L’épilepsie, une maladie auto-immune ?
Commentaire de Olivier Soulier.
Publié dans la lettre de la Médecine du sens N° 19.
Réflexion intéressante, sur l’hypothèse d’origine auto immune de l’épilepsie.
L’auto immunité, nous l’avons dit, relève d’un conflit interne avec introjection puissante d’un non soi, tellement importante et mélangée au soi que le système immunitaire du sujet ne peut que s’attaquer au sujet lui même.
Cette étude parle surtout d’un risque accru d’épilepsie dans les grandes maladies auto immunes.
Pas vraiment d’origine auto immune.
Je pense que épilepsie et auto immunité ont de grands points communs dans leurs mécanismes.
Une profonde non reconnaissance du soi avec des attaques contre soi dans les MAI et des décharges de tension dans l’épilepsie. Une cause peut donner plusieurs effets.
Peut être un jour découvrira t-on un marqueur spécifique de l’épilepsie, mais peu importe, sur le fond la communauté de mécanisme est déjà acquis.
LA vision des maladies change, peut être un jour identifiera t-on un agent microbien. Cela n’aurait rien d’étonnant.
L’ARTICLE / L’épilepsie, une maladie auto-immune ?
Les arguments suggérant un rôle de l’auto-immunité dans le développement de l’épilepsie dite idiopathique s’accumulent. Si ce fait est avéré, il pourrait ouvrir la voie au développement de nouvelles stratégies thérapeutiques pour les épilepsies réfractaires au traitement médical. On n’en est pas encore là car les données actuelles sur le rôle des processus auto-immuns dans l’épileptogenèse proviennent essentiellement d’études animales et d’observations cliniques. Partant de ce constat, une équipe a lancé, aux États-Unis, une grande étude rétrospective de population dont l’objectif était d’évaluer les relations entre l’épilepsie et les maladies auto-immunes (MAI).
Les données analysées concernent plus de 2,5 millions de sujets, majoritairement des adultes de 18 à 65 ans (81,1 %), et douze MAI : le diabète de type 1 (DT1), le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, les maladies de Basedow, de Crohn et cœliaque, la thyroïdite d’Hashimoto, la rectocolite hémorragique (RCH), le lupus érythémateux systémique (LES), les syndromes des antiphospholipides (SAP) et de Sjögren, et la myasthénie. Les cas d’épilepsie pris en compte étaient ceux diagnostiqués deux ans ou plus après l’inclusion avec un suivi ultérieur d’au moins deux ans, soit une prévalence de 0,4 % dans la population de l’étude.
Un risque accru d’épilepsie a été observé chez les sujets atteints d’une MAI (odds ratio OR 3,8; intervalle de confiance 95 %IC95 : 3,6-4 ; p < 0,001). Ce sur-risque est particulièrement élevé chez les enfants (OR 5,2 ; IC95 ; 4,1-6,5 ; p < 0,001). Il concerne toutes les MAI étudiées avec, toutefois, des différences selon leur type. Dans la population âgée de 65 ans ou moins, le SAP est associé à une augmentation du risque de près de 10 fois (OR 9,5) et le LES à un accroissement de plus de 7 fois (OR 7,3). Le DT1 et la myasthénie « élève » également le risque d’épilepsie (OR 5,3 et 5,1). C’est chez les patients psoriasiques que l’effet semble le moins important (OR 1,9).
Les auteurs précisent que leur étude n’apporte pas la preuve d’une physiopathologie commune entre épilepsie et MAI. Cependant, la fréquente coexistence de l’épilepsie avec les MAI les conduit à recommander une surveillance particulière des patients souffrant de l’une ou de l’autre de ces affections. Ils estiment, enfin, que le rôle potentiel de l’auto-immunité devrait être pris en considération dans les épilepsies réfractaires.
Dr Catherine Faber
Références
Ong MS et coll. : Population-Level Evidence for an Autoimmune Etiology of Epilepsy. JAMA Neurol., 2014. Publication avancée en ligne le 30 mars. doi: 10.1001/jamaneurol.2014.188.
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