Injections intra-lésionnelles d’interféron dans la maladie de La Peyronie, quels résultats ?
Commentaire de Olivier Soulier.
Publié dans la lettre de Médecine du sens n° 12.
Encore une maladie qui aurait une origine auto immune.
Maladie d’automutilation, d’auto castration, j’en parlerai l’année prochaine en détail en faisant un séminaire spécifique Gynécologie Andrologie. Vous serez prévenus.
Maladie de la castration de soi et de son propre désir.
Comment ne pas penser au mot de Dolto. «Le seul pêcher est de pêcher contre le désir».
Les malades de La Peyronie préfèrent refuser leur désir, et le retourner contre eux même.
A suivre.
L’ARTICLE
La maladie de La Peyronie (MLP), décrite en 1743 par François Gigot de La Peyronie, premier chirurgien de Louis XV, est caractérisée par une induration plastique de l’albuginée des corps caverneux de la verge ; survenant surtout entre 40 et 60 ans, elle associe habituellement une courbure pénienne, une inflammation et des douleurs, qui retentissent sur la vie sexuelle. Non traitée, elle évolue vers une aggravation de l’incurvation. Parmi les nombreux traitements proposés, les injections intra-lésionnelles (IIL) sont les plus performantes ; les auteurs américains ont utilisé l’interféron-α2B (IFN) dont ils ont évalué l’efficacité en fonction de la précocité du traitement tout en essayant de déterminer les facteurs prédictifs de réussite.
Ils ont repris les dossiers des patients traités par cette méthode dans leur centre, et ont estimé la taille des plaques par pharmaco-écho-Doppler pré et post-thérapeutique sur verge en érection (injection de prostaglandines) et mesuré l’angulation avec un rapporteur. Ils ont également réalisé le bilan vasculaire d’une éventuelle insuffisance érectile, mesurant le flux artériel diastolique et systolique. Le traitement par IFN a été réservé aux angulations < 90°, sans troubles érectiles réfractaires aux inhibiteurs de la 5-diphospho-estérase (IPD). Les IIL ont été réalisées 2 fois/semaine à la dose de 2 millions d’unités d’IFN dans 10 cm3 de sérum salé.
De 2001 à 2012, 105 patients ont reçu 12 IL et 22 en ont reçu 24 ; un traitement oral de la MLP avait été entrepris chez 61 sujets (45 prenant des IPD). La courbure moyenne était de 42°, 70 % des plaques étant dorsales, et une insuffisance vasculaire associée a été notée chez 89 (70 %) des sujets.
Un succès (amélioration de ≥ 20 % de la courbure pénienne) a été obtenu chez 68 (54 %) patients, sans modification significative de l’insuffisance vasculaire. Ce sont les incurvations les moins importantes (< 30°) qui semblent réagir le mieux, alors que l’ancienneté de la MLP, l’âge (encore que l’angulation augmente avec lui), le siège de la plaque, et le nombre d’IIL sont sans influence sur le résultat.
Les injections intra-lésionnelles d’interféron-α2B améliorent significativement l’angulation de la verge sans modifier les facteurs vasculaires. Le résultat ne dépend pas de l’ancienneté de la maladie au moment du traitement.
Dr Jean-Fred Warlin
Références
Trost LW et coll. : Outcomes of intralesional interferon-α2B for the treatment of Peyronie disease. J Urol., 2013; 190: 2194-2199.
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