« Des nanoparticules dans nos assiettes »
Commentaire. Des nanoparticules dans nos assiettes.
On nous rabat les oreilles avec les merveilles de la chimie. Et pourtant ces particules sont d’une extrême toxicité. L’industrie ne respecte pas les règles et la plupart du temps leur présence n’apparait pas sur les étiquettes. Qui sait qu’il y en a dans « des biscuits chocolatés de la marque Lu, des chewing-gums Malabar, une conserve de blanquette de veau commercialisée par William-Saurin et un mélange d’épices pour guacamole vendu sous la marque Carrefour ».
Très petites, elles passent dans tous nos organes jusqu’au cerveau du foetus.
L’ARTICLE :
Pierre Le Hir note en effet dans Le Monde qu’« à notre insu, les nanoparticules ont envahi notre environnement quotidien. Présentes dans de multiples produits de consommation courante – crèmes solaires, textiles, articles de sport, carburants, pneus, appareils électroménagers, panneaux solaires, ciments, peintures, vernis, équipements médicaux… –, elles se sont aussi introduites, subrepticement, dans nos assiettes ».
« Sans que le consommateur en soit averti par un étiquetage spécifique, pourtant requis par la réglementation européenne. Et, surtout, sans qu’il se doute des dangers potentiels de ces substances. C’est ce que révèle une enquête de l’association Agir pour l’environnement », indique le journaliste.
Pierre Le Hir relève que « l’association a fait analyser, par le très officiel Laboratoire national de métrologie et d’essais, rattaché au ministère de l’Industrie, 4 produits des plus ordinaires : des biscuits chocolatés de la marque Lu, des chewing-gums Malabar, une conserve de blanquette de veau commercialisée par William-Saurin et un mélange d’épices pour guacamole vendu sous la marque Carrefour ».
« Tous contiennent des nanoparticules, de dioxyde de titane (TiO2) pour les trois premiers échantillons, et de dioxyde de silicium (SiO2) pour le quatrième. Des adjuvants utilisés par les industriels pour blanchir les aliments ou modifier la teinte de leurs colorants, dans le cas du premier ingrédient, et pour fixer l’humidité et empêcher l’agglomération des poudres, dans le cas du second », précise Pierre Le Hir.
Il souligne qu’« on savait déjà que l’industrie agroalimentaire agrémente certaines de ses recettes d’une pincée de nano-éléments pour en améliorer l’aspect, la saveur, la texture ou la conservation. Mais, dénonce Agir pour l’environnement, l’ajout de ces composants à notre menu pose deux problèmes, l’un réglementaire, l’autre sanitaire ».
Le journaliste indique en effet que « d’après les investigations menées par l’association dans les rayons des supermarchés français, aucun produit n’est aujourd’hui étiqueté comme contenant des nanoparticules ».
« Or, depuis décembre 2014, la réglementation européenne exige la mention « nano » sur les denrées alimentaires qui en recèlent. Une obligation dont la mise en œuvre a été retardée, mais qui aurait dû entrer en vigueur en décembre 2015 » », précise Pierre Le Hir.
Le journaliste souligne en outre que « la toxicité des nanomatériaux, pour la santé et pour l’environnement, est encore très mal connue. Leurs dimensions lilliputiennes […] leur confèrent des propriétés physiques, chimiques ou biologiques hors du commun, qu’il s’agisse de résistance, d’élasticité, de conductivité ou de réactivité ».
« Mais, en raison de cette très petite taille, ils peuvent pénétrer dans les poumons ou dans le sang, par inhalation ou par ingestion, et franchir les barrières physiologiques protégeant l’organisme : barrière cutanée, alvéolo-capillaire (isolant les alvéoles pulmonaires des vaisseaux sanguins), hémato-encéphalique (protégeant le cerveau des agents pathogènes du sang), placentaire (séparant les circulations sanguines de la mère et du fœtus)… », continue Pierre Le Hir.
Il souligne que « toute la difficulté vient de ce que les nanomatériaux passent encore à travers les mailles du filet sanitaire européen. En effet, le système d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation Reach ne s’applique qu’aux productions chimiques de plus d’une tonne par an. Sa révision a été demandée par plusieurs pays, mais elle tarde à se concrétiser ».
« Pourtant, dès 2006, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le dioxyde de titane (TiO2 ), même sous forme non nanométrique, comme « cancérigène possible » pour l’homme lorsqu’il est inhalé. Et voilà quelques jours, l’Anses a mis en consultation publique une proposition, soumise à l’Agence européenne des produits chimiques, de classer le TiO2 comme substance cancérogène par inhalation « présumée » », ajoute le journaliste.
Il indique que « face à ces risques, même potentiels, Agir pour l’environnement appelle, en vertu du principe de précaution, à un « moratoire » sur l’incorporation de nanoparticules dans l’alimentation ».
Date de publication : 16 Juin 2016
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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 123