La peste noire aurait modifié notre génome

Commentaire de Olivier Soulier.

Publié dans la lettre de Médecine du sens N° 12.

« Nous sommes tous des microbes qui avons réussi » ai je dit un jour dans une conférence. (DVD Les Microbes). Et nos ex petits camarades viennent chaque jour nous tester pour nous confronter et nous améliorer par leur connaissance. Ce qui fait que si chaque microbe est un peu primaire voir simpliste dans son action, il contient aussi en lui et dans son expérience une part de la connaissance du monde. Il est chercheur de solution et porteur d’avancées nouvelles pour l’humanité.

N’est ce pas de la rencontre d’un microbe ( le HERV-W 40) qu’est apparu notre capacité à garder nos oeufs dans le ventre, à les y faire grandir et faire ainsi de nous des mammifères.

Ce même processus de fusion serait aussi impliqué dans des maladies de la non défusion comme la Sclérose en plaque ou la Schizophrénie. Surprenant avec encore une fois les mêmes microbes qui trainent directement ou indirectement.

Chaque microbe nous apporte une nouvelle connaissance. Il est une épreuve qui nous fait grandir en nous apportant une connaissance supplémentaire ou par l’épreuve à dépasser nous permettre d’acquérir de nouvelles connaissances et capacités. 

Je doute que la population de l’Europe ai gouté de ce raisonnement quand la peste noire entre 1347 et 1451 a fait 40 millions de mort soit 40% de la population de l’Europe. Du jamais vu depuis.

Et pourtant elle bouleverse le monde, redistribue les cartes en enrichissant les survivants, en changeant les mentalités. Elle fait sortir du moyen âge et pousse l’Europe dans la Renaissance.

Sa thématique est assez bien reprise par Camus dans son livre «La peste ». Cette humanité figée dans son égoïsme et son indifférence et qui deviens la proie de la peste. Et c’est finalement en étudiant les Roms si difficiles à intégrer que cette découverte à été faite. Roms qui viennent d’Inde.

Cet article parle d’utiliser cela pour soigner; moi je vous propose de comprendre et d’illustrer le rôle des microbes. La peur des microbes apparait bien comme la peur du changement. Essayons plutôt de surfer sur la vague des apprentissages.

L’ARTICLE

La peste noire aurait imprimé sa marque dans le génome humain en favorisant les individus porteurs d’une certaine séquence génétique, conclut une étude publiée dans la revue de l’Académie américaine des sciences (PNAS).

Arrivée par les routes de la soie à Gênes puis à Marseille en 1347, la peste noire extermina un tiers des Européens en moins de cinq ans. Le «fléau des Dieux» terrorisa les populations qui virent en lui la main du diable, des juifs ou des lépreux. Mais il trouvait son origine dans une bactérie: Yersinia pestis, qui n’épargna que les individus les plus résistants.

«Les maladies infectieuses comme la peste ou le choléra ont modelé notre génome au fil des siècles en favorisant certains individus, explique Norbert Gualde, immunologiste à l’université Bordeaux-II. Cette sélection naturelle reste difficile à caractériser, en raison de la variété des agents pathogènes, des brassages génétiques et des échelles de temps en jeu.»

Une équipe internationale a trouvé un moyen de retracer l’impact de la peste noire sur l’ADN des Européens en prenant pour modèle les Roms installés en Roumanie. Ces derniers ont quitté le nord de l’Inde au XIe siècle ; et ils se sont très peu mélangés aux Roumains. Les Roms et les Européens de Roumanie possédaient ainsi des caractéristiques génétiques bien distinctes lorsqu’ils furent exposés à la grande pandémie.

Comment leurs génomes ont-ils évolué depuis? Les chercheurs ont scruté l’ADN de trois populations actuelles: les Roumains d’origine européenne, les Roumains d’origine indienne ainsi que 500 individus du nord de l’Inde. Ils ont vérifié que, mille ans après s’être séparés, les deux groupes de Roms partageaient toujours le même patrimoine génétique. À l’exception d’une vingtaine de gènes, qui n’existent que chez les Roms et les Européens de Roumanie.

Récepteurs membranaires

Localisés sur le chromosome 4, trois d’entre eux sont particulièrement intéressants. Ils produisent des récepteurs membranaires, les «TLR», qui se fixent sur les bactéries pathogènes et déclenchent une réaction immunitaire. En testant la réactivité de ces récepteurs sur Yersinia pestis, les chercheurs ont constaté que la séquence qu’ils venaient d’identifier était la plus efficace.

En favorisant la survie des individus porteurs de cette séquence génétique, la peste noire aurait ainsi exercé une très forte pression de sélection sur le génome des Européens dans toutes les régions frappées par la pandémie. Hypothèse soutenue par le fait que les populations indiennes, chinoises ou africaines – qui n’ont jamais été exposées à une épidémie de peste aussi virulente – ne possèdent pas cette séquence.

Pour la confirmer, «il faudra s’assurer que ces observations n’ont été causées, ni par des brassages exogames entre les Roms et les Européens, ni par d’autres maladies infectieuses, souligne Lluis Quintana-Murci, généticien des populations au CNRS et à l’Institut Pasteur. L’approche n’en reste pas moins originale et très astucieuse. Elle s’inscrit dans une voie de recherche en plein essor, qui, un jour, permettra peut-être de soigner des groupes d’individus en fonction de leurs génomes.»