La vodka tue, c’est prouvé ! C’est normal, c’est le but !!!
Commentaire de Olivier Soulier.
Publié dans la lettre de Médecine du sens n° 14
«La vodka tue, c’est normal, c’est le but !».
Je vais refaire à Paris le séminaire sur le sens des désirs alimentaires.
Du 6 au 9 mars 2014.
https://www.lessymboles.com/seminaire/le-sens/
C’est l’occasion de comprendre le sens de cet article.
L’Alcool des enfants perdus et des esclaves de leur histoire.
C’est un alcool de survie.
Boisson des russes, peuple au romantisme désespéré.
Peuples captifs et assoiffés de vengeance. La vodka c’est la boisson des esclaves russes. Esclaves des maîtres, mais maitre esclaves d’eux mêmes, de leurs limites et de leur violence.
Pays ou les enfants sont langés serrés comme des poupées russes. Cela limite leurs mouvements et leur donne à l’âge adulte une mentalité d’esclaves.
La vodka doit avoir un rôle libérateur.
La Vodka est d’ailleurs le seul alcool que l’on peut préparer avec presque n’importe quoi.
Cela montre bien a quel point la souffrance est telle que l’on a quitté sa propre origine et que l’on se balade entre la survie et la mort.
«Qu’importe le flacon pourvu qu’on aie l’ivresse».
L’ARTICLE
Philipe Pétain s’était rendu célèbre (entre autres !), par l’aphorisme inattaquable : le feu tue. Richard Peto renforcera-t-il sa notoriété en épidémiologie avec la conclusion tout aussi inattaquable d’une étude qu’il cosigne : la vodka tue.
En substance, des épidémiologistes russes, britanniques, français et américains se sont associés pour évaluer les conséquences sur la mortalité de la consommation d’alcool et plus spécifiquement de celle de vodka couramment utilisée pour des alcoolisations massives. Il s’agissait de démontrer de façon prospective que la quantité de vodka absorbée était corrélée à l’excès considérable de mortalité prématurée constatée ces dernières décennies en Russie. Si on sait en effet que, par exemple en 2005, 37 % des hommes russes décédaient avant l’âge de 55 ans contre seulement 7 % au Royaume Uni, la corrélation entre ce phénomène et la consommation excessive d’alcool ne reposait jusqu’ici principalement que sur des études rétrospectives soumises à de multiples biais. David Zaridze et coll. ont donc mis en place un travail prospectif dans 3 villes de Sibérie occidentale ; 151 000 adultes, exempts d’affections pouvant influer sur la consommation d’alcool, ont ainsi pu être recrutés entre 1999 et 2008 et suivis jusqu’en 2010. Pour chaque sujet on connaissait la consommation de vodka déclarée (mesurée en bouteille d’un demi litre par semaine) et les causes éventuelles du décès.
35 % de décès à 20 ans chez les gros buveurs de vodka
Les résultats montrent que, chez les hommes fumeurs (n= 57 361), le risque estimé de décès dans les 20 ans dans la tranche d’âge 35-54 ans passe de 16 % chez les sujets déclarant consommer moins d’une bouteille de vodka par semaine à l’inclusion, à 20 % entre une et 2,9 bouteilles par semaine et à 35 % au delà de 3 bouteilles (p<0,0001). Les risques correspondants pour la tranche d’âge 55-74 ans étaient de 50 %, 54 % et 64 % pour les 3 niveaux de consommation de vodka hebdomadaire. Dans les deux tranches d’âge étudiées, l’excès de mortalité chez les gros buveurs était attribué essentiellement à des causes externes de décès et à des affections connues comme étant liées à la consommation d’alcool (cancers des voies aérodigestives supérieures ou du foie, affections hépatiques, tuberculose, pneumonies, pancréatites aiguës, syndromes coronariens aigus sans infarctus…).
Malgré son ampleur exceptionnelle cette étude n’est bien sûr pas exempte de limite : focalisation sur les hommes fumeurs (en raison de la mortalité « trop » limitée chez les femmes et les non fumeurs), faible proportion de gros buveurs parmi les sujets suivis (19 % des hommes seulement déclaraient boire plus d’une bouteille de vodka par semaine), non prise en compte des autres types d’alcool absorbés, variations de la quantité de vodka absorbée au fil des années, surtout biais liés à l’autodéclaration de la consommation hebdomadaire qui est probablement sous estimée rendant la corrélation entre vodka et mortalité sans doute inférieure à la réalité.
Malgré ces écueils, les auteurs peuvent conclure que la consommation excessive de vodka, dans le cadre de ce que l’on nomme désormais binge drinking, explique pour une large part la surmortalité constatée en Russie par rapport à l’Europe occidentale et constitue une cible devant être privilégiée pour les actions de prévention. Ceci est d’ailleurs corroboré par le parallélisme entre les taux de mortalité chez les hommes russes de 15 à 54 ans et les fluctuations de la consommation de vodka dans le pays depuis 1980 en fonction des bouleversements politiques et des mesures prises pour limiter cette consommation.
Donc la vodka tue…
Dr Nicolas Chabert
Références
Zaridze D et coll.: Alcool and mortality in Russia: prospective observationnal study of 151 000 adults. Lancet 2014, publication avancée en ligne le 31 janvier 2014 (doi: 10.1016/S0140-6736(13)62247-3).
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