La dépression a un rôle majeur dans l’incapacité au travail des malades atteints de lupus

Commentaire. Cet article pose un lien entre lupus (maladie auto immune) et dépression. 

Il l’aborde sous l’angle de traiter la dépression pour rendre le patient plus productif.

En réalité la dépression fait partie du processus de cette maladie.

Le Lupus vient parler d’un très fort transgénérationnel, avec des conséquences en cascades sur les générations suivantes, d’un vécu des parents et de grand parents. Cela parle de perte de statut social, perte de valeur, perte de place, perte d’un parent. Tout cela a impacté une génération au point d’affecter profondément les générations suivantes. Au fur et à mesure des générations, la mémoire du conflit peut s’inscrire dans le corps tout en tentant de s’atténuer au niveau de la souffrance psychique par une forme d’oubli et de déni (assez spécifique des maladies auto immunes).

Dans le Lupus, nous voyons apparaitre des éruptions en loup autour des yeux, comme les masques de vénitiens au carnaval. Ces masques permettaient de pouvoir être en relation malgré les statuts sociaux issus de l’histoire. Surprenant mimétisme.

 

L’ARTICLE :

Être atteint d’un lupus érythémateux disséminé (LED) a des répercussions  importantes sur la vie professionnelle et familiale. Une étude américaine récente s’est penchée plus en détail sur les conséquences de la maladie à cet égard : elle a recruté 496 malades atteints de LED, issus de 6 centres médicaux différents aux USA, pour les soumettre à un questionnaire sur le travail et les tâches domestiques qu’ils remplissaient. Leur rhumatologue traitant complétait le questionnaire sur l’histoire de la maladie.

Chaque patient était comparé à deux contrôles sans LED ou polyarthrite rhumatoïde, de même sexe qu’eux et approximativement du même âge. Au total, 344 malades  (69 %)  ayant complété le questionnaire et 323 contrôles  ont pu être inclus.

Les scores moyens de douleur, de fatigue  (évaluée grâce au score Functionnal Assessment of Chronic Illness Therapy), de fonction cognitive (Brief Cognitive Symptoms Index ; BCSI)  et de symptômes dépressifs (Center for Epidemiologic Studies Depression Scale Short Form) étaient plus mauvais chez les malades lupiques en incapacité de travail (p < 0,01).

Une incapacité au travail était plus fréquente chez les sujets afro américains, plus âgés (51-65) et de moindre éducation (moins de 4 ans d’enseignement secondaire), p < 0,01).

Une meilleure productivité était associée à des niveaux de douleur et de fatigue plus faibles, un meilleur score au  BCSI et négativement corrélée aux symptômes dépressifs (p <  0,05).

Inversement, douleur et fatigue plus intenses étaient associées à un absentéisme accru (p < 0,05)

Les sujets ayant un travail exigeant sur le plan physique et cognitif avaient plus souvent une diminution de productivité  que les témoins sur des postes semblables (échelle de 0 à 100, 100 = performance maximale 77 % vs 85 % , p < 0,05 et 75 vs 85, p < 0,001 respectivement).

Les malades ayant des emplois exigeants sur le plan cognitif avaient un taux plus élevé d’absentéisme que les témoins   (33,3 vs 39,1 heures hebdomadaires, p < 0,05) et étaient plus souvent arrêtés pour maladie sur un mois (2,3 vs 0,4 jours d’arrêt, p < 0,05).

Les patients avaient plus souvent une pension d’invalidité que les contrôles  (41 % vs 4 %, p <  0,05) et les périodes sans travail étaient plus longues chez les malades que chez les contrôles (7,2 ans, vs 2,2 ans, p < 0,05).

Le caractère transversal de cette étude en est la limitation majeure.

Les auteurs estiment que l’employabilité des malades pourrait être améliorée en partie en  traitant leurs symptômes dépressifs.

Dr Juliette Lasoudris-Laloux

Références

Utset TO et coll. : Work disability, lost productivity and associated risk factors in patients diagnosed with systemic lupus erythematosus.

Lupus Sci Med 2015;2:e000058. doi:10.1136/lupus-2014-000058.

http://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/la_depression_a_un_role_majeur_dans_lincapacite_au_travail_des_malades_atteints_de_lupus_153461/document_actu_med.phtml

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 79