Le Dr Irène Frachon réagit à l’ouvrage des Pr. Even et Debré
Commentaire. Le Pr Even radié du Conseil de l’ordre.
Pour avoir osé critiquer les médicaments et donner la liste des médicaments dangereux et inutiles. Il dénonce aussi les liens de collusion entre médecine et laboratoires.
Certes, on pourra relever que ses propos ne sont pas très châtrés, l’ordre dirait non déontologiques, mais il les a écrit après avoir demandé lui-même sa radiation et dans ce sens, quelqu’un qui n’est plus membre de l’ordre, n’est pas soumis aux règles de l’ordre.
Mais l’essentiel n’est pas là. Sur le fond, après le médiator, la pilule 3° génération et la Dépakine, il faut bien reconnaitre que le système du médicament a du plomb dans l’aile, ou au moins dans la crédibilité.
Le scandale des médicaments à prix indécent pourrait aussi choquer tout médecin désireux d’assurer des soins à ses patients selon les règles de probité. Entre le Solvadis (médicament contre l’Hépatite C) , le Lucentis 20 fois plus cher que l’Avastin (voir lettre 144, lien : https://www.lessymboles.com/les-rates-de-lavastin-ou-comment-passer-a-cote-de-grosses-economies/). Les médicaments contre l’Alzheimer inutiles, voir dangereux, mais que la ministre ne veut pas retirer du marché, au point qu’il faut que les syndicaux de médecins demandent à leurs adhérents de ne plus les prescrire.
Où sont les autorités compétentes ?
Les milliards perdus qui pourraient être utilisés à meilleurs fins ? Des patients mis inutilement en danger.
Voilà, Even grand médecin est radié, est ce que cela va protéger et aider les patients ? Cela reste à démontrer. Notez qu’il dit qu’il s’en fiche et qu’il considère cela comme une décoration.
Je pense qu’il serait peut être bien de créer le prix Galilée, à décerner à tous ceux qui comme cet auguste scientifique ont dit une vérité scientifique mais qui heurtait des intérêts et des susceptibilités.
Ah, j’oubliais, il faut le dire poliment… à défaut d’être polissé.
Notez que notre très cher ministre du budget Jérôme Cahuzac et grand fraudeur avait écopé lui de 1 mois de suspension en son temps. Equilibré, vous ne trouvez pas ?
Le quotidien du médecin publie une chronique où Even est comparé à Galilée. Mon cher Gérard vous n’êtes pas le seul à avoir cet avis qu’ Even est comme Galilée.
Lisez aussi la réaction d’Irène Frachon, le médecin du film « La fille de Brest » qui a soulevé le scandale du Médiator.
L’ARTICLE :
Médicaments inutiles, dangereux. Dans leur dernier ouvrage, « Le guide des 4 000 médicaments utiles, inutiles, ou dangereux », les Pr. Philippe Even et Bernard Debré lancent une nouvelle charge contre l’industrie pharmaceutique. Le Dr Irène Frachon – pneumologue au CHU de Brest – a été la première à donner l’alerte sur la dangerosité du Mediator, une affaire devenue l’un des plus grands scandales sanitaires depuis l’affaire du sang contaminé. Elle réagit à l’ouvrage des Pr.Even et Debré.
- Etes-vous étonnée par les affirmations des Pr. Even et Debré selon lesquels près d’un médicament sur deux serait inutile voire dangereux ?
Dr Irène Frachon : « Je ne suis pas très étonnée car je pense qu’il y a eu, ces dernières années, une dérive de prescriptions et de surprescriptions et que ce mode de fonctionnement est devenu un mal français. Concernant le chiffre d’un médicament sur deux, je ne sais s’il est juste ou non, mais qu’il y ait suprescription de médicaments peu utiles – et pas toujours consommés d’ailleurs, qui vont surcharger nos armoires à pharmacies familiales – cela est une évidence. Cette surprescription médicamenteuse – qui était la règle – a engendré une multiplication des effets secondaires et des effets toxiques des médicaments. »
- Comment expliquer cette particularité française ?
Dr Irène Frachon : « Je pense que l’impact de l’ordonnance, qui conclut obligatoirement la consultation, fait en quelque sorte partie du « pacte médical ». J’ai l’impression que ce schéma « examen, diagnostic, ordonnance » est quelque chose de sociologiquement et culturellement très ancré. C’est le rapport à la médecine et aux médecins qu’il faudrait explorer. Et l’industrie pharmaceutique exploite cet état d’esprit : à un symptôme doit répondre un traitement.
« Prenez par exemple le Vastarel®, un médicament des laboratoires Servier, il ne sert à rien ! C’est un médicament inventé pour traiter des symptômes que l’on ne sait pas expliquer. Les indications sont totalement farfelues : vertiges, baisse d’acuité visuelle, etc. En fait, ce sont principalement des troubles du vieillissement. Mais ce médicament a été autorisé par des experts, prescrit – pendant des années – à des milliers de personnes âgées et massivement remboursé par l’Assurance-maladie… Et aujourd’hui on s’aperçoit, à la façon dont cela a été réévalué par les autorités sanitaires, comment des médicaments absolument inutiles ont été introduits sur le marché. »
- Pourquoi la France a-t-elle autant de mal à faire le ménage sur le marché du médicament ?
Dr Irène Frachon : « Je pense que l’on commence seulement à prendre conscience de l’infiltration massive de l’industrie pharmaceutique dans les milieux universitaires, médicaux et politiques… De la pratique médicale à la recherche clinique, universitaire et jusqu’aux médecins. L’industrie pharmaceutique fait la loi et on voit à quel point, et avec quelle violence, elle tente de baillonner le débat public. Mais si l’on veut sauver l’innovation thérapeutique, il faut dépolluer ce milieu. Il faut absolument sortir de ce système qui détourne les moyens financiers – qui sont de plus en maigres – vers des développements qui ne servent à rien. »
- Les choses vous semblent-elles avoir changé depuis le scandale du Mediator ?
Dr Irène Frachon : « C’est un peu tôt pour le dire, mais j’ai le sentiment qu’il y a eu un ébranlement assez profond de la confiance médicale et dans les milieux de la santé publique. Ce que je vois, c’est que les milieux politiques et les autorités de santé écoutent davantage les acteurs qui tirent la sonnette d’alarme. Ça, c’est très clair. Mais ce n’est pas pour autant gagné parce que l’industrie pharmaceutique est toujours là pour défendre son pré carré, les enjeux économiques et financiers étant colossaux. »
Par Dominique Tchimbakala
Rédigé le 14/09/2012
Le Dr Irène Frachon réagit à l’ouvrage des Pr. Even et Debré
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 145