« Des virus pour remplacer les antibiotiques »

Commentaire. Ce sont des virus qui attaquent les bactéries. Encore une méthode naturelle, découverte en France dans les années 20, puis oubliée et disparue, voir interdite au profit des antibiotiques et des formidables profits qu’ils représentent. Et la voilà remise au goût du jour. Rendons hommage au Dr Alain BUBLANCHET  pionnier de cette technique en France.

L’ARTICLE :

Soline Roy fait savoir dans Le Figaro qu’« une entreprise française lance un essai clinique de phagothérapie, une piste prometteuse pour soigner les infections sans risque d’antibiorésistance ». La journaliste observe ainsi que « la médecine du futur se cache peut-être dans vos égouts. Présents partout où il y a des bactéries, les bactériophages (ou phages) mènent à celles-ci […] une guerre sans merci ».

Soline Roy rappelle qu’« après quelques succès médicaux au début du XXe siècle contre la dysenterie, le choléra ou la peste bubonique, les phages ont été abandonnés au profit des antibiotiques nouvellement découverts. Dans les pays de l’ancien bloc soviétique, la difficulté de se procurer ces antibiotiques fabriqués à l’Ouest a permis à la phagothérapie de vivre secrètement pendant des années ».

La journaliste remarque que « la recherche occidentale se tourne à nouveau vers les phages. Car ces virus sont de fabuleux tueurs de bactéries : après s’être arrimés à leur cible, ils perforent sa paroi, y injectent leur propre ADN et utilisent celui de leur hôte pour se multiplier. Au bout du processus, la bactérie éclate en libérant 50 à 100 clones du phage originel… lesquels clones partent à la recherche de nouvelles victimes ».

Soline Roy souligne un « immense avantage des phages, chacun ne s’attaque qu’à un type précis de bactérie ; une phagothérapie utilisée contre une infection à staphylocoque doré ne détruira donc que les staphylocoques, en préservant le microbiote naturel du patient. Revers de la médaille, il faut connaître précisément la bactérie qui infecte le patient ».

La journaliste évoque donc cette « première mondiale », indiquant que « l’essai clinique Phagoburn, piloté par l’entreprise française Pherecydes Pharma, a été lancé en septembre et intégrera, à terme, 200 patients ». Jérôme Gabard, PDG de la société, précise que le but est de « tester deux cocktails de bactériophages contre les infections cutanées bactériennes chez les grands brûlés ».

« Les chercheurs espèrent accélérer la disparition de l’infection et la vitesse de cicatrisation, et ont obtenu des résultats extrêmement impressionnants lors d’essais préliminaires menés sur des souris », continue Soline Roy, qui relève que « l’entreprise a déjà composé une belle bibliothèque de phages, essentiellement tirés… de nos eaux sales ». « Reste à les produire dans des conditions de sécurité satisfaisantes pour les autorités sanitaires, et c’est l’un des écueils auxquels se heurte la phagothérapie. […] Produire des cocktails de phages et mettre au point des études cliniques est donc un véritable casse-tête réglementaire. L’impossibilité de breveter le vivant freine aussi les ardeurs des grands laboratoires pharmaceutiques, qui préfèrent miser sur les antibiotiques… », constate la journaliste.

Soline Roy conclut toutefois que « la peur de l’antibiorésistance permettra peut-être d’accélérer la recherche pour disposer enfin d’une arme de seconde ligne là où les antibiotiques ont échoué. Car contrairement aux antibiotiques, […] les phages évoluent sans cesse avec les bactéries ». Dans un autre article, intitulé « Des robots biologiques tueurs de bactéries », Le Figaro relève en outre que « deux chercheurs français ont fondé Eligo Bioscience, une start-up qui vient de réussir à lever 2,4 millions d’euros. Leur but : vaincre les bactéries résistantes aux antibiotiques ».

Le journal explique que « la stratégie envisagée par les deux jeunes docteurs en biologie synthétique est très différente [de la phagothérapie] : il ne s’agit plus d’administrer les virus tels quels, mais d’utiliser simplement leur enveloppe, appelée «capside», pour y placer des ciseaux moléculaires capables de découper l’ADN des bactéries. Toute l’astuce vient du fait que ces ciseaux sont guidés par un petit brin d’ARN que l’on peut changer à l’envi en fonction des microbes visés ». Le Figaro précise que « les deux jeunes scientifiques partent pour le moment dans deux directions : les traitements contre l’acné et contre la maladie de Crohn ».

Date de publication : 04-11-2015

http://www.mediscoop.net/index.php?pageID=977652d7db4bcb6404780dfafed1d9c7&midn=7800&from=newsletter Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 90