« La viande rouge est ‘probablement’ cancérogène »
L’ARTICLE :
Le Monde constate que « les soupçons se confirment. Dans un document mis en ligne [hier] et publié parallèlement dans The Lancet Oncology, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS, a annoncé le classement de la consommation de viande rouge comme «probablement cancérogène pour l’homme» (Groupe 2A). Celle des produits carnés transformés a été classée comme «cancérogène pour l’homme» (Groupe 1) ».
Le journal relève que « ces conclusions rejoignent celles avancées par l’Institut national du cancer (INCa) dans un état des lieux des connaissances publié en juin, qui considérait comme un facteur de risque «les viandes rouges et charcuteries pour le cancer du côlon-rectum» ».
Le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC, remarque que « ces résultats confirment les recommandations de santé publique actuelles appelant à limiter la consommation de viande. Dans le même temps, la viande rouge a une valeur nutritive. Par conséquent, ces résultats sont importants pour permettre aux gouvernements comme aux organismes de réglementation internationaux de mener des évaluations du risque, et de trouver un équilibre entre les risques et les avantages de la consommation de viande rouge et de viande transformée, ainsi que de formuler les meilleures recommandations alimentaires possibles ».
Le quotidien constate que « l’industrie de la viande n’a pas attendu la publication de la synthèse du CIRC pour riposter. Réagissant aux échos parus dans la presse britannique ces derniers jours, l’Institut nord-américain de la viande considérait que, dans le cas d’une classification comme cancérogène probable ou avéré des produits carnés, «l’agence défierait à la fois le sens commun et des dizaines d’études ne montrant pas de corrélations entre viande et cancer, et d’autres montrant les nombreux bénéfices sanitaires d’un régime incluant de la viande» ».
Le Monde précise que « l’étude du CIRC porte sur 800 études sur le cancer chez l’homme, examinées par 22 experts venus de 10 pays différents. […] Le groupe de travail s’est fondé sur la base d’«indications limitées» selon lesquelles la consommation de viande rouge est associée au développement du cancer colorectal chez l’homme ».
Le journal note que « l’adjectif «limitées» signifie que cette association peut relever d’autres explications (hasard, biais, facteurs de confusion). Mais elle est soutenue par de «fortes indications» sur les mécanismes accréditant un effet cancérogène de la viande rouge. De fortes présomptions pèsent sur le rôle du fer héminique (présent dans le sang que contient la viande), ainsi que, dans le cas des charcuteries, celui des nitrates et nitrites utilisés pendant leur fabrication. Il existe également des données indiquant des liens avec le cancer du pancréas et le cancer de la prostate ».
Le Monde ajoute que « pour la viande transformée, les experts disposaient d’«indications suffisantes» selon lesquelles la consommation de viande transformée provoque le cancer colorectal. Pour autant, le classement dans le groupe 1, qui comprend également l’amiante et le tabac, ne veut pas dire que la viande transformée soit aussi dangereuse que ces autres facteurs de cancer. Le CIRC rappelle que ses classifications «décrivent la force des données scientifiques sur un agent comme étant une cause de cancer, mais n’évaluent pas le niveau du risque» », souligne le quotidien.
Le quotidien observe donc que « les experts du CIRC ont conclu, sur la base des données de dix études, que chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal de 18% ».
« Le risque de cancer associé à la consommation de viande rouge est, lui, plus difficile à estimer. Toutefois, si la causalité des associations rapportées entre la consommation de viande rouge et le cancer colorectal était prouvée, les données des dix mêmes études analysées par le CIRC laissent penser que le risque de cancer colorectal pourrait augmenter de 17% pour chaque portion de 100 grammes de viande rouge consommée par jour », indique le journal, ajoutant que « les experts du CIRC ne peuvent, en revanche, se prononcer sur le rôle exact de la cuisson ».
La Croix constate aussi qu’« une agence de l’OMS a mis en garde […] contre le risque de cancer lié à la consommation de viande rouge et surtout de «viande transformée» ».
Le journal relève entre autres que « selon le CIRC, on estime à environ 34.000 dans le monde le nombre annuel de décès par cancer qui sont imputables à une alimentation riche en viandes transformées. Tout en soulignant, que la consommation de viande rouge «n’a pas encore été établie comme cause de cancer», l’agence de l’OMS indique que les régimes riches en viande rouge pourraient être responsables de 50.000 décès par cancer par an à travers le monde ».
Le Parisien relaie l’information et souligne que « le fait de ranger les charcuteries, et autres viandes transformées, dans le groupe des agents qui sont des causes de cancer, comme le tabac ou l’amiante, ne veut pas pour autant dire qu’ils sont tout aussi dangereux, note le CIRC ».
De son côté, Libération évoque « les lectures anxiogènes d’une étude » et souligne que « le classement du CIRC ne porte que sur le «principe» de la cancérogenèse. Mais il ne dit rien de l’intensité du risque encouru, ni d’une hiérarchie des risques, ni des conséquences qu’aurait la décision de se protéger, par exemple, du risque de cancer colorectal lié à la viande en écartant totalement celle-ci de son régime alimentaire. Or c’est bien en effectuant ces comparaisons que l’on peut répondre à la question : «Est-ce grave docteur et que dois-je faire ?» ».
Le quotidien ajoute que « ce nouvel épisode de l’information scientifique renouvelle l’interrogation sur la manière dont elle est transmise aux consommateurs et aux citoyens. […] Le message à retenir de cette étude semble être de viser un niveau de consommation de viande plus élevé pour les populations en sous-nutrition et plus faible pour celles où l’obésité est répandue en raison d’un régime trop riche en graisses et trop carné ».
Le Figaro note aussi que « l’excès de viande rouge [est] classé cancérogène », et publie notamment un entretien avec le Pr Philippe Legrand, qui dirige le laboratoire de nutrition humaine de l’agrocampus Inra, à Rennes.
Le spécialiste rappelle que « la viande est une source majeure et équilibrée de protéines. […] Il y a une très grande différence de richesse protéique entre les produits végétaux et animaux. […] Les animaux, qui font eux-mêmes un travail de synthèse de protéines lorsqu’ils s’alimentent, nous apportent, quand nous les mangeons, une variété inégalable d’acides aminés dont certains sont indispensables parce que nous ne savons pas les fabriquer. Les végétaux […] apportent peu de ces acides aminés indispensables et ne nous prémâchent pas autant le travail. […] Sans protéines animales, difficile d’éviter des carences ».
Les Echos remarque également que « la viande transformée a été classée cancérogène par une agence de l’OMS. Un risque qu’il convient de relativiser au regard du tabac ou de l’alcool », ajoute le quotidien.
Date de publication : 27-10-2015
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 89