De moindres performances physiques en cas de carence en vitamine D, même après réadaptation cardiaque

Les qualités pléiotropiques de la vitamine D lui confèrent des actions multiples dans le corps humain : de la régulation du calcium et du phosphore dans la minéralisation osseuse, elle étend son rôle au niveau neuromusculaire, cardiovasculaire et immunitaire. Or, la carence en vitamine D est une situation fréquente (environ 36 % en France) et des études antérieures lui associent un effet néfaste sur les performances physiques. Pour autant qu’en est-il quant aux capacités physiques et d’endurance ? Une équipe toulousaine a cherché à déterminer le lien entre le niveau de vitamine D (25OHD) et la performance physique d’une part, et avec le gain de performance d’autre part après réadaptation cardiovasculaire.

Outre la mesure de la 25OHD avec un seuil de carence retenu à 20 ng/ml, la condition physique a été évaluée par un test de 6 minutes (6MWD) en pourcentage de la valeur normale prédite (calculée relativement à l’âge, à la taille, au poids et au sexe), et par la puissance maximale en Watts atteinte à partir d’un test sur cycloergomètre (Pmax).

Cent trente et un patients ont été inclus de janvier 2013 à juillet 2015, avec toutes pathologies cardiaques confondues (cardiomyopathie ischémique, dilatée, valvulaire, et insuffisance cardiaque congestive), et une proportion de 37 % (n = 48) déficients en 25OHD. Les patients présentant une carence en vitamine D avaient un test de 6 minutes initial moins favorable (82 ± 18 vs 89 ± 12 % du prévisionnel, p = 0,009) et une Pmax plus basse (100 ± 58 vs 120±39 W, P = 0,006). Après réadaptation à l’effort, cette différence se maintenait : l’amélioration des variables mesurées était significativement plus faible avec une carence.

En conclusion, la carence en vitamine D peut être associée à une déficience de la forme physique et à un gain de condition physique plus faible lors d’une réadaptation à l’effort. Cet effet peut s’expliquer par l’action de la vitamine D sur le muscle, et notamment sur la modulation et le maintien des cellules cardiaques via un récepteur spécifique. Néanmoins, si l’on considère la validité externe de l’étude, des questions demeurent car un certains nombre d’essais, bien que minoritaires, n’ont pas retrouvé d’amélioration des capacités fonctionnelles avec supplémentation en vitamine D.

Anne-Céline Rigaud

Référence

Ucay O et coll. : Vitamin D deficiency related to physical capacity during cardiac rehabilitation. Ann Phys and Rehab Med., 2017; 60: 2-5. doi: 10.1016/j.rehab.2016.01.012.

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