Des liens complexes entre maltraitance et mort subite du nourrisson.

Commentaire. de Olivier Soulier.

Publié dans la lettre de médecine du sens n° 8

Cette étude pourrait s’appeler «l’affreux doute».

Il y a trois fois plus de mort subite du nouveau né chez les enfant signalés pour maltraitance.

On peut alors voir deux aspects ; ceux qui décéderaient directement des mauvais traitements et qui «apparaitraient» comme des MSN, mais aussi ceux qui souffrant trop de mauvais traitement psychologiques ou physiques décideraient de «tirer leur révérence « ou de fuir dans la mort comme seule solution à l’insupportable.

Il faut aussi considérer tous les enfants qui malgré la bonne volonté, ou simplement par inconscience des parents se retrouvent de même dans des souffrances insupportables.

Sujet délicat s’il en est, mais le voile se lève un peu à a fois.

L’ARTICLE :

La mort subite inattendue du nourrisson (MSIN) a des étiologies diverses. Plus de la moitié des cas entrent dans le cadre du syndrome de mort subite (SMS) ou Sudden Infant Death Syndrome (SIDS) dont le diagnostic ne peut être accepté qu’après une autopsie complète, une enquête sur les lieux du décès et l’analyse des antécédents médicaux. Les certificats de décès peuvent encore comporter, dans 14 % des cas, la mention accident de suffocation ou de strangulation dans le lit, ce qui vient ajouter à la confusion. Enfin, environ 30 % des décès sont notés comme de cause non spécifique.

Après des campagnes de prévention portant en particulier sur la position de couchage, la fréquence du SMS a diminué de façon substantielle mais depuis plus d’une décennie, le nombre de SMS ne baisse plus. Or certaines études aux résultats contradictoires ont suggéré un lien entre maltraitance et risque de mort subite.

Ceci a conduit les auteurs à mettre en place, en Californie, une étude prospective sur tous les enfants nés entre 1999 et 2006 : à 1 an,  il y avait 4 299 642 enfants vivants et 2 093 décès post-natals étiquetés MSIN étaient survenus. Les codes diagnostiques ont permis de regrouper sous la rubrique MSIN, les SMS, causes non spécifiées et accidents de suffocation et strangulation. Les diagnostics de MSIN ont été croisés avec les données des signalements aux services de protection de l’enfance, pour maltraitance avant 1 an. Diverses informations ont été également collectées : sexe, ethnie, prématurité, poids de naissance, âge maternel, vie en couple, intervalle entre les naissances, surveillance de la grossesse et statut socioéconomique. Cependant, il n’y avait pas de données sur le mode de couchage, le tabagisme passif et l’alcool.

Parmi les enfants décédés de MSIN, 16,6 % avaient été signalés comme victimes de maltraitance contre 4,9 % des enfants vivants à 1 an (P<0,001). Le rôle significatif (P<0,001)   des facteurs de risque habituels de MSIN a été retrouvé : augmentation du risque pour les enfants afro-américains et indiens, les petits poids de naissance (risque x 2,5), les enfants issus de grossesses mal suivies et en cas de couverture par des assurances publiques. Après ajustement selon les différents facteurs de risque, le taux de MSIN est apparu plus de 3 fois plus élevé chez les enfants qui avaient fait l’objet d’un signalement pour possible maltraitance (Hazard Ratio : 3,22 ; intervalle de confiance à 95 % : 2,66-3,67).

Ainsi y aurait-il un risque accru de mort subite pour les nourrissons signalés comme victimes de maltraitance.

Pr Jean-Jacques Baudon

Références

Putman-Horstein E et coll. : A prospective study of sudden unexpected infant death after reported maltreatment. J Pediatr., 2014; 164: 142-8

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