Le glyphosate impliqué dans le risque de malformations congénitales au Mato Grosso

Commentaire. Le glyphosate impliqué dans les malformations congénitales dans le Mato Grosso.

 

L’ARTICLE :

L’état du Mato Grosso est, à l’ouest du Brésil, est l’une des régions du monde où la biodiversité est la plus riche. L’économie de l’état est basée sur l’agrobusiness et le Mato Grosso est aussi le plus grand utilisateur de pesticides du pays, avec 34 l par habitant en 2009, contre 3,7 l par habitant en moyenne sur l’ensemble du Brésil. La plus grande partie de ces pesticides est constituée par le désormais très fameux glyphosate.

Au delà d’avoir un possible effet cancérigène, le glyphosate est soupçonné d’être aussi à l’origine de malformations congénitales. C’est ce qu’a voulu vérifier une équipe brésilienne,  en réalisant, en 2011, une étude cas-témoin dans l’hôpital de la capitale du Mato Grosso, Cuiabá. L’étude a inclus 137 cas et 274 témoins.

Risque multiplié par 4 quand le père a été exposé et par 8 quand la mère a lavé son linge sans précaution !

Les résultats rajoutent encore aux éléments à charge contre le glyphosate, puisqu’il apparaît que le fait que le père ait travaillé dans une ferme ou ait appliqué des pesticides même en dehors d’un cadre professionnel, multiplie par 4 le risque pour les enfants de présenter des malformations congénitales, quel que soit le niveau d’éducation de la mère. Mais le risque est multiplié par 8 si la mère a un faible niveau d’éducation.

Notons que les femmes mariées ou vivant en couple ont un risque d’avoir un enfant atteint de malformation supérieur à celui des célibataires. Les auteurs apportent une explication que certain(e)s estimeront « genrée », mais qui a été avancée aussi pour l’exposition à l’amiante des femmes d’ouvriers. En effet, cela tiendrait au fait que les femmes s’occupent du lavage des vêtements de travail des hommes et sont ainsi exposées elles aussi aux pesticides. Pour l’influence du niveau d’éducation de la mère, toujours selon les auteurs, elle viendrait de ce que les femmes moins éduquées prendraient moins de précautions pour manipuler le linge.

Quoiqu’il en soit, les résultats sont conformes à ceux d’autres études déjà menées, en Amérique latine ou en Espagne. Ils apportent une nouvelle pièce au dossier des opposants au glyphosate qui demandent avec force l’interdiction totale de l’utilisation de ce pesticide.

Dr Roseline Péluchon

Références

Ueker M.E. et coll. : Parenteral exposure to pesticides and occurence of congenital malformations: hospital-based case–control study.

BMC PediatricsBMCseries – open, inclusive and trusted201616:125

http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/21_gyneco/e-docs/le_glyphosate_implique_dans_le_risque_de_malformations_congenitales_au_mato_grosso__160925/document_actu_med.phtml

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 134