Le paracétamol au cours de la grossesse aurait un impact sur le développement neurologique ?

Commentaire. La prise du paracétamol chez la femme enceinte favoriserait chez l’enfant à naitre 

30% en plus de risque d’hyper activité et de troubles de l’attention.

Plus des troubles autistiques chez les garçons. 

La neurotoxicité du paracétamol est maintenant assez évidente et reconnue.

 

 

L’ARTICLE :

Le paracétamol est largement utilisé chez les femmes enceintes. Pourtant, il pourrait altérer le développement neurologique et entraîner l’apparition de troubles du déficit de l’attention/hyperactivité des enfants qui y aurait été exposé in utero ou après la naissance. C’est ce qu’indiquent les résultats de plusieurs études épidémiologiques menées ces dernières années, suggérant aussi un lien entre une exposition précoce au paracétamol et l’augmentation de troubles du spectre autistique.

Une étude de cohorte prospective incluant 2 644 femmes enceintes espagnoles a évalué les effets neuropsychologiques et comportementaux d’enfants exposée ou non au paracétamol in utero. L’exposition et la fréquence d’utilisation (jamais, occasionnellement ou régulièrement) étaient renseignée aux  12ème et 32ème semaines de grossesse. L’évaluation neurocomportementale des enfants à 1 et 5 ans, comportait une batterie standardisée de plusieurs tests et d’outils de diagnostic spécifiques (définies par le DSM-IV). Les analyses tenaient compte des déterminants sociaux et comorbidités.

30 % de risque en plus d’hyperactivité et de troubles de l’attention

Près de 40 % des enfants suivis avaient été exposés au moins une fois au paracétamol in utero. Ces enfants étaient plus à risque de présenter des symptômes d’hyperactivité/impulsivité à 5 ans (risque relatif RR = 1,41 ; intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 1,01 à 1,98). Ceux ayant été exposés de manière régulière avaient de moindres capacités d’attention comme en témoignait le plus grand nombre d’erreurs d’omissions (RR  = 1,29 ; IC95 de 1,02 à 1,64).

Parmi les mécanismes possibles, le paracétamol pourrait altérer différents stades du développement des neurones, via la stimulation du système endocannabinoïde. Il est aussi suspecté de se comporter comme un perturbateur endocrinien qui pourrait interférer avec le développement cérébral du fœtus.

Plus de troubles autistiques chez les garçons exposés régulièrement

Le nombre de symptômes du spectre autistiques était plus élevé uniquement chez les garçons exposés, et en particulier de manière régulière (p test de tendance = 0,006).

Parmi les hypothèses avancées pour expliquer ces résultats, on suspecte un métabolisme différent selon le sexe, et un cerveau masculin plus vulnérable au stress précoce, ce qui entraînerait davantage de troubles autistiques.

L’exposition prénatale au paracétamol n’avait en revanche aucun impact sur le développement social ou cognitif général.

Cette étude a pris en compte un grand nombre de facteurs de confusion potentiels, à l’exception des facteurs génétiques. L’ensemble de ces résultats est à confirmer sur un plus grand nombre de sujets, avec une mesure plus précise des doses administrées. Ces associations semblant être dépendantes de la fréquence d’exposition, il serait ainsi intéressant de confirmer l’existence d’un effet-dose. L’étude des mécanismes à l’origine de la neuro-toxicité du paracétamol sont également  attendus.

Dr Natacha Marpillat

Référence

Avella-Garcia CB et coll. : Acetaminophen use in pregnancy and neurodevelopment: attention function and autism spectrum symptoms. Int J Epidemiol. 2016. Publication avancée en ligne le 28 juin 2016.

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 128