« L’enseignement médical sous influence en France ».
Commentaire. Les facultés de médecine françaises sous influence de l’industrie pharmaceutique.
« Zéro : c’est la note désastreuse obtenue par les trois quarts des facultés françaises de médecine à la première évaluation des moyens mis en œuvre pour protéger leurs étudiants des conflits d’intérêts ».
Les étudiants aussi témoignent.
Comment former dans ces conditions de futur médecin compétent et capable d’avoir une vrais conscience et un véritable discernement. Ne sommes nous pas juste en train de former des prescripteurs conditionnés à des intérêts mercantiles ?
Les enseignants en premier ne donnent pas le bon exemple puisque nombreux sont en conflit d’intérêt.
L’ARTICLE :
Cécile Thibert constate dans Le Figaro : « Zéro : c’est la note désastreuse obtenue par les trois quarts des facultés françaises de médecine à la première évaluation des moyens mis en œuvre pour protéger leurs étudiants des conflits d’intérêts ».
La journaliste note que « l’étude, dont les résultats ont été publiés dans Plos One, est à l’initiative du Formindep, une association qui milite pour une formation et une information médicales indépendantes ».
Cécile Thibert s’interroge ainsi : « Les universités surveillent-elles les petits cadeaux et repas offerts par les entreprises de médicaments ou de dispositifs médicaux ? Comment sont encadrées les interventions des représentants de l’industrie ? L’université délivre-t-elle des formations sur les conflits d’intérêts? Les enseignants déclarent-ils leurs liens d’intérêts aux étudiants ? […] ».
La journaliste explique qu’« entre mai et décembre 2015, les auteurs de l’étude ont évalué 13 critères, basés sur ceux de l’Association américaine des étudiants en médecine qui, depuis 2007, mène tous les ans son enquête. Une initiative qui a conduit à une amélioration fulgurante, puisqu’en 2014, plus des deux-tiers des facultés américaines avaient établi des règles ».
Cécile Thibert indique que « pour chaque item, les universités ont été notées sur une échelle allant de 0 à 2, 0 signifiant une absence de prise en charge, 1 l’existence d’une politique modérée et 2 celle d’une politique stricte ».
Le Dr Jean-Sébastien Borde, coauteur de ce travail et néphrologue à l’hôpital Saintonge, à Saintes, remarque : « Nous avons commencé par chercher sur Internet d’éventuelles chartes et règlements intérieurs, mais nous n’avons rien trouvé ». La journaliste note que « les chercheurs ont alors écrit aux doyens des universités afin de s’assurer qu’aucun document ne leur avait échappé ».
Cécile Thibert souligne que « seules 3 universités ont répondu à la missive : Lyon Est, Angers et Toulouse Purpan. Avec 5 points sur 26, la première obtient la meilleure place du classement ».
La journaliste relève notamment que « l’université lyonnaise a rappelé son opposition à l’organisation d’examens par les firmes pharmaceutiques, ce qui, bien qu’interdit, a toujours lieu de manière détournée, selon Jean-Sébastien Borde. L’université d’Angers, sur la seconde marche du podium, a précisé l’existence d’un enseignement optionnel sur les conflits d’intérêts pour les étudiants de quatrième année, tout en indiquant que, «compte tenu de la situation financière actuelle, les universités ne pouvaient se passer des financements privés» ».
Cécile Thibert souligne que « faute d’obtenir des réponses de la part des responsables d’université, les auteurs de l’étude se sont tournés vers des enseignants et des étudiants. Ces entretiens ont permis de révéler que seules 9 universités avaient commencé à mettre en place un embryon de politique d’encadrement ou bien à dispenser une formation sur les conflits d’intérêts ».
« Par ailleurs, aucune université n’impose à ses enseignants de déclarer leurs liens d’intérêts, alors même que cette démarche est obligatoire depuis mars 2016 », continue la journaliste.
Le Dr Borde précise que « nous ne voulons pas pointer du doigt un individu, mais un système », relevant que « la présence des laboratoires dans les universités n’est pas un sujet, car la plupart des professeurs ont des liens d’intérêts et considèrent que cela ne les influence pas. Or plusieurs études montrent que cela a des conséquences importantes sur la prescription des futurs médecins ».
Cécile Thibert remarque ainsi que « force est de constater que, dans l’Hexagone, l’université est encore une zone de non-droit. Si les notes attribuées aux universités semblent à première vue d’une sévérité excessive, elles sont symptomatiques de certains dysfonctionnements sanitaires ».
Pierre Bienvault se penche également dans La Croix sur ces « étudiants en médecine trop exposés à l’influence de l’industrie pharmaceutique ».
Le journaliste remarque que « sur 37 doyens, seuls 3 ont répondu à l’enquête. Pour en savoir plus, Paul Scheffer et son petit groupe sont donc allés chercher des informations sur les sites Internet des facultés ou via des contacts sur le terrain. Finalement, c’est la faculté de Lyon-Est qui arrive en tête suivie par celle d’Angers. Mais la principale conclusion est que seulement 9 facultés sur 37 ont pris des initiatives pour se prémunir contre les conflits d’intérêts ».
Paul Scheffer, doctorant en sciences de l’éducation, constate que « ce classement, qui est une première en France, montre que la situation n’est pas brillante ».
Pierre Bienvault ajoute que « les services hospitaliers sont également en ligne de mire. Car ce sont lors des stages pratiques que les étudiants sont le plus en contact avec l’industrie. Notamment lorsqu’ils assistent à des réunions organisées par des visiteurs médicaux ».
« Heureusement, certains étudiants se mobilisent sur le terrain. Ainsi, la Troupe du rire, un collectif d’étudiants, a édité une brochure de 30 pages pour aider les futurs médecins à «garder leur indépendance» face aux laboratoires », poursuit le journaliste.
Le Monde relève aussi que « les étudiants en médecine [sont] soumis à l’influence des laboratoires pharmaceutiques », et indique : « Ils sont plusieurs soignants et étudiants en médecine à témoigner, auprès du Monde, de ces idylles que les laboratoires pharmaceutiques s’efforcent de nouer au plus tôt, avec les étudiants en médecine, prescripteurs de médicaments de demain ».
Date de publication : 11 Janvier 2017
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 149