon histoire ? Que dois-je mettre en scène et rejouer pour arriver à ma liberté ? Quelles entraves suis-je entrain de tenter de régler ? » Chacun est à la rechercher d’une liturgie qui le délivre.
Alors vu comme cela, normalité théorique, homosexualité, homophobie, et toute autre manière d’aborder la vie, peut se voir dans sa forme de désir de vivre, de structure de protection contre ses blocages et de tentative de solution.
La question est : puisque chacun a son problème et tente de le solutionner, chacun a à porter sa propre difficulté sans la reporter sur les autres, c’est peut-être justement là la limite ?
Nous pouvons refuser les actes sexuels de non respect de l’autre, mais nous devons refuser tout ce qui va transmettre à la génération suivante une difficulté non résolue. Que ce soit des abus sexuels, des abandons, des interdictions de connaitre l’identité de ses parents. Chaque enfant, chaque génération, a le droit de repartir dans la vie, avec deux parents, un père et une mère et d’en connaitre l’identité. Après, que ses parents vivent leur vie différemment, c’est leur problème, mais l’enfant lui a des bases qui lui permettront de vivre son histoire sans entériner l’histoire de la génération précédente.
L’ARTICLE : Manifestation contre la mariage gay aux États-Unis (REUTERS/Toby Melville)
Si certains éprouvent de la haine envers les homosexuels, c’est qu’ils retournent leur douleur contre les autres ou qu’ils se voilent la face.
Le malade n’est peut-être pas celui que l’on croit. Ou plutôt, que les homophobes croient. Alors que l’homosexualité a longtemps été classée comme «maladie mentale», voilà qu’une nouvelle étude montre que les personnes homophobes auraient des tendances psychotiques. Les chercheurs ont interrogé pour ce faire près de 550 étudiants, en leur posant différentes questions pour évaluer à la fois leur degré d’homophobie et déceler d’éventuelles tendances psychologiques. Les résultats sont sans appel.
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«Après avoir débattu pendant des siècles sur le fait de savoir si l’homosexualité pouvait être considérée comme une maladie, nous démontrons pour la première fois que la maladie qu’il faut en fait guérir, c’est l’homophobie», a déclaré le principal auteur de l’étude, Emmanuele A. Jannini, qui est par ailleurs aussi président de la société d’andrologie et de médecine sexuelle. De quoi nous rendre plus tolérants avec les homophobes: oui, eux aussi ils souffrent, même s’ils ne le savent pas.
Tous malades
De manière plus complexe, l’étude montre aussi que nous sommes tous un peu fous (ce que nous savions certes depuis Freud) et que c’est en quelque sorte la manière dont s’exprime cette folie qui fera de nous un homophobe ou une personne tolérante.
«Des tendances psychotiques et des mécanismes de défense immatures peuvent être d’importants facteurs d’homophobie, tandis que la dépression et des mécanismes de défense névrotiques peuvent diminuer le risque de devenir homophobe», écrivent les chercheurs de l’’université de Rome «Tor Vergata», dans un communiqué de presse qui accompagne la sortie de l’étude parue dans le Journal of Sexual Medicine.
En psychologie, les mécanismes de défense immatures consistent par exemple à attribuer à autrui ses propres émotions ou pulsions inacceptables. Les tendances psychotiques conduisent plutôt à se couper du réel. Les défenses névrotiques, elles, sont le fait de tempéraments anxieux, où l’on retourne l’origine de l’angoisse contre soi-même, comme dans la dépression. En clair (et en très simplifié): les homophobes sont des malades qui retournent leur douleur contre les autres ou se voilent la face, les personnes tolérantes vont plutôt avoir tendance à s’en vouloir à elles-mêmes ou à se faire du mal. Tous malades: voilà qui devrait nous permettre de mieux nous comprendre.
http://www.slate.fr/story/106725/homophobes-psychotiques
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 83