Dépression : les formes durables et progressives associées au risque de démence

Commentaire. Alice Miller nous parlait de la dépression comme l’incapacité à remettre en cause les souffrances de notre enfance. «L’art de se leurrer».

Cet article nous dit que plus la dépression est profonde, plus le risque de démence est important. Traduisons. Plus les problèmes et les souffrances issus de l’enfance sont importants, et surtout impossible à remettre en cause, plus le risque de démence est important. C’est si logique. Bien sûr, il faut accepter de relire l’histoire autrement et de réaliser que l’enfant, au départ, va bien et que la vie peut le mettre en difficulté. 

Rajoutons à cela que des années de dépression, c’est aussi des années de tranquillisants et nous connaissons leur rôle sur le risque de démence.

 

 

L’ARTICLE :

Si la dépression en général n’est pas associée à un risque accru de démence, les formes progressives sur plusieurs années pourraient en revanche être annonciatrices de la survenue d’une démence. C’est ce que montre une étude parue dans The Lancet psychiatry

Si le lien entre épisode de dépression tardive et démence a été largement exploré, les données manquent sur le risque de survenue d’une démence chez des patients ayant connu une dépression au long cours avec ses phases de rémission et de rechutes.

C’est pourquoi des chercheurs ont revisité ce lien chez des patients souffrant de dépression sur une dizaine d’années. Ces personnes, à 60% des femmes, étaient âgées de 75 ans en moyenne et étaient originaires de Rotterdam aux Pays-Bas. Elles présentaient des symptômes dépressifs au moins au cours d’une visite de suivi entre 1993–95, 1997–99 ou 2002–04 mais aucun symptôme de démence.

Les auteurs ont distingué cinq trajectoires de dépression suivies par ces patients sur onze ans : symptômes légers, symptômes modérés à sévères mais à court terme, symptômes évoluant en sévérité puis rémission et enfin symptômes en progression régulière sur plusieurs années. Ils ont ensuite calculé le risque de démence pour ces différentes trajectoires selon deux modèles, l’un ajusté sur le sexe et l’âge uniquement, l’autre ajusté sur le statut APOEɛ4, le niveau d’éducation, l’indice de masse corporelle, le tabagisme, la consommation d’alcool, le score cognitif, l’usage d’antidépresseurs et l’état de santé au moment de l’inclusion.

Leurs résultats montrent que seules celles manifestant des symptômes dépressifs au long cours et en progression régulière en terme d’intensité ont un risque accru de survenue de démence par la suite.

Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]

Référence : Saira Saeed Mirza et al.

10-year trajectories of depressive symptoms and risk of dementia: a population-based study

The Lancet Psychiatry online first 2016

[Retrouvez l’abstract en ligne] 

Date de publication : 6 Mai 2016

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Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 117