De la caféine très tôt pour les grands prématurés

Commentaire :

Nous avons ces derniers temps publié plusieurs articles sur les effets positifs du café.

https://www.lessymboles.com/cafe-et-risque-cardiovasculaire-une-analyse-bien-tassee/

https://www.lessymboles.com/le-cafe-stimule-la-memoire-visuelle-selon-une-etude/

https://www.lessymboles.com/boire-du-cafe-avec-moderation-est-bon-pour-la-sante/

Voila que le café, ou plutôt la caféine, son principal composant est positif et sauve des prématurés.

Et si nous reprenons le rôle « anti fusion » du café, cela ouvre des pistes importantes de compréhension.

L’ARTICLE : DE LA CAFÉINE TRÈS TÔT POUR LES GRANDS PRÉMATURÉS 

La caféine chez les prématurés de très petit poids de naissance réduit la durée de la ventilation artificielle, diminue l’incidence de la dysplasie broncho-pulmonaire (DBP) et améliore le développement psychomoteur à court terme. L’âge en jours auquel elle doit être prescrite reste à déterminer.

Une étude multicentrique américaine a utilisé pour le préciser une vaste base de données des centres de soins intensifs concernant la période allant de 1997 à 2010. Ont été retenus les nouveau-nés qui avaient reçu de la caféine pendant l’hospitalisation, avaient un poids de naissance inférieur à 1 500g, avec une admission le 1er jour de vie. Ceux qui avaient eu d’autres xanthines et ceux décédés au cours des 3 premiers jours ont été exclus. Les enfants ont été classés en deux catégories : administration précoce avant J3 et tardive à partir de J3.

En tout, 54 707 enfants entraient dans les critères d’inclusion mais pour réduire les biais et les nombreux facteurs de confusion, l’analyse statistique a utilisé un score de propension qui a permis d’apparier au sein des deux groupes-avant et après J3- les nouveau-nés selon les facteurs de risque, dans une proportion 1/1. Ainsi, 29 070 (53 %) enfants ont pu être étudiés, comparables notamment par l’âge gestationnel (AG) et le poids. Dans le groupe caféine précoce, le médicament a été administré en moyenne le 1er jour (n = 14 535), dans le tardif (n=14 535) en moyenne à J11.

Aucune différence dans les fréquences d’entérocolite ulcéro-nécrosante n’a été constatée. En revanche, l’incidence des complications neurologiques a été moindre dans le groupe caféine précoce : hémorragie intra-ventriculaire (P < 0,001), leucomalacie péri-ventriculaire (P = 0,001), de même que l’incidence des rétinopathies (P < 0,001). La fréquence des DBP chez les survivants était plus faible (23,1 % vs 30,7 %, Odds Ratio [OR] 0,68, P < 0,001). Le groupe caféine précoce a été ventilé moins longtemps (différence 6 jours, P < 0,001) et a reçu moins de support respiratoire à 36 SA. De surcroît, la fréquence du canal artériel nécessitant un traitement a été moindre (OR 0,6). Le groupe caféine précoce a eu une perte de poids initiale plus marquée mais cette différence n’existait plus à J28. En définitive, ce groupe précoce a eu une mortalité plus élevée (4,5 % vs 3,7 %, OR 1,23 IC 1,05-1,43). Cependant ce risque de mortalité accrue ne s’observait que pour les prématurés d’AG < 24 SA et n’était pas constaté au-delà. Dans l’ensemble, dans le groupe caféine précoce, 3 681 (27,6 %) sont décédés ou ont développé une DBP, contre 4 591 (34 %) dans le groupe caféine tardive (OR 0,74 IC 0,69-0,80). Sur la totalité de la cohorte initiale, le taux de prescription de caféine a augmenté de 43 % en 1999 à 73 % en 2010.

En conclusion, l’utilisation précoce de caféine a diminué de façon substantielle l’incidence des complications de la prématurité. Chez les très grands prématurés, un essai randomisé serait nécessaire.

Pr Jean-Jacques Baudon

Références

Dobson NR et coll. : Trends in caffeine use and association between clinical outcomes and timing of therapy in very low birth weight infants. J Pediatr., 2014;164: 992-8

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