Les écrevisses aussi peuvent être anxieuses

Commentaire.

Publié dans la lettre de Médecine du sens n°30

La peur fait partie des sentiments animaux. Mais l’anxiété aussi. C’est une manière de prévoir un danger futur sur la base d’une imagination de risque et ce dans le but unique de rester vivant. Toutes les espèces pour survivre ont du développer ce sentiment. Dans la nature, le danger est survalorisé par rapport aux aspects positifs et sereins de la vie. Vous pouvez vous réjouir tous les jours de choses positives qui vous arrivent, mais il suffira d’une seule fois ou vous n’aurez pas prévu le danger pour mourir. Nous savons aussi que dans notre corps avec notre langue, nous captons les amères à une dose infiniment plus faible que le sucré. En effet la plupart des poisons et des toxiques de la nature sont des amères, alors que le sucré est la plupart du temps un point de repère des aliments positifs, comme les fruits et le miel. Bien sûr jusqu’à ce que des leurres alimentaires et des sucres trafiqués viennent modifier ces notions.

Chez les humains persistent ces bases de survie, souvent à l’origine de la programmation de nos maladies et de nos modes de réaction. Tous les modes réactionnels existent chez les humains. Le stress prolongé ou ancien ramène les humains encore plus vers des réactions de type animal. La conscience les ramène à des modes plus évolués.

 

L’ARTICLE :

Les écrevisses aussi peuvent être anxieuses. C’est une découverte étonnante que vient d’annoncer une équipe de chercheurs français du CNRS et de l’université de Bordeaux dans la revue « Science ».

C’est la première fois que l’on observe un comportement d’anxiété chez un invertébré. Attention, anxiété ne veut pas dire peur. La peur est une réaction largement répandue dans le monde animal. Face à un danger la plupart des animaux manifestent de la peur. Le comportement d’anxiété est différent. Il persiste après coup, c’est à dire qu’il se manifeste alors que le danger ou la cause du stress n’est plus présente.

On savait que l’Homme et quelques vertébrés pouvaient éprouver de l’anxiété. Mais que l’écrevisse, cet invertébré doté d’un cerveau assez rudimentaire composé de quelques dizaines de milliers de neurones seulement comparées aux dizaines de milliards de neurones qui constituent le notre, que cette écrevisse donc, puisse elle aussi manifester de l’anxiété après avoir subit un stress c’est une découverte.

Les tests :

Pour leur étude les chercheurs bordelais ont stressé des écrevisses en les

soumettant à de brefs champs électriques, dans leur aquarium, sur une période de 30 minutes. Au bout d’un moment les bêtes à pinces se sont mises à faire des sortes de bons en arrière comme pour s’échapper de ces champs électriques qu’elles perçoivent et qui, semble-t-il, les dérangent.

Ensuite, pour évaluer l’anxiété de ces écrevisses stressées, les scientifiques les ont placées dans un labyrinthe aquatique en forme de croix. Deux des bras de cette croix étaient éclairés, et deux étaient dans l’obscurité (de façon générale les écrevisses préfèrent naturellement la pénombre qui semble les rassurer mais elles ont aussi une sorte de curiosité qui les pousse à explorer leur environnement y compris les zones éclairées). C’est ce comportement exploratoire que les scientifiques ont voulu évaluer en les mettant dans ce labyrinthe.

Les observations :page2image15336 page2image15496

Les écrevisses sont restées préférentiellement dans les zones sombres de l’aquarium alors que des écrevisses n’ayant pas subi de champs électriques ont exploré l’ensemble du labyrinthe y compris les zones éclairées.

Selon les chercheurs le fait de rester dans les zones sombres de l’aquarium pour les écrevisses stressées est typique d’un comportement d’anxiété. Suite au stress subi, l’animal cherche à minimiser les risques de rencontrer un agresseur.

Des similitudes entre écrevisses et humains :

Les chercheurs ont découvert que chez les écrevisses anxieuses, la concentration de certaines molécules comme la sérotonine augmente. Or nous produisons également cette molécule dans des contextes de stress. Elle régule plusieurs réponses liées à l’anxiété.

Mieux encore, les chercheurs ont montré que s’ils injectaient aux écrevisses anxieuses, un anxiolytique d’usage courant chez l’humain, celles-ci cessaient de se replier dans les zones sombres de l’aquarium. Autrement dit, leur comportement d’anxiété disparaissait. Les écrevisses sont sensibles aux mêmes anxiolytiques que nous.

http://www.franceinfo.fr/emission/info-sciences/2013-2014/info-sciences-

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