Être père change le cerveau

Commentaire. 

Paternité. Nous avons souvent parlé des pères et de la paternité.

Voilà que la paternité change à la fois le cerveau des pères et celui des enfants.

Cet article est déterminant et montre bien le rôle essentiel du père dans le développement de l’enfant, particulièrement dès les tous premiers jours de sa vie et toute son enfance.

Cela bat à brèche de nombreux préjugés sur la prédominance voir l’exclusivité du rôle maternel chez le tout petit.

Mais plus loin imaginons ce qui arrive à un enfant qui n’a pas eu ou pas eu suffisamment de lien avec leur père enfant.

Le fameux « Père manquant, fils manqué » de Guy Corneau, qui était avec nous ce week-end au congrès médecine du sens.

Des bases organiques à ce que nous voyons tous les jours en thérapie.

Et quid des enfants élevés par deux femmes ; c’est donner acte d’une carence de développement.

Plus que jamais un père et une mère sont indispensables. Tout le reste pose problème.

 

L’ARTICLE :

Lorsqu’un jeune homme devient père, son cerveau se met à produire plus de neurones, qui forment le socle de son lien nouveau avec l’enfant.

Le contact avec le nourrisson développe les capacités attentionnelles du père, qui détecte mieux les besoins du petit.

– Le cerveau des bébés et des pères bénéficient l’un et l’autre du lien qui s’établit entre eux.

– Le cerveau d’un père produit des neurones supplémentaires et subit des changements hormonaux après la naissance d’un enfant.

– La présence d’une figure paternelle au début de la vie du bébé pourrait être importante pour le développement ultérieur de comportements équilibrés.

L’année dernière, j’ai fait la connaissance de mon neveu de quatre mois. Pendant le week-end que j’ai passé avec lui à San Diego, je me suis souvent surpris à poser sur lui un regard d’expérimentateur. Je testais ses réflexes plantaires et expliquais, sans qu’on me le demande, pourquoi ses orteils se fléchissaient de telle ou telle façon, ce qui ne me valait qu’une moue désapprobatrice de ma femme et un regard d’incompréhension de la part des parents du petit. J’ai rapidement coupé court à cette leçon et ai repris une conversation normale à propos des bébés.

Ayant fait l’essentiel de ma carrière postdoctorale en neurosciences, j’ai eu l’occasion de me rendre compte à quel point les premières expériences sont importantes pour la santé des bébés animaux. Au cours des premiers jours qui suivent la naissance, le cerveau des bébés est comme une éponge qui absorbe l’environnement sensoriel. Ce qui ne représente, pour nous adultes, que des images ou des odeurs insignifiantes, a un impact différent sur le cerveau des nourrissons, qui cherchent à donner du sens au monde qui les entoure. Toutefois, aussi étonnant que soit le cerveau d’un bébé, au cours de cette visite de famille, ce qui m’a le plus frappé fut la transformation de mon beau-frère, âgé de 26 ans, son père.

Pour moi, Jack a toujours été le petit frère de ma femme. La première fois que je l’ai rencontré, c’était un garçon immature de 19 ans, grand et maigre, qui s’était engagé dans la marine dès sa sortie du lycée. Ayant fait deux guerres en Iraq, il avait vu du monde en six ans bien plus que ce que la majeure partie d’entre nous n’en verra jamais, et il nous distrayait souvent avec son répertoire sans fin d’incroyables histoires de marins. Mais en quelques mois à peine, il avait renoncé définitivement à la mer et était devenu un nouveau père très investi.

Bien que Jack ait servi en Iraq, élever son fils sera sans aucun doute le plus grand défi qu’il aura à relever. Pour lui, les choses sont en train de changer du tout au tout. Non seulement il sera financièrement et légalement responsable de son enfant pour les quelque 20 années à venir, mais il tissera et entretiendra un lien émotionnel inaliénable avec son enfant. Car dans les premiers jours qui suivent la naissance d’un enfant, des changements se produisent dans le cerveau du père et celui du bébé. Aujourd’hui, les scientifiques commencent à dessiner un portrait neuronal du lien père enfant. À la fin du week-end, j’avais compris que Jack commençait à accepter sa nouvelle identité. Une transformation s’opérait dans son cerveau.

Comprendre la paternité

Mais sur quoi reposent les sentiments paternels ? À première vue, le lien de paternité ne ressemble en rien à la connexion d’une mère avec son enfant. Pendant les neuf mois de la grossesse, l’ocytocine et d’autres…

 

Brian Mossop est docteur en ingénierie biomédicale et journaliste scientifique à San Francisco.

Du même auteur

– Cerveau sous tension

– Cerveau sous tension

http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-etre-pere-change-le-cerveau-31920.php

 

Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 75