Du porno plein la tête
Commentaire.
Le porno apparait bien ici comme un principe de satisfaction qui s’apparente à toutes les formes de drogue. Plus la satisfaction est facile, plus cela induit une atrophie des systèmes de recherche de la nouveauté et de la créativité. Et pourtant la sexualité est intimement liée à la créativité, mais ici le porno se comporte comme un leurre. Une forme d’aspartame.
Il nous interroge aussi sur toutes les addictions nouvelles que nous propose la société, au même titre que les dévorateurs de sport ou de séries à la télé, ou les surconsommateur d’internet qui devient ici «internénette» ou «internénés».
Avec l’essor de la pornographie sur le réseau Internet, l’accès à des photographies et des films pornographiques s’est banalisé pour des millions de « consommateurs. » Présumant que cet intérêt électif pour des spectacles pornographiques s’apparente à des comportements de quête de la nouveauté et de recherche de la récompense, des chercheurs ont réalisé une étude évaluant l’incidence éventuelle pour le circuit frontostrial du nombre d’heures par semaine consacrées aux sites pornographiques, avec l’hypothèse qu’une altération de ce circuit (impliqué dans la régulation des comportements) pourrait être associée à cette inclination particulière pour le « X. »
Étayée notamment sur l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle et conduite à l’Institut Max Planck pour le Développement Humain de Berlin (Allemagne), cette enquête porte sur 64 hommes (âgés de 21 à 45 ans, en moyenne de 28,9 ± 6,62 ans) sans pathologie psychiatrique ni médicale reconnue (en particulier, les sujets avec des anomalies préexistantes de l’imagerie cérébrale ont été exclus de l’étude). L’analyse volumétrique (mesures morphométriques basées sur les voxels) a permis d’apprécier les volumes de matière grise et le niveau de connectivité fonctionnelle. Cette étude montre une « association négative significative » entre le nombre d’heures consacrées à la fréquentation de la pornographie en ligne et le volume de matière grise dans le noyau caudé droit (p < 0,001). La connectivité fonctionnelle entre le noyau caudé droit et le cortex préfrontal dorsolatéral gauche est aussi « associée négativement » au temps passé sur les sites pornographiques.
Les auteurs estiment que ces phénomènes « reflèteraient des changements dans la plasticité neuronale » résultant eux-mêmes d’une « intense stimulation du système de récompense »[1] (avec une « plus faible modulation descendante des zones corticales préfrontales ») et qu’il pourrait s’agir là d’« une condition préalable rendant plus gratifiant l’intérêt pour la pornographie. »
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_r%C3%A9compense
Dr Alain Cohen
Références
Kühn S & Gallinat J : Brain structure and functional connectivity associated with pornography consumption. The brain on porn. JAMA Psychiatry, 2014 ; 71 : 827–834.
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