De la transmission intergénérationnelle de l’anxiété
Commentaire. C’est un des mécanismes majeurs de somatisation. Cette transmission n’a rien de génétique. L’article nous dit : « les enfants et les adolescents apprennent les comportements anxieux en observant leurs parents. ».
Après tout, l’enfant pense au départ que l’attitude du parent est la meilleure possible et a tendance à l’adopter. A défaut par amour il ne s’autorisera pas à la contester, voir prendra en charge son parent conscient de sa souffrance.
L’ARTICLE :
Avec environ une personne sur trois concernée dans le monde au moins une fois dans sa vie, les troubles anxieux constituent la problématique psychiatrique la plus commune, et son retentissement « personnel, financier et social » s’avère considérable, rappelle The American Journal of Psychiatry. Si ces troubles commencent souvent de façon précoce (en moyenne dès l’âge de 11 ans), et si la transmission de l’anxiété au sein des familles est un phénomène bien connu, les mécanismes essentiels de cette reconduction entre parents et enfants demeurent mal compris.
Fruit d’une collaboration entre des équipes de plusieurs pays (États-Unis, Royaume-Uni et Suède), une étude réalisée sur 385 familles de jumeaux monozygotes et sur 486 familles de jumeaux dizygotes vise à départager le rôle des facteurs génétiques et des facteurs d’environnement dans la transmission préférentielle (plutôt génétique ou culturelle ?) des troubles anxieux d’une génération à la suivante.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser a priori sur l’éventualité d’une forme d’atavisme dans la perpétuation « organique » de l’anxiété, l’exploitation de ces données et leur modélisation mettent en exergue la « place significative » de la transmission culturelle d’une génération à l’autre et n’apporte en revanche « aucune preuve d’un déterminisme génétique » dans le partage intergénérationnel des troubles anxieux.
Les auteurs précisent que ces conclusions sont « en phase avec les théories neurodéveloppementales de l’anxiété » suggérant que « les enfants et les adolescents apprennent les comportements anxieux en observant leurs parents. » Ce constat est en fait plutôt rassurant, car il permet de croire à l’efficacité possible d’une action thérapeutique ou éducative pour casser la pérennisation des références « culturelles » à l’angoisse au fil des générations, alors qu’un déterminisme génétique laisserait évidemment une marge de manœuvre bien plus étroite pour lutter contre cette reproduction transgénérationnelle des comportements anxieux.
Dr Alain Cohen
Référence
Eley TC et coll. : The intergenerational transmission of anxiety: a children-of-twins study. Am J Psychiatry, 2015 ; 172 : 7 : 630–637.
http://www.jim.fr/medecine/actualites/medicale/e-docs/de_la_transmission_intergenerationnelle_de_lanxiete__153657/document_actu_med.phtml
Article paru dans la Lettre Médecine du Sens n° 79