Le suicide après un AVC…
Commentaire.
les suicides plus fréquents après AVC viennent bien témoigner du sens des AVC. Des personnalités fortes, souvent intellectuellement dominantes, qui sont mises en échec. Elle sont poussées à la constatation de l’échec de leur mode de fonctionnement, ce qui peut les plonger dans le désespoir, d’où le risque de suicide.
L’important serait de bien comprendre tout cela pour pouvoir comprendre le sens des AVC comme nous pouvons comprendre aussi le sens des insuffisances cardiaques.
L’ARTICLE :
Ȇtre victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) peut alimenter des pensées suicidaires et même conduire à passer à l’acte, particulièrement chez les sujets jeunes. Les tentatives de suicide (TS) et suicides réussis (SR) dans cette population de patients sont elles également influencées par le statut socio-économique ou par des caractéristiques particulières?
C’est ce qu’a tenté de démêler une équipe Suédoise à partir de l’étude de 220 336 malades figurant dans le registre Suédois des AVC : le Registre Riksstroke couvrant 94 % des AVC hémorragiques ou ischémiques aigus hospitalisés en Suède. Au cours d’un suivi de 12 ans (860 713 patients années) il y a eu 1 217 tentatives de suicides parmi 985 patients dont 260 ont été fatales, soit un taux de suicides de 30 pour 100 000 patients années (PA), plus élevé que celui de 16 suicides sur 100 000 PA de la population générale suédoise.
Les malades les plus jeunes (18-54 ans) ont un risque multiplié par 6 comparé à ceux de plus de 85 ans de faire une TS. Les hommes ont un risque augmenté par rapport aux femmes (Hazard Ratio [HR]:1,39).
Après ajustement pour l’âge et le sexe, les sujets vivant seuls ont un risque de suicide augmenté par rapport aux sujets mariés ou concubins (HR = 1,73, intervalle de confiance à 95 % [IC95 %] 1,52-1,97). Les personnes dont le niveau scolaire ne dépasse pas le primaire ou le secondaire et avec un faible revenu ont également davantage de risque de faire une TS que celles ayant fait des études supérieures et avec un revenu élevé (HR=1,37, IC 95 % 1,11-1,68).
Les patients nés hors Europe présentent en revanche un plus faible risque de suicide que ceux nés en Europe.
Soixante-treize pour cent des malades ont eu recours à des substances chimiques, 16,4 % à la pendaison, la noyade ou une arme à feu, 5,6 % ont utilisé un couteau, 3,6 % ont provoqué un accident de voiture.
Le taux incident de suicide était plus élevé dans la première année après l’AVC, à 2,2 tentatives de suicide pour 1 000 patients années. Puis il a diminué à 1,3 la deuxième année, 1,1 la troisième puis 0,8 les années suivantes.
Ces résultats montrent que les patients qui se suicident après un AVC ont le même profil que ceux qui commettent le même geste dans la population générale.
Les auteurs estiment que même si TS et SR sont relativement rares après un AVC, il est possible d’identifier un sous groupe de malades à haut risque grâce aux indicateurs cliniques et socio économiques. Dans ce sous groupe à haut risque, il apparaît nécessaire de mener des interventions préventives (prise en charge d’une dépression, lutte contre l’isolement social).
Dr Juliette Lasoudris Laloux
Références
Eriksson M et coll., : Poststroke suicide attempts and completed suicides
A socioeconomic and nationwide perspective. Neurology, 2015 ; 84 : 1732-1738
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 71