La ‘superbactérie du sexe’ qui n’en est pas une…
Revue de presse Mediscoop du 2013-11-19
LA NOTE D’HUMOUR D’OLIVIER SOULIER :
Ah ! culpabilité quand tu nous tiens…
Avec la version industrie pharmaceutique. «Ah ! cash flow quand tu nous tiens». Bien évidement un tel marché ne va pas laisser indifférents. Ca fait toujours du bien d’imaginer quelques milliards de plus.
L’ARTICLE :
Le Point s’intéresse à « une campagne médiatique venue d’Amérique [qui] laisse craindre la propagation d’une bactérie plus ravageuse que le sida. Qu’en est-il vraiment ? », s’interroge l’hebdomadaire. Le magazine explique que « depuis plusieurs semaines, la rumeur d’une « super bactérie du sexe » affole les réseaux sociaux. La bactérie H041 […] « serait bien pire que le sida, capable de tuer en quelques jours et de se propager rapidement d’homme à homme » ».
Le Point note que « des chercheurs américains prennent la menace très au sérieux, et ont réclamé 38 millions de dollars aux autorités sanitaires afin d’endiguer tout risque de pandémie. Mais selon des scientifiques français, derrière cette bactérie au nom mystérieux se cache un banal gonocoque, une bactérie responsable de maladies sexuellement transmissibles et le risque serait exagéré par leurs collègues d’outre-Atlantique ».
Le magazine relève ainsi que « le Dr Béatrice Berçot et le Pr Emmanuelle Cambau (bactériologistes, laboratoire associé au Centre national de référence des gonocoques) ainsi que le Dr François Lassau (praticien hospitalier, membre du syndicat des dermato-vénéréologues) du groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand Widal (APHP) de Paris se veulent rassurants ».
Ces derniers rappellent que « le gonocoque est responsable d’une urétrite très douloureuse que l’on appelle vulgairement chaude-pisse ou gonorrhée. La bactérie a aussi la particularité de pouvoir se loger au niveau de l’anus, de l’utérus et de la gorge. […] Malgré les rumeurs, « elle n’est pas plus virulente et ne se transmet pas plus facilement que les autres souches » ».
Les spécialistes français observent que « le gonocoque H041 n’est pas plus dangereux qu’un autre gonocoque, mais il est plus difficile à éradiquer. La particularité de cette souche est sa résistance à notre antibiotique de référence pour le traitement de la gonorrhée (céphalosporine de 3e génération). L’OMS s’en inquiétait dès juin 2012, tout comme le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) ».
Le Point ajoute que « ces 30 dernières années, les gonocoques ont acquis rapidement des résistances aux antibiotiques à la pénicilline puis à la tétracycline, aux quinolones et enfin aux céphalosporines. En 2013, trois souches résistantes aux céphalosporines ont été recensées. Ce sont ces nouvelles résistances qui inquiètent actuellement la communauté scientifique et que les médecins américains médiatisent à outrance ».
Béatrice Berçot et Emmanuelle Cambau remarquent que « quelques antibiotiques restent encore actifs sur ces souches », Le Point note toutefois que « les recommandations américaines ne sont pas les mêmes que les européennes ». Les deux bactériologistes indiquent ainsi qu’« en Europe, il est préconisé de traiter les patients avec de fortes doses d’antibiotiques par voie injectable, des doses qui sont 2 fois plus élevées qu’aux États-Unis ».
Et concernant le risque de mortalité, les spécialistes précisent que « si l’une des complications d’un gonocoque est la septicémie (1 à 3% des infections non traitées), le risque de défaillance multiviscérale (ou choc septique), lors du passage du gonocoque dans le sang, reste exceptionnel ».
Le Point souligne néanmoins qu’« il faut prendre au sérieux les effets d’un gonocoque. Lorsque la bactérie infecte l’anus, le pharynx et l’utérus, il n’y a pas de symptôme dans 50 à 70% des cas ».
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