Des nourrissons vaccinés contre la grippe…avec des résultats moyens !
Commentaire. Des nourrissons vaccinés contre la grippe…avec des résultats moyens !
L’ARTICLE :
Les enfants de moins de 2 ans sont particulièrement à risque d’être victimes de formes sévères de grippe, en particulier dans les pays en développement. L’OMS recommande à l’échelle mondiale la vaccination des sujets à risque (prématurité, maladie pulmonaire, cardiaque, neuromusculaire). L’efficacité du vaccin varie d’une année à l’autre, selon la parenté antigénique entre les souches vaccinales et celles circulantes et la possibilité de modification de ces souches en cours de saison.
En Thaïlande, le poids de la grippe est considérable, avec une incidence annuelle moyenne de pneumonie de 236/105, et un taux d’hospitalisation pendant la pandémie H1N1 de 2009-2010 de 477/105. Les autorités de santé de ce pays recommandent la vaccination des enfants entre 6 mois et 2 ans, les enfants plus vieux pouvant également vaccinés sur demande. Une équipe thaïlandaise a évalué l’efficacité des vaccins inactivés de 2013 et 2014 à réduire le taux de grippe confirmée biologiquement chez les enfants de 7 à 60 mois. L’étude a pris place au Queen Sirikit National Institute of Child Health (QSNICH) à Bangkok.
Variabilité de l’efficacité du vaccin
Entre septembre 2013 à mai 2015 les enfants vus aux urgences ou hospitalisés avec un syndrome grippal ont été explorés par un test de diagnostic rapide (RIDT, Quick Vue, Quidel, San Diego) avant d’être enrôlés dans l’étude. Ils ont alors eu un frottis nasal et pharyngé à la recherche par PCR des virus grippaux. Le statut vaccinal a été déterminé par les fiches de vaccination. L’efficacité vaccinale a été calculée selon la formule 100 % x (1-odds ratio de la vaccination parmi les cas versus contrôles).
Parmi les 1 377 enfants enrôlés, les sujets atteints de grippe (n = 490) et les contrôles (n = 887) avaient des caractéristiques démographiques similaires. Les premiers avaient reçu moins fréquemment le vaccin (6 %) que les contrôles (14 %) en 2013 (p = 0,02) mais non en 2014 (6 % vs 7 %, p = 0,57). Parmi les sujets atteints, 126 (26 %) étaient infectés par l’influenza A(H1N1)pdm09, 239 (49 %) par l’influenza A(H3N2) et 124 (25%) par l’influenza B.
L’efficacité vaccinale globale contre tous les virus, en cas de vaccination complète, était de 64 % (intervalle de confiance 21 %-84 %) en 2013 et de 26 % (IC -47 %-63 %) en 2014. Cette vaccination avait une efficacité variable selon les souches ; ainsi en 2014, elle était estimée à 64 % contre l’H1N1pdm09, 6 % contre l’A(H3N2) et 23 % contre la souche B (Yamagata).
Ainsi, dans cette étude, l’efficacité vaccinale s’est-elle montrée limitée, variable d’une année sur l’autre, ce qui souligne la nécessité d’un typage annuel pour mieux comprendre l’impact d’un programme de vaccination.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE
Kittikraisak W et coll. : Effectiveness of the 2013 and 2014 Southern Hemisphere Influenza vaccines against laboratory-confirmed influenza in young children using a test-negative design, Bangkok. Thailand. Pediatr Infect Dis J., 2016; 35: e318-e325
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 150