De la maltraitance dans l’enfance à l’inflammation chronique

Commentaire d’Olivier Soulier.

Lettre de la Médecine du sens N° 20

Quelle logique dans tout cela ? Ce qui est surtout important c’est que ces liens commencent à être mis en évidence, à la fois dans leur mécanisme et dans leur existence. Maltraiter un enfant le rend malade à l’âge adulte.

L’inflammation parle de colère. Ses facteurs sont la C réactive protéine, le fibrinogène, les cytokines.

L’ARTICLE : DE LA MALTRAITANCE DANS L’ENFANCE À L’INFLAMMATION CHRONIQUE 

Phénomène tristement commun sur toute la planète, la maltraitance des enfants est associée à plusieurs maladies à l’âge adulte, notamment « le diabète, l’obésité et les troubles mentaux », et l’existence possible d’un contexte inflammatoire a été postulée pour expliquer la médiation de cette relation a priori surprenante.

Fruit d’une collaboration entre des équipes de Porto Alegre, São Paulo (Brésil) et San Antonio (Texas, États-Unis), pour s’efforcer d’approfondir cette association présumée entre une maltraitance dans l’enfance et la présence de marqueurs du processus inflammatoire à l’âge adulte, une méta-analyse a été consacrée à la recherche documentaire sur ce thème. Dans les bases de données médicales (PubMed, ISI, EMBASE et PsychINFO), les auteurs ont croisé les mots-clefs relatifs d’une part à la maltraitance dans l’enfance (« maltraitance infantile », « traumatisme précoce », « stress précoce », « stress psychologique », « stress émotionnel », « abus dans l’enfance », « négligence envers les enfants ») et, d’autre part, aux phénomènes inflammatoires (« protéine C réactive », « facteur de nécrose tumorale », « cytokines », « interleukine », « inflammatoire », « inflammation »).

Les auteurs constatent que des antécédents de maltraitance dans l’enfance sont « associés à une augmentation des niveaux de protéine C réactive, de fibrinogène et de cytokines pro-inflammatoires. » L’augmentation du niveau de protéine C réactive chez les personnes avec antécédents de maltraitance infantile constitue le résultat « le plus robuste » des études sur ce sujet. Mais les données précises sur les médiateurs impliqués dans les phénomènes inflammatoires demeurent encore « peu nombreuses et peu consistantes. »

Les auteurs confirment donc une « association entre une maltraitance dans la petite enfance et un état inflammatoire chronique, indépendant des comorbidités cliniques. » Cependant, les études se révèlent « hétérogènes en ce qui concerne l’évaluation et la définition » de la maltraitance dans l’enfance, et il faudrait des « améliorations méthodologiques importantes » pour mieux comprendre « l’impact éventuel de la maltraitance infantile sur la réponse inflammatoire. »

Dr Alain Cohen

Références

Coelho R et coll.: Childhood maltreatment and inflammatory markers: a systematic review. Acta Psychiatr Scand., 2014: 129: 180–192.

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