Contraception et thrombophilie : le DIU au lévonorgestrel semble une bonne solution.

COMMENTAIRE DE OLIVIER SOULIER

Publié dans la lettre de Médecine du sens n°5

LE REFUS DE GROSSESSE ET LES PHLEBITES SONT LIES ET DONNENT DES RISQUES DE MORBIDITE ET DE MORTALITE

Cet article énonce dans sa première phrase une idée très intéressante. Les femmes qui ont une tendance à phlébites ont une plus grande mortalité et davantage de maladies dans les grossesses non désirées.

Plus exactement les grossesses non désirées donnent plus de maladies et de mortalité.

Cela introduit l’idée que quand vous ne désirez pas un enfant cela vous rend plus malade et peut même vous tuer.

Et les femmes les plus exposées à ce risque sont celles qui ont un terrain à phlébite. Pour nous cela représente une forte non utilisation de ses dons et une dévalorisation, souvent dans leur féminité.

Vu comme cela ce lien est très logique. «Je ne me crois pas capable, je n’accepte pas la vie et la force en moi et quand elle vient malgré tout cela me rend malade». Evident non ?.

L’ARTICLE

Chez les femmes thrombophiliques et/ou ayant des antécédents de maladie veineuse thromboembolique (MVTE), il est important de prévenir les grossesses non désirées, sources d’une plus grande morbi-mortalité sur ce terrain, à l’aide d’une contraception sure et efficace. Mais on dispose de peu d’options en la matière pour cette population de patientes. L’Organisation mondiale de la santé considère que les contraceptifs progestatifs et les dispositifs intra-utérins (DIU) au cuivre sont à cet égard des méthodes « acceptables ».  On sait toutefois que ce type de DIU peut augmenter les saignements menstruels et le risque d’anémie, ce qui peut poser problème chez les femmes sous anticoagulant. Qu’en est-il des DIU libérant du lévonorgestrel (DIU-LNG) qui sont proposés en cas de règles abondantes ? C’est à cette question que répond une étude prospective de cohorte menée sur 33 femmes âgées de 18 à 45 ans, qui toutes présentaient une thrombophilie et/ou des antécédents de MVTE.

Les participantes ne souhaitaient pas de grossesse dans les 5 ans à venir et n’avaient pas pris de contraception orale pendant au moins 2 mois. Elles ont été réparties en deux groupes selon qu’elles prenaient un anticoagulant oral (ACO ; n = 16) ou non (n = 17). Des échantillons sanguins ont été collectés avant l’insertion du DIU-LNG puis 6 et 12 mois après.

Les résultats mettent en évidence, chez les femmes sous ACO, une prise de poids (+ 3,9 %)et une augmentation de l’indice de masse corporelle (+ 3,8 %) significatives, alors que ces deux paramètres ont diminué dans le groupe sans ACO. En revanche, le taux d’hémoglobine et l’hématocrite ont suivi une augmentation similaire, d’environ10 % dans les deux groupes. Cet effet est lié à la réduction du flux menstruel induite par le DIU.

En ce qui concerne les phénomènes hémorragiques, les données de l’étude sont rassurantes puisque on ne retrouve pas de différence significative entre les  deux groupes. Durant les 6 mois qui ont suivi l’insertion du DIU-LNG, les règles ont été peu fréquentes (≤ 2 épisodes de saignements ou de spotting en 90 jours) dans les deux cas pour 53 % des femmes sous ACO et 41,2 % dans le groupe sans ACO.

À 12 mois, les taux d’aménorrhée (absence d’épisodes de saignements ou de spotting en 90 jours) étaient de 41,2 % dans les deux groupes. Enfin, qu’elles soient ou non sous ACO, aucune des participantes n’a eu de saignements prolongés ni d’évènement thromboembolique durant les 12 mois de l’étude.

Certes, cette étude a été réalisée sur un échantillon de petite taille, mais ses auteurs soulignent qu’il s’agit, à ce jour, de la plus grande série à ce jour où l’association entre ACO et le DIU-LNG a été évaluée chez des patientes avec thrombophilie et/ou antécédents de MVTE.

Dr Catherine Faber

Braga GC et coll. : Oral anticoagulant therapy does not modify the bleeding pattern associated with the levonorgestrel-releasing intrauterine system in women with thrombophilia and/or a history of thrombosis. Contraception. 2014 ; 89 : 48-53.

http://www.jim.fr/medecin/21_gyneco/e-docs/00/02/2C/80/document_actu_med.phtml